Le scrutin référendaire pour une nouvelle constitution au Mali sous la férule du colonel Assimi Goita ce 18 Juin 2023 a enfin eu lieu au pays de Soundiata Keita. Assimi Goita a réussi son pari d’organiser un scrutin référendaire dans une incertitude totale confirmée malheureusement sur le terrain.
Un terrain qui a dévoilé également ses dures réalités déjà perçues comme un véritable secret de polichinelle pour les observateurs avertis de la vie politique du Mali, depuis l’avènement de la junte militaire au pouvoir. Le Mali est en effet demeuré divisé profondément ente le Nord, le Centre et le Sud, une partition qui s’est profondément enracinée dans les esprits.
Le concept de « trois Mali » en est devenu une réalité pour les responsables de Kidal, qui ont maille à partir avec les locataires de Kati, en exprimant leur rejet de la constitution qui fait table rase des accords d’Alger. Le Centre du Mali dominé par la Catiba de Macina d’Ahmadou Koufa devenu un « no man’s Land total », en dehors de l’emprise de Bamako.
Reste le Sud du pays, en principe d’obédience du pouvoir de Kati et de Bamako mais divisé par le contenu de la constitution, notamment sur le terme très contesté de « laïcité ». Les grands marabouts de ce pays ont entouré le concept de laïcité de beaucoup de suspicions et rejeté surtout son appartenance au monde occidental considéré comme la boîte de Pandore de leurs malheurs.
Ils auraient préféré le terme « multiconfessionnel » plus adapté aux réalités maliennes, selon eux, à « ce prêt-à-penser » que serait le concept de laïcité. Mais Assimi Goita a fait fi de leur revendication, en entraînant fatalement la division et le rejet de la constitution d’une partie du camp de Bamako, plus proche de lui et censé être de son propre camp.
Ces multiples rejets de la constitution assortis de l’emprise réelle de l’insécurité, notamment au Centre du pays se sont reflétés sur l’engouement pour ce scrutin référendaire dont la participation sur le terrain, selon des observateurs est un échec. Les jours à venir nous livreront certainement les résultats officiels marqués fort probablement par la victoire du « Oui ».
Ce sera aussi la confirmation d’un début de partition du pays, tant tous les ingrédients sont déjà présents à l’état de germes pour favoriser, voire renforcer la division du Mali. Bien entendu que la force qui probablement sera au cœur de la stratégie de la junte militaire malienne ne fera que rendre béantes les plaies qui pourrissent déjà les communautés au Mali.
Ce scrutin référendaire vient certainement de sonner le glas à la capacité de la junte militaire de recouvrer l’intégrité territoriale, mais surtout d’exacerber la division entre les maliens. Le Mali est à la croisée des chemins de son histoire politique et tend inexorablement vers une dictature mais qui ne concernera que le Sud du pays, car les deux autres entités du Centre et du Nord continueront encore d’être régentées par des groupes armés et d’échapper ainsi au contrôle de Bamako.
ABOUBACAR SOUMAÏLA