L’observatoire nigérien indépendant pour l’éthique et la déontologie (ONIMED), CAP-Niger Médias,
Reporters sans frontières et la section Transparency internationale du Niger expriment leurs
inquiétudes, manifestent solidarité et demandent la libération immédiate de deux journalistes
nigériens Ousmane Toudou et Soumana Idrissa Maiga interpellés dans l’exercice de leur noble
mission d’informer. Dans un contexte de haute manipulation de l’information, le travail des
journalistes professionnels est indispensable sinon pour vital pour tout citoyen du monde.
Des journalistes, les premières victimes de la manipulation d’un cocktail d’événements sensibles et
explosifs !
Deux journalistes nigériens ont été certainement les premières victimes de quelques éléments
explosifs très bien justifiés par un cocktail d’événements ayant vite enflammé l’actualité politique
nigérienne et dégradé en même temps la situation de la liberté de la presse au Niger. Et ce, après le
débat sur l’expulsion fin Décembre des 1500 soldats français du Niger (1), le nouveau débat encore
explosif nourri et marqué par la dénonciation de l’accord militaire avec les États-Unis d’Amérique (2),
le changement de ton des dirigeants du front patriotique pour la souveraineté (FPS), une structure de
la société civile se réclamant le statut d’indispensable et à même de donner des injonctions au
conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), l’organe dirigeant des militaires au pouvoir à
Niamey depuis le 26 Juillet 2023 (4), le débat sur la procédure de levée d’immunité présidentielle du
président renversé Mohamed Bazoum devant la cour d’État et l’affaire mise en délibéré pour le 10 Mai prochain , l’acquisition d’une importante quantité du matériel militaire très sophistiqué et de
celui de la défense aérienne en provenance de la Russie l6), ainsi que l’arrivée à Niamey des
instructeurs militaires Russes sous la haute instruction du président Vladimir Poutine (7) et enfin,
l’effet de la grande campagne communicationnelle sur la situation du président déchu Mohamed
Bazoum (8) sont autant d’éléments d’un cocktail d’événements sensibles voire explosifs sur la scène
politique nigérienne dans un contexte aussi d’insécurité ayant largement contribué à la crispation de
l’atmosphère sociopolitique, depuis la fin du Ramadan qui a signé également la rupture, aussi bien du
jeun de méditation et de purification des fidèles musulmans que la trêve de la guéguerre politique
entre les forces opposées au Niger sur l’arène politique très bouillante mais silencieusement.
Une situation préoccupante de deux journalistes interpellés et des interrogations !
Au Niger, c’est la situation ambiguïté de deux journalistes interpellés à Niamey qui préoccupe
l’opinion nationale et suscite de grandes interrogations et des inquiétudes chez beaucoup de
citoyens et d’observateurs de la politique. D’autant plus que le rôle joué par la presse dans
l’informatique, la formation et l’émergence de l’esprit du citoyen modèle nigérien a été capital
depuis l’avènement de la démocratie au Niger.
Des journalistes victimes collatérales ?
C’est dans ce contexte du cocktail d’événements explosifs ayant fortement dégradé la vie politique
cité ci-dessus qu’Ousmane Toudou et Soumana Idrissa Maiga, tous deux, des journalistes bien
expérimentés de la scène politique nigérienne ont été interpellés dans l’exercice de leur métier. Mais
l’inquiétude du monde de la presse nigérienne et des défenseurs des droits de l’homme réside dans
les circonstances de leur interpellation, surtout que ces deux journalistes ont déjà été privés de leur
liberté de mouvement, contrairement aux dispositions de l’ordonnance N°035 du 4 Juin 2010, la loi
sur la liberté de la presse au Niger.
Si pour Ousmane Toudou interpellé et gardé à la gendarmerie nationale depuis une semaine sans
que les motifs ne soient encore connus des confrères, quant à Soumana Idrissa Maiga, des
témoignages proches de la presse font état d’une affaire « d’atteinte à la sûreté de l’Etat par voie de
presse » sur la base d’un article évoquant l’idée d’espionnage, citant un article du Figaro, un média
français. Un grave chef d’accusation tiré de la loi antiterroriste du Niger mais encore jamais appliqué
à un journaliste nigérien.
L’autre raison de l’inquiétude de la presse nigérienne réside également dans le fait qu’aussi
paradoxal que cela puisse paraître, jamais la presse nigérienne n’a été assez inquiétée dans l’exercice
de sa mission, à la suite d’un coup d’Etat militaire. Et d’ailleurs, pour être honnête, la presse
nigérienne avait réussi à obtenir la plupart de ses acquis de liberté de ton et de commentaire
curieusement au cours des régimes militaires, malgré quelques conflits souvent d’intérêts qui se
terminent dans la médiation. Ainsi, même l’ordonnance N°035-2010 du 4 Juin 2010 dite de la
« déprisonnalisation » des journalistes pour cause de délit par voie de presse a été signée des mains
d’un président militaire, le Général Salou Djibo, pour ne pas le nommer.
Certes le Niger, un régime d’exception dans une période d’exception depuis le 26 Juillet 2023 !
La situation sécuritaire même qui a déjà justifié le coup d’Etat militaire du 26 Juillet 2023 reste
toujours une préoccupation majeure et le cas de deux confrères journalistes aujourd’hui interpellés
n’en demeure pas moins une autre. En pareilles circonstances, l’idéal serait de « fédérer » sinon de
« confédérer » les forces politiques à l’image de la confédération de l’alliance des États du Sahel déjà
scellée entre les dirigeants du Sahel Central et qui n’appelle aujourd’hui qu’à vite mutualiser les
expériences plutôt qu’à les gaspiller dans des conflits nuisibles à la société Africaine.
Ainsi, dans les deux cas, la situation de nos deux confrères demeure inquiétante et le cadre d’action
pour la presse (CAP Média Niger), un collectif des journalistes se dit préoccupé et demande au
conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) leur libération immédiate et sans condition.
Un collectif encore en gestation et dont l’avènement remonte seulement au lendemain du coup
d’État du 26 Juillet 2023, dans une volonté clairement exprimée d’évincer et de supplanter la Maison
de la presse du Niger, le plus important cadre de défense de la presse nigérienne regroupant la
plupart des organisations socioprofessionnelles des médias.
Ainsi les journalistes, les autres défenseurs des droits de l’homme et les observateurs de la scène
politique nigérienne en appellent tout simplement au respect des dispositions pertinentes des
dispositions la loi sur la liberté de presse au Niger, ainsi que la procédure relevant d’une telle
législation pour éviter de compliquer outre mesure la situation déjà difficile de deux confrères. L’on
espère qu’un juge va les entendre aujourd’hui lundi 29 Avril pour clarifier leur situation juridique.
MOUSSA NAGANOU