« La folie, c’est de faire la même chose et s’attendre à un résultat
différent ». Cette célèbre citation de Einstein semble avoir inspiré
l’Elysée dans sa nouvelle lancée vers la reconquête de ses territoires
perdus en Afrique et sa position chancelante dans l’opinion publique du
continent où son influence est carrément rejetée, au point de faire de la
Métropole la boîte de Pandore de tous les maux qui ont conduit ces pays
à un véritable désastre.
Certes, ce revirement dans la stratégie française s’est imposé de force à
ses dirigeants par ses nombreuses « couleuvres » qu’ils ont dû avaler
lors des ravages causés par les « révolutions » au Sahel, où de
nouveaux leaders fort téméraires ont entrepris de faire sortir leurs
peuples de l’emprise de la France sur toutes les politiques publiques
dont les rênes devraient être tenus en principe par les nationaux. C’est
fort de cette situation qui a fait suite à de nombreux dénis de réalité de
l’Elysée, portés principalement par l’aveuglement de Macron à restaurer
de gré ou de force un ordre ancien désormais devenu obsolète que la
sagesse s’est subitement emparée d’une partie de l’intelligentsia de ce
pays, en initiant ainsi des réflexions approfondies sur l’état de
déliquescence de la position lamentable de la Métropole sur son pré-
carré.
Entre autres officines mises en place par l’Elysée figure la cellule de
réflexion sur la reconquête de l’Afrique, pilotée par monsieur Borel dont
les conclusions assorties de recommandations pertinentes devront servir
de nouvelles bases d’orientations stratégiques afin de redonner à la
France sa gloire légendaire qui la faisait rayonner sur le continent
africain. Sans être dans le secret des dieux de la nouvelle politique
française, on peut relever un point capital au cœur de cette crise qui a
noyé la réputation de la France en Afrique, notamment au Sahel.
Il s’agit de la présence militaire française décriée de nos jours par les
générations actuelles, qui l’assimilent à une armée d’occupation dont le
rôle est uniquement de protéger des pantins totalement acquis à la
cause de Paris. Ce qui est absolument exact.
Ainsi, l’Elysée envisagerait de réduire de façon drastique le nombre de
militaires dans ses différentes bases en Afrique dont celle de la Côte
d’Ivoire qui paraît la plus imposante. La présence militaire française va
désormais se cacher derrière les armées « des pays amis » pour de se
maintenir en « obsolescence voulue et guidée » pour manœuvrer dans
la discrétion, le silence et la ruse tactique.
L’armée française passerait en ce moment d’une présence « soft »
contrairement à la présence « hard » plus visible et susceptible de
susciter encore des levées de boucliers sur le continent. Au fond, le
changement se portera sur l’aspect quantitatif de la présence militaire
française tout en maintenant la même philosophie, c’est à dire celle de la
domination des Etats par des dirigeants voués à la cause de la
Métropole.
Au plan des affaires, la France étudie aussi avec beaucoup de sérieux la
mise en place d’une stratégie de reconquête des marchés africains
aujourd’hui devenus la convoitise de pays émergents à l’instar de l’Inde,
la Turquie, la Chine et surtout du redoutable « ennemi » russe qui sème
la terreur dans le sommeil de tous les occidentaux. Le monde est en
pleine mutation et ceux qui négligent l’établissement progressif et
irréversible de ce « grand renversement » risquent de pécher par orgueil,
au même moment où les Etats les plus avertis cherchent à s’y adapter.
C’est pourquoi, la confédération de l’AES dont Paris ne peut faire
l’économie dans sa volonté de reconquête devra aussi mettre sur place
des cellules de réflexions sur des questions essentielles de
développement afin que des stratégies adéquates puissent permettre à
ses dirigeants de mieux anticiper les velléités de recolonisation des
espaces perdus par l’hégémonie française. C’est aussi bien l’impératif de
survie et l’urgence de travailler sur cet état de fait qui doivent guider les
dirigeants militaires de la confédération de l’AES à prendre à bras le
corps cette réalité tangible sous les yeux.
ABOUBACAR SOUMAILA