« Trop c’est trop », c’est l’impression vraiment qui se dégage de l’attitude des autorités militaires burkinabè face aux attaques terroristes répétitives qui ne cessent de s’accroître malgré les stratégies élaborées et déployées par l’État sous le couvert d’une révolution toujours en quête de ses marques. Depuis l’accession au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, il y a maintenant sept mois, assortie d’un ultimatum de trois mois qu’il avait fixé pour éradiquer l’hydre terroriste, un triste constat s’impose au pays des hommes intègres : près de la moitié du territoire national soit plus de 40% demeure sous contrôle des terroristes.
Cette situation est malaisée pour la junte militaire Burkinabè, d’autant plus que des mesures ont été prises dans la perspective de la reconquête de l’intégrité du territoire, en jouant sur la fibre supposée du nouvel esprit révolutionnaire ressuscité par l’homme fort de Ouaga. C’est donc face à ce sentiment d’impuissance, révélateur d’un échec à mi-parcours de la junte militaire Burkinabè, quant à sa volonté de faire mieux que l’équipe du colonel Damiba en exterminant le terrorisme que ce jeudi 13 Avril 2023 la « mobilisation générale » a été décrétée afin de « donner à l’État tous les moyens nécessaires » pour atteindre l’objectif principal de la junte au pouvoir, voire l’essence de son existence au sommet du Faso.
Cette décision permettra d’accroître la marge de manœuvre des autorités de la transition afin que ses dernières puissent prendre des mesures exceptionnelles sur toute l’étendue du territoire conformément à un cadre juridique qui les couvrirait. Déjà dans un Etat d’exception du fait du caractère du régime, le Burkinabè pourraient être soumis à des mesures plus drastiques telles que la réquisition des biens, des personnes et la restriction de mouvement déjà en vigueur grignotant continuellement les libertés d’expression et de réunion sur l’ensemble du territoire.
Cette nouvelle décision de la junte militaire Burkinabè s’inscrit toujours dans l’optique de trouver une solution par la force des armes et renforce du coup la stratégie du tout militaire, c’est donc une déclinaison plus prononcée des mesures déjà en vigueur.
« Face à la situation sécuritaire à laquelle fait face le Burkina Faso, le salut de la nation repose sur un sursaut national de l’ensemble des filles et des fils du pays en vue de trouver une solution », indique le ministre d’État, ministre de la Défense et des Anciens combattants, le colonel-major Kassoum Coulibaly. Visiblement, l’enrôlement de certains burkinabè dans l’armée depuis le 17 décembre 2022, des volontaires pour la défense de la Patrie (VDP) n’a pas été à la hauteur des attentes des populations qui vivent toujours dans la hantise des attaques terroristes.
Aussi, les retombées de cette « stratégie du tout militaire » ne sont évidemment pas satisfaisantes et mettent en évidence l’impérieuse nécessité d’une stratégie globale interne et externe pouvant intégrer une coopération sous régionale voire internationale pour éradiquer le terrorisme ensemble, à l’égard des multiples mobilisations nationales qui prennent désormais des allures de populisme.
Mais, le danger qui guette la junte militaire Burkinabè est de succomber au piège de l’usure, car si la situation reste inchangée durant une période plus longue les populations elles aussi tomberont des nues et réclameront sûrement un autre coup d’État, dans un pays où malheureusement cette pratique d’irruption prétorienne de l’armée tend à s’inscrire dans les mœurs politiques.
ABOUBACAR SOUMAÏLA