Le journaliste camerounais Martinez Zogo enlevé depuis le 17 janvier devant un poste de gendarmerie camerounais par des hommes encagoulés, a été retrouvé mort le dimanche 22 janvier. La triste annonce a été faite par le syndicat national des journalistes du Cameroun.
Martinez Zogo, qui est le directeur et animateur de la radio Amplitude FM devient ainsi un martyr de la liberté de la presse. Son étonnant enlèvement devant un poste de gendarmerie, par des hommes masqués, tend à faire croire que le journaliste a été enlevé et exécuté par des éléments des services de sécurité.
Le cas Martinez Zogo rappelle un autre supplice subi par un autre journaliste africain de renom, en la personne de Norbert Zongo. Le journaliste burkinabè et ses compagnons de voyage, avaient été assassinés par des hommes non identifiés alors que le journaliste d’investigation enquêtait sur une scabreuse affaire impliquant François Campaoré, le frère du président de l’époque Blaise Campaoré.
Martinez Zogo avait déjà eu maille à partir par le passé avec les responsables politiques de son pays. C’est ainsi qu’en 2020, il avait été arrêté par des éléments de la gendarmerie et placé dans une des cellules du secrétariat d’État à la Défense. Il avait été à l’époque accusé pour des faits de cybercriminalité, d’atteinte à la vie privée et de chantage par l’ancien ambassadeur du Cameroun en France et à l’époque directeur du cabinet civil de la présidence de la République, Samuel Mvondo Ayolo. Le journaliste aurait porté atteinte à la dignité de son épouse. Les excuses officielles de la corporation n’y ont rien fait, car l’ancien diplomate avait maintenu sa plainte.
Le jour de son enlèvement, il avait fait un éditorial au vitriol sur l’affaire de marchés publics jugés fictifs et non connus du fisc, et dans laquelle était impliqué le PDG du groupe l’Anecdote, Jean Pierre Amougou Belinga. Autre détail troublant, certaines sources affirment que son listing téléphonique a été supprimé dans la bande de données d’Orange Cameroun.
Suite à la découverte de son corps sans vie, dans un quartier de Yaoundé, le syndicat national des journalistes du Cameroun, a dénoncé « un assassinat odieux aux conséquences qui restreignent encore plus la liberté et la sécurité au Cameroun ».
L’homme n’avait pas fait cas à ses confrères, des menaces à son encontre. Mais l’émission « Embouteillages » qu’il animait chaque jour en dénonçant les actes de mal gouvernance, dérangeait plus d’un, en raison de sa forte audience.
A-t-on ainsi voulu fermer la bouche à ce bouillant journaliste et faire peur à toute la corporation de journalistes indépendants et non inféodés au régime ? Seule une enquête indépendante permettra de connaître les auteurs et commanditaires de ce lâche assassinat. Et ce n’est pas gagné au vu de la chape de plomb qui s’abat sur la presse camerounaise, depuis plusieurs dizaines d’années, obligeant certains à s’exiler comme c’est le cas de J. P Remmy Ngono.
Ce dernier avait fondé la Radio Télévision Siantou, la première radio privée du Cameroun le 5 avril 1999. Tout en étant le responsable, il animait l’émission satirique « Coup franc », qui était très critique à l’égard du régime de Paul Biya. En août 2003, les autorités camerounaises le font incarcérer et il purge par la suite une peine de 6 mois de prison. À sa libération, il quitte le Cameroun et est accueilli en France par la Maison des journalistes, une structure associative de la presse qui vient en aide et héberge des journalistes victimes de persécution dans leur pays.
GARE AMADOU