Depuis l’avènement des relations internationales modernes en 1468, avec le Traité de Westphalie, inaugurant ainsi l’existence des États-Nations, l’Afrique a été et se considère elle-même, comme une victime plutôt qu’une partie prenante dans la politique internationale.
Les Européens, suite aux traités qui ont mis fin aux guerres de différentes natures entre les empires et royaumes, ont pu développer le système de l’Etat nation et par extension créer un système de relations internationales. Les traités les plus notoires sont ceux de Westphalie (1468) ; Utrecht (1474) ; Vienne (1864) et celui de Versailles (1919) qui met fin à la Première Guerre mondiale
Les Occidentaux, dans leur quête de dominer et de faire prévaloir leur civilisation sur les autres qu’ils qualifient de « barbares » ou primitifs, font du Système International et la pratique de la diplomatie européenne un héritage de l’Humanité. Bien qu’ils fassent référence à titre historique dans la littérature sur la Politique Internationale, à la diplomatie des formations politiques antiques (babylonienne, chinoise, égyptienne) et au système musulman, ils considèrent toujours le Traité de Westphalie de 1468 comme le point de départ de la création des Etats nations et aussi le fondement de la pratique de la diplomatie. Cette conception européocentrique du Système International et de la diplomatie vise implicitement à effacer ou à nier la contribution des continents asiatique et africain à la diplomatie moderne.
Les Etats nations africains, selon la vision européenne, peuvent être considérés en retard par rapport aux autres Etats sur d’autres continents. Ce retard provient certainement par le manque d’un système politique propre à l’Afrique. Les leaders africains dépendent fortement de l’aide provenant de l’Occident pour fonctionner leur administration voire même organiser des élections. En plus, ces leaders politiques ne peuvent même pas informer leurs populations à travers leurs propres médias. Et Pourtant, la propagation des informations en faveur d’un Etat est un outil très important de la mise en œuvre de la diplomatie. Les informations que propagent les médias occidentaux sont de nature à dégrader l’image des pays africains. La British Broadcast Cooperation (BBC), la Voice of America (VOA), la Deutsch Wēller (DW), la Radio France Internationale (RFI) et France 24 sont des sources d’information par excellence pour la population africaine y inclus les ruraux. Ces media occidentaux émettent leur propre en langues africaines qui leur permettent de bien leur faire parvenir des messages propagandistes.
La carence en production des œuvres historiques par les Africains, leur enseignement dans les écoles et surtout le retard en sciences et techniques, lourd tribut de l’héritage colonial, constituent un frein au système politique en Afrique. L’organisation politique et le système politico-administratif tirent leur source des systèmes imposés pendant la colonisation : l’Occident reste encore le continent des « lumières » pour l’Afrique. Les Africains doivent, en plus de choisir quelques pratiques politiques occidentales, revenir aux héritages précoloniaux qui constituent leur racine afin de bien gérer leurs Etats respectifs. La colonisation de l’Afrique a fait remplacer les Etats précoloniaux par les modèles occidentaux et en même temps, a aussi doté les peuples d’une forme d’administration, d’éducation, d’alimentation, en un mot d’une civilisation qui leur est exogène. Les leaders politiques ont aussi besoin de repenser les modes de développement tout en puisant dans la civilisation africaine, riche et diversifiée.
Les leaders politiques comme le reste de la population africaine doivent regarder dans le rétroviseur de l’histoire pour mieux assimiler les liens qu’a entretenus l’Afrique avec les autres continents s’ils veulent donner de l’espoir à leur postérité. Les premiers contacts de l’Afrique avec les continents asiatique et européen, respectivement, ont été dominés par l’exploitation de l’homme par l’homme c’est-à-dire l’esclavage. Quelques rares pays ont commencé à prendre des initiatives pour africaniser l’héritage culturel légué par l’Occident. Le Rwanda adopte le Swahili comme une de ses langues officielles. La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est entend faire du Swahili une langue officielle. Le Nigéria, dans la réforme de son secteur éducatif vient d’intégrer l’usage des langues nationales (Igbo, Hausa et Yoruba) dans l’enseignement des sciences et techniques dans les écoles primaires et secondaires. Des livres des Sciences et Techniques destinés à l’enseignement sont déjà traduits en langue Hausa au niveau de l’Université Ado Bayero de Kano.
La globalisation et l’hégémonie occidentale sous le leadership américain n’est récente, surtout en ce qui concerne l’Afrique. Elle a été en pratique depuis plus de trois (3) siècles sur de différents labels : l’esclavage, la colonisation, la recolonisation…
L’esclavage, aussi connu du Commerce Triangulaire car il se pratiquait entre les trois continent Europe – Afrique – Amérique, a volé à l’Afrique des millions de ses habitants. Ces Africains arrachés de leur bercail ont travaillé dans des plantations en Amérique pour satisfaire les Européens en produits agricoles. Le XIXe siècle qui a vu l’invention des machines a mis fin à l’esclavage. Il fallait chercher des marchés et aussi les matières primaires. Une fois de plus. les Européens se tournent vers les autres continents y compris l’Afrique. L’exploitation de l’Afrique continue ; mais cette fois ci sur le sol africain. La colonisation est lancée.
La rivalité entre les Superpuissances du XXe Siècle, le Japon, l’Allemagne, la Russie, la Grande Bretagne et les États-Unis, a engendré deux grandes guerres dévastatrices qualifiées de Guerres Mondiales. L’esclavage et surtout le pillage des ressources naturelles de l’Afrique et de l’Asie ont permis à certains États nations occidentaux de bâtir des puissances militaires importantes. Ces États ont alors opté pour des confrontations armées pour pouvoir s’imposer.
Les deux Guerres Mondiales avec la majorité de batailles sur le continent européen ont favorisé les États-Unis qui n’a pas vu ses moyens de production détruits. A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis et ses alliés européens forment d’un côté, une Superpuissance et d’un autre côté, la Russie et ses voisins en forment une autre. L’environnement politique internationale est alors qualifié de Bipolaire. L’Ouest est constitué des États Unis et ses alliés et, l’Est de la Russie et les siens.
La société supranationale c’est-à-dire la communauté internationale a connu une stabilité relative pendant toute la période du système bipolaire. De 1945 à 1989, les deux Superpuissances ont pu gérer leurs différends malgré les guerres par procuration qui les a indirectement opposées. L’Afrique qui a été colonisée par les États occidentaux s’est bien penchée vers la pôle Ouest. Les pays africains, bien qu’ils se disent Non Alignés, se sont toujours alignés derrière leurs colonisateurs respectifs dans la prise de décision au niveau des Nations Unies. Cette période du bipolarisme est aussi qualifiée de la Guerre Froide car les deux Superpuissances étaient indirectement en guerre sans mener des batailles elles-mêmes. Plusieurs traités, relatifs à la course à l’armement, ont été signés pour cadrer cette guerre froide. Le bipolarisme prend fin en 1989 par l’écroulement du Mur de Berlin. Ce mur qui divisait l’Allemagne en deux, et marque de frontière entre les deux Superpuissances, est significatif dans les Relations Internationales. La fin de bipolarisme coïncide aussi avec la désintégration de l’Union des Républiques Socialistes et Soviétiques. L’Ouest se dit alors victorieux et son leader, les États-Unis commence une campagne de domination mondiale. Les experts des Relations Internationales parlent alors de la période de l’hégémonie américaine.
Pendant les trois dernières décennies, les États-Unis ont été Maître, pour ne pas dire gendarme de la planète terre. Son Chef d’État est considéré du premier leader mondial. Les pays récalcitrants à la volonté hégémonique américaine sont soit asphyxiés par des sanctions économiques comme le cas de l’Iran ou de la Corée du Nord, ou soit carrément envahis, tels que l’Afghanistan ou l’Irak. Mais l’outil le plus redoutable usé par le Gendarme de la Globalisation/l’Ordre Mondial Liberal est le Pouvoir Discret (Puissance Douce)…. A lire, la suite demain.
Dr. Mohammed D. UMATE
Spécialiste des Relations Internationales,