La Tunisie vient de basculer dans le camp des pays xénophobes, voire racistes qui sont désormais pointés du doigt par l’Union Africaine, suite aux propos tenus par son président Kaïs Saïed, lui-même. En effet, le président tunisien avait affirmé que la présence de ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne était à l’origine de « violence, de crimes et d’actes inacceptables ». Et en Tunisie, les sub-africains deviennent subitement les nouveaux boucs émissaires du président !
Cette attitude rejoint la réaction de nombreux pouvoirs en butte aux démons de la crise politique et socioéconomique, qui ont jalonné tout au long de l’histoire et dont les présidents couvrent leurs insuffisances de gouvernance, voire leurs échecs politiques, leur déficit de légitimité en trouvant des boucs émissaires pour détourner l’attention de leur peuple de la réalité des faits.
Les exemples sont légion et toute l’histoire sociopolitique et économique de l’humanité témoigne de cette stratégie, qui consiste « à jouer le jeu de l’autruche », en accusant des paisibles citoyens africains aujourd’hui dont le seul tort est de trouver refuge en Tunisie, pendant que le président Kaïs Saïed lui souffre de déficit de légitimité dans son pays. Un pays pourtant réputé pour sa légendaire hospitalité et son ouverture vers le monde entier, qui contrastent gravement et outrageusement avec le comportement de son président.
C’est donc à juste titre que l’Union Africaine a vigoureusement réagi aux propos malencontreux du président tunisien, qui suscite déjà une levée de boucliers contre les autorités de ce pays. Dans un contexte marqué par la résurgence des idées panafricanistes, de tels propos considérés comme un « pavé dans la marre » ne sauraient être tolérés, malgré les explications tirées par les cheveux du ministre des Affaires Étrangères.
La sortie médiatique de son ministre des Affaires Étrangères, loin d’apaiser les esprits sur le continent africain, confirme au contraire la position raciste du président Kaïs Saïed. Le racisme n’est pas une opinion, mais un crime. On déplore déjà « la chasse à l’homme » dont sont victimes plusieurs migrants et étudiants africains estimés à plus de 21. 000, qui sont obligés de se cacher ou quitter le pays du fait des attaques racistes, qui se multiplient contre les ressortissants africains subsahariens.
C’est bien dommage que des propos violents et criminels émanent de la bouche de « l’homme fort de la Tunisie, Kaïs Saïed » et se mettent directement en porte à faux avec la solidarité africaine aujourd’hui pour allumer le feu et vite entamer la légendaire hospitalité de ce beau pays touristique et dont l’image s’effondre comme du beurre au soleil, avec dans son sillage tous les atouts qui faisaient de lui, une Tunisie des destinations touristiques les plus prisées d’Afrique, grâce à ses spécificités proprement personnalisées, en l’occurrence le tourisme médical.
MOUSSA NAGANOU