Au Niger après le coup d’État du 26 Juillet dernier, la junte militaire fait face désormais à une armada de sanctions en vue de faire plier l’échine au général Abdouramane Tchani et ses camarades. Le mot d’ordre lancé par la CEDEAO appuyé par la communauté internationale qui a exprimé son ferme soutien au pouvoir déchu de Mohamed Bazoum ne souffre d’aucune ambiguïté.
La CEDEAO joue désormais sa crédibilité avec ce 3è coup de force perpétré dans la même sous région, en moins de trois (3) années. Ce n’est un secret pour personne que les sanctions font désormais suite à toute intervention prétorienne de l’armée sur la scène politique, en témoigne les coups d’État au Mali, au Burkina Faso et en Guinée Conakry qui ont été suivis aussi de sanctions de la CEDEAO soutenues en arrière plan par le partenaire français.
A la lecture des sanctions, il ressort que qu’elles s’abattent sur les peuples et aujourd’hui sur celui du Niger en dernier ressort, en concernant essentiellement les variables économiques dont les effets pervers auront pour conséquences inévitables la paupérisation croissante des masses. La fermeture des frontières terrestres et aériennes auront forcément un impact négatif sur le prix des denrées de première nécessité, en provenance de l’étranger, d’autant plus que le Niger souffre sérieusement de son enclavement.
Reste que toute conjoncture peut susciter aussi une réaction à la hauteur de la crise, si les victimes sont capables de faire montre d’une résilience spectaculaire en mobilisant les ressources insoupçonnées tapies en tout peuple et surtout l’intelligence des leaders à même de trouver des réponses en vue de compenser les effets pervers émanant des dures sanctions contre le peuple nigérien. On a déjà noté les critiques acerbes à l’encontre de telles sanctions qui au final n’ont contribué qu’à l’aggravation de la misère des populations, en affectant dans une faible mesure les véritables auteurs du coup d’État visés.
Le cas du Mali et du Burkina Faso est parfaitement illustratif du caractère improductif de l’Armada des sanctions déployées par la CEDEAO contre les putschistes des dits pays. Bien au contraire, ces derniers ont récupéré l’effet pervers à l’envers des sanctions en leur faveur, en provoquant un élan patriotique au sein des populations, tout en leur faisant croire que l’ennemi commun du peuple est aujourd’hui tapi au sein de la CEDEAO qui serait parrainé par la France.
Ayant déjà perçu le danger venir, la junte militaire au Niger a vite fait de tendre la main à l’allié russe, afin de déjouer tous les pièges de la communauté internationale, d’où la visite du capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso qui manifestement représente un soutien sans faille du peuple Burkinabè à celui du peuple frère du Niger, surtout dans un contexte de probable intervention militaire de l’extérieur contre le CNSP. L’heure de vérité et des affrontements vient donc de sonner avec la mise en œuvre des sanctions assorties d’un ultimatum d’une semaine fixé par la CEDEAO à la junte militaire nigérienne.
Comme quoi, il ne s’agit pas seulement de s’emparer du pouvoir, mais il faut aussi pouvoir le gérer. Pour ce faire, le nouvel homme fort du Niger pourra certainement bénéficier de l’expérience des voisins maliens et burkinabè qui entendent déjà au secours d’une nouvelle recrue de l’axe Russie-Afrique avec la bénédiction de Vladimir Poutine.
ABOUBACAR SOUMAÏLA