Les promesses n’engagent que ceux qui y croient, dit-t-on ? Cet adage convient parfaitement au délai consensuel pris entre les autorités militaires burkinabè et la CEDEAO en vue de l’organisation des élections générales du 24 Février 2024 au Burkina Faso. C’est ce qui ressort des propos du Premier ministre Burkinabé Apollinaire Kyelem de Tambela devant l’exécutif burkinabè.
L’heure du bilan à mi-parcours de la junte militaire Burkinabè a enfin sonné huit mois après la prise du pouvoir par la force du capitaine Ibrahim Traoré qui a porté maître Apollinaire Kyelem de Tambela au poste de Premier ministre. Depuis lors, l’exécutif burkinabè met les bouchées doubles conformément à la vision de la nouvelle équipe qui dit se démarquer de celle du colonel Damiba, chassée de force pour incompétence notoire à éradiquer le terrorisme au Faso.
Comme tout projet, les acteurs principaux se doivent à un moment jugé pertinent de faire un bilan à mi-parcours afin d’évaluer les résultats issus des actions menées et surtout d’envisager de nouvelles stratégies issues des précieuses leçons tirées du terrain. C’est dans cette optique que le Premier ministre Burkinabé Apollinaire Kyelem de Tambela a jugé utile de s’adresser devant l’Assemblée législative de transition ce Mardi 30 Mai en vue de livrer à cette Auguste Assemblée du Faso « la situation de nation ».
Autrement dit, l’état dans lequel se trouve le Burkina Faso aujourd’hui comparativement au passé très récent ou plus précisément sous le colonel Damiba est meilleur. Son discours s’est articulé sur deux points essentiels qui constituent essentiellement les objectifs à atteindre par la junte militaire Burkinabè.
Évidemment, il s’agit en premier lieu de la situation sécuritaire du pays ou pour parler sans ambages, de la lutte contre le terrorisme raison qui justifie leur présence à la tête de l’État burkinabè. L’autre point concerne l’avenir politique du Burkina Faso, autrement dit la redéfinition du contenu de la nouvelle République burkinabè.
Après huit mois passé au sommet de l’exécutif, le Premier ministre Burkinabé, Apollinaire Kyelem de Tambela jette un regard critique sur le comportement des pays amis à l’égard du Burkina Faso, en pleine crise sécuritaire. L’histoire nous apprend qu’au départ le Premier ministre Burkinabè avait adopté une position nuancée, plus conciliante à l’égard notamment du partenaire français dont l’influence a pris un coup dans ce pays en faveur de la montée en puissance du sentiment anti-français.
Lorsqu’il s’est aperçu qu’il faisait cavalier seul dans cet océan de contestations, entretenues surtout par le dictat de la rue, le rétropédalage du Premier ministre Burkinabè était apparu au grand jour à travers son discours qui se ralliait à celui de la rue. Les prospections à l’étranger en vue de rechercher de nouveaux partenariats pour la lutte contre le terrorisme étaient du coup devenues le langage officiel de la junte militaire dont celui-ci était avait revêtu sa toge de véritable avocat de la cause burkinabè.
Inutile de revenir sur l’échec du délai d’éradication du terrorisme fixé à trois mois, dès la prise du pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, en espérant que des leçons seront tirées de la dure réalité de l’insécurité qui sévit au Sahel. Apollinaire Kyelem de Tambela a confirmé encore la stratégie du tout militaire adoptée par son pays par le refus du dialogue, et qu’il faut combattre les terroristes sans pour autant saisir la brèche du dialogue.
Il a mis l’accent sur les efforts déployés par son pays pour lutter contre ces bandits armés notamment le célèbre recrutement des volontaires pour la défense de la patrie (VDP) dont les recrutements devront continuer de plus belle. L’armée burkinabè a connu une véritable mutation du fait de l’intrusion d’un ennemi dangereux dont les stratégies déployées sont difficilement remarquables.
Le Premier ministre a décrié le comportement des pays amis qui ont refusé de vendre des armes aux Burkina Faso alors que le pays avait énormément besoin de soutien en ravitaillement d’armements et de munitions capables de faire face aux terroristes armées jusqu’aux dents. Ce n’est pas, on l’espère bien la France dont la présence militaire a été contestée à qui on pourrait demander de vendre les armes à un pays qui suit les sentiers déjà tracés par le Mali, dont le rapprochement fort poussé avec la Russie est désormais devenu un fait notoire.
Le bilan du Premier ministre Burkinabè Apollinaire Kyelem de Tambela, aurait dû faire apparaître aussi quelques insuffisances du tout militaire et aussi le danger réel qui découle de l’armement des civils, étrangers à la « chose militaire ». L’autre aspect très important pour la vie politique burkinabè concerne la loi fondamentale autrement dit la Constitution du Faso, selon le paradigme de la junte militaire au pouvoir.
Mais on ne pourra pas tenir éternellement le peuple en haleine par des discours, si des résultats probants ne suivent pas !
ABOUBACAR SOUMAÏLA