Le président Ali Bongo, après avoir relayé au trône Omar Bongo, son père décédé, il y a passé 14 ans au pouvoir et vient encore de confirmer sa candidature aux élections présidentielles du 26 Août 2023. « J’annonce officiellement aujourd’hui que je suis candidat» à l’élection présidentielle, a-t-il affirmé de vive voix devant des centaines de partisans qui scandaient « Ali Président ! Ali Président ! », dans un discours diffusé en direct sur Twitter, dans la Zone Économique Spéciale (ZES) de Nkok, près de la capitale Libreville.
La famille Bongo est aux commandes du pays depuis le 2 Décembre 1967 avec la prise du pouvoir par Omar Bongo, qui décédé le 8 Juin 2009, sera succédé par son fils Ali Bongo qui à ce jour a déjà passé 14 années à la tête du Gabon. Cela fait exactement 55 ans de règne, sans partage des Bongo qui ont transformé aujourd’hui le Gabon d’une République sur papier aux allures d’une dynastie face à une opposition divisée et une communauté internationale dont les appréciations changent, selon ses intérêts en confirmant ainsi l’idée d’une appréciation à géométrie variable.
Les Bongo ont réussi à créer une spécificité à la gabonaise et fait sortir le pays des Etats normaux caractérisés par une alternance démocratique, malgré les contestations qui ont toujours entaché les élections depuis maintenant plusieurs décennies. Certes, comparaison n’est pas raison, mais le Sénégal par exemple dont l’idée de 3è mandant a suscité de vives réactions tant au plan national qu’international n’est pas à comparer au pays d’Ali Bongo qui a réussi à incruster dans l’inconscient de nombreux gabonais et les observateurs de la vie politique africaine l’idée selon laquelle ce pays est devenu de fait une dynastie dont on doit s’en accommoder.
L’idée même de combattre Ali Bongo paraît saugrenue et mobilise très peu ces « nombreuses armées » de démocrates qui prennent d’assaut les réseaux sociaux, en vue d’imposer une alternance dans ce pays tant la mobilisation de l’opposition gabonaise inexistante n’est pas encourageante. La candidature d’Ali Bongo devra être entérinée par un Congrès d’investiture, une formalité de pure forme, d’autant plus que les militants du très puissant parti (PDG) avaient supplié leur mentor de briguer un 3è mandat, sans état d’âme.
C’est face à une opposition qui cherche en vain ses marques que vient se concrétiser la dynastie des Bongo, malgré les violences qui ont émaillé les élections de 2016 considérées par l’opposition comme étant « une élection truquée » et surtout l’état de santé vacillant d’Ali Bongo suite à un AVC en octobre 2018 qui aurait pu l’éloigner du pouvoir. Ainsi, en Afrique si la démocratie est devenue un mot d’ordre, un véritable label à imposer aux pays, certains États ont marqué leurs distances vis à vis d’un tel impératif à l’exemple du Tchad, du Togo, du Congo Brazzaville comme au Gabon qui devront être acceptés comme des exceptions confinant uniquement la démocratie à la simple tenue des élections (des démocraties électoralistes) dont les dérives autoritaires sont totalement ignorées par les instances promotrices de l’alternance et toute autre valeur démocratique.
ABOUBACAR SOUMAÏLA