La date du référendum constitutionnel au Mali est désormais fixée pour le 18 Juin 2023, après celle du 19 Mars devenue caduque, du fait de l’insécurité grandissante dans plusieurs régions du pays et surtout à l’incapacité de l’organe en charge des élections à déployer ses agents sur toute l’étendue du territoire malien.
Toutefois, entre le 19 Mars 2023 à ce jour, la situation sécuritaire n’a pas connu une amélioration remarquable à même permettre de déployer réellement des opérations de scrutin. Pire, au Nord du pays, les mouvements rebelles sont montés au créneau pour dénoncer selon eux le non-respect des Accords d’Alger par les autorités maliennes en menaçant de reprendre les armes.
Face à cette escalade de violence exacerbée par la montée en puissance des terroristes de l’état islamique au grand Sahara (IEGS) et le cas de Kidal dont la direction échappe de fait à l’autorité centrale de Bamako, il est légitime aujourd’hui encore de se demander comment pourrait-on organiser ce référendum qui constitue tout de même un jalon nécessaire, sinon le socle de l’architecture institutionnelle pour le retour des civils au pouvoir.
La junte militaire malienne s’est-elle embarquée encore dans un autre véritable déni de réalité ? D’autant que la fixation d’une telle date a surpris les acteurs et suscite des interrogations légitimes chez de nombreux observateurs avertis de la situation sécuritaire de ce pays?
Tout en attendant, l’effet de la baguette magique entre les mains du colonel Assimi Goita qui va réussir à sécuriser l’ensemble du Mali dans les semaines à venir, comme promis, il est à craindre qu’un jeu de diversion continue ne se cache derrière un autre report de la date du 18 Juin, qui voile les yeux sur la réalité. Ce qui porterait fatalement un coup dur à la crédibilité de la junte militaire à tenir ses promesses.
Vraisemblablement, c’est l’effet d’entraînement de l’exemple du Tchad, cette autre junte militaire qui a fixé la date de son référendum au 19 Novembre 2023, qui aurait visiblement motivé une telle décision similaire au Mali. Sauf que comparaison n’est pas raison, et le Tchad ne vit pas une crise sécuritaire de l’envergure du Mali.
Mais même le Tchad qui vit des conditions sociopolitiques plus calmes que le Mali mais avec sa part de violence tout de même a fixé une date plus éloignée pour tenir compte des difficultés éventuelles d’un déroulement des opérations de vote. Parce qu’il n’est jamais aisé d’organiser des élections même lorsque les multiples acteurs accordent leurs violons, à fortiori lorsque ceux-ci sont à couteaux tirés au Mali, quand même ils ne se battent pas à mort dans tous les coins et recoins du pays de Modibo Keïta.
MOUSSA NAGANOU