Le dialogue est l’arme des forts dit-on. Cette assertion cadre parfaitement avec la stratégie de règlement de conflits adoptée par le président Mohamed Bazoum depuis son accession à la magistrature suprême du Niger, il y a de cela deux ans. Pour les esprits faibles, incapables de véritable introspection sur eux-mêmes et imbus de leur propre personne, le dialogue est un aveu d’impuissance, voire une preuve de capitulation face à l’adversaire.
Ce n’est pas le président Mohamed Bazoum qui pourra succomber à cette tare de la personnalité, d’autant plus que son itinéraire d’homme politique est intimement lié à son passé syndical glorieux, plein d’expériences, qui l’amène à mieux appréhender les crises entre les gouvernants et les gouvernés.
Les démarches de résolution de conflits menées avec brio et d’intelligence par le président Mohamed Bazoum vont toutes dans le sens des propos pleins de sagesse de Kwasi Wiredu, lorsque ce dernier affirme que « le véritable dialogue » suppose la reconnaissance d’une certaine égalité morale de toutes les parties concernées. En ce sens, le dialogue présuppose le respect de « l’autre ». Ce respect fait défaut aussi bien dans les têtes que dans les cœurs de certains partenaires en « discussion ».
Pour mieux amorcer un processus de dialogue réussi, il faut développer l’empathie, qualité qui permet de se mettre à la place de l’autre, tout en abandonnant le côté sombre de sa personnalité et même de ses actions macabres. En effet, en demeurant dans une posture revancharde, on réduit à néant les chances d’aboutir à un compromis aujourd’hui résumé par l’expression partenariat « gagnant-gagnant ».
C’est pourquoi, au grand étonnement de certains de ses concitoyens, qui n’avaient pas perçu la profondeur de la sagesse qui sous-tendait son action, le président Mohamed Bazoum a décidé à la grande surprise de l’opinion, de la libération des « terroristes présumés » en vue d’ouvrir le dialogue et même annoncer la libération de plusieurs autres détenus au Niger.
Cette décision, une première au Niger avait suscité une véritable levée de boucliers au sein de l’opposition politique et de certains activistes de la société civile, qui avaient perçu dans cette démarche une parfaite incohérence avec la lutte contre le terrorisme. Et pourtant, personne ne s’interroge sur les avantages obtenus par le Niger suite à ce compromis majeur.
Ces mesures ont sûrement facilité les pourparlers avec les groupes armés terroristes, lors de la libération de certains otages récemment. Certes, de telles démarches peuvent paraître incompréhensibles voire indécentes pour ceux dont le logiciel de lutte contre le terrorisme est uniquement axé sur l’extermination systématique de ces derniers, en privilégiant uniquement le tout militaire.
Autour de nous, les voisins, comme le Mali ou le Burkina Faso qui l’ont installé dans leur système de lutte contre le terrorisme peinent encore de toute évidence à le vaincre. Ce système a besoin pour être performant de l’apport de nouveaux logiciels à l’ancien, renforçant ainsi l’aspect militaire de la lutte par le dialogue et la politique notamment, cela le président Mohamed Bazoum l’a très tôt compris et réellement implémenté.
« J’ai identifié neuf chefs terroristes. On m’a conseillé de libérer des prisonniers que j’ai directement reçus (après leur libération) au palais de la présidence parce que je cherche la paix ». Et de renchérir « Je ne ménage aucun moyen. J’ai libéré sept à huit personnes détenues dans les prisons de Kollo (Sud), de Koutoukalé (prison de haute sécurité) et j’ai plein d’émissaires dans toutes les zones (…) j’ai essayé des réconciliations dans les villages, je me débrouille comme je peux ». C’est aussi cette disposition d’esprit de dialogue qui a caractérisé le président Mohamed Bazoum lors de la fronde sociale, heureusement dissipée grâce à ses qualités de leadership, en misant sur l’écoute et le compromis.
Aussi, le 5 Mai 2022, le président Mohamed Bazoum a décidé d’une rencontre avec les représentants des centrales syndicales représentatives du Niger. Cette rencontre avait pour but d’écouter ces leaders syndicaux en vue d’amorcer les règlements des conflits sociaux de concert avec eux.
Bien évidemment, cette offre pleine de considération émanant de la plus haute autorité du pays a été perçue par ces syndicalistes comme une véritable marque de respect à l’égard de l’ensemble des travailleurs du Niger. Au sortir de cette rencontre pleine de convivialité, le président Mohamed Bazoum a pris le ferme engagement de renouer périodiquement avec de telle rencontre annuelle voire extraordinaires pour un partenariat sincère avec les acteurs sociaux.
Il a ensuite donné des instructions en vue de l’examen des protocoles d’accords en souffrances, plus particulièrement celui en lien avec le dossier des incidences financières liées aux avancements et reclassements.
Au plan politique, le dialogue prôné par le président Mohamed Bazoum a permis de redynamiser le conseil national de dialogue politique (CNDP), en permettant le retour des partis politiques en désaccord avec les règles qui régissent le jeu démocratique au Niger.
Le retour de la quiétude sur l’échiquier politique national du Niger est à inscrire au crédit des autorités nigériennes et en particulier du président Mohamed Bazoum qui n’a pas lésiné sur les moyens pour parvenir à la décrispation politique. Face à une telle ouverture du président de la République, même les plus sceptiques des syndicalistes, des politiques sont obligés de s’incliner devant l’humilité dont a fait montre le président Mohamed Bazoum en édulcorant leur discours jadis au vitriol, afin de prendre pleinement part à la construction d’une Nation nigérienne, désormais résolue à trouver des solutions à ses crise par les vertus du dialogue.
On ne change pas une stratégie gagnante, du moins on peut l’améliorer, c’est pourquoi l’option du dialogue devra être au cœur de toutes méthode de résolution de conflits sous la présidence de Mohamed Bazoum durant le restant de son quinquennat.
ABOUBACAR SOUMAÏLA