La rupture est désormais consommée entre l’imam Dicko et le régime du colonel Assimi Goïta. C’est du moins la conclusion tirée par plusieurs observateurs après que les partisans de l’influent prédicateur ont été gazés le samedi dernier (14 janvier 2023) par les forces du maintien de l’ordre de Goïta. Ceux-ci s’étaient, en effet, rassemblés, ce jour-là, à l’aéroport de Bamako, pour l’accueil de leur idole de retour de l’Arabie Saoudite. Pour l’instant, on ne note aucune réaction de l’imam Dicko sur cet événement, tout de même les deux camps, à savoir les partisans du prédicateur, d’un côté, et les soutiens de l’homme fort de Kati, de l’autre, se sont lancés des invectives via les réseaux sociaux.
Cette altercation intervient au même moment où certaines voix s’élèvent ouvertement réclamant l’alignement du colonel Assimi Goïta à la prochaine élection présidentielle. Cela s’apparente à un test pour certainement jauger de l’équilibre des forces en présence, en prélude à une éventuelle confrontation entre les deux hommes quand sonnera l’heure de vérité. L’heure de vérité, ce sera le top départ du dépôt des candidatures à la présidentielle malienne. Qui peut alors empêcher à l’imperturbable imam de dire son mot si le Colonel de Kati venait à céder aux chants des sirènes de son camp ?
A moins d’une surprise, on ne voit pas l’imam Dicko apporter sa caution à un Goïta qu’il avait intelligemment accusé, en mai dernier, d’avoir conduit le Mali dans sa situation actuelle. N’est-ce pas comme cela qu’il faut qualifier sa prise de position lorsqu’il avait fustigé « l’arrogance » des autorités militaires maliennes et « l’orgueil » de la communauté internationale ?
Iman Dicko versus Assimi Goïta ! Ce duel dont l’affiche est apparue avec la « révolution du palais » (second putsch) du 24 mai 2021 ne va pas tarder à se jouer, le chronogramme des élections étant à présent connu. Certes, la popularité de « l’Autorité Morale » de l’insurrection qui a fait partir le régime d’Ibrahim Boubacar Keita n’est plus à son niveau d’août 2020, mais il faut le dire : il garde toujours une emprise sur des milliers d’hommes et des femmes prêts à mourir pour sa cause. En atteste la mobilisation gigantesque, lors de son accueil le samedi 14 janvier 2023.
Un autre atout en sa faveur : le bilan très très mitigé des « kakicrates » de Kati et de leurs mercenaires de Wagner.
Tenez ! Sur 1 241 238 km² de superficie, l’Etat malien ne contrôlerait pas plus de 200 000 km². Et la menace terroriste est depuis quelques semaines dans les faubourgs de Bamako ! Comme quoi la situation sécuritaire actuelle du pays est pire qu’à la veille de l’insurrection des rues conduite par le M5-RPF sous le leadership de l’imam Dicko.
OUMAROU KANE