Au Sénégal, le président Macky Sall a reçu comme prévu ce Samedi 24 Juin 2023 le rapport final des travaux du dialogue national officiellement initié le 31 Mai à la suite des violences qui ont secoué tout le Pays. Le président du comité de pilotage du dialogue, Moustapha Niasse a déclaré « Nous avons adopté les propositions dans leur contexte mais c’est vous qui entérinez. Nous avons élaboré des propositions, c’était notre mission et toutes les propositions sont là ».
Le président Macky Sall a reconnu la profondeur et la pertinence des travaux entrepris par la commission dont l’approche holistique a permis d’embrasser l’essentiel des préoccupations de la Nation : « Au-delà des questions politiques, vous avez planché avec beaucoup de perspicacité sur les grands dossiers du développement économique et social.
Les rapports de toutes les commissions seront examinés avec attention, notamment les recommandations qui doivent engendrer la prise de mesures pour améliorer les acquis et leur donner un contenu d’efficacité et de résilience ». L’opinion sénégalaise étant focalisée sur les retombées politiques de ce dialogue, elle retiendra l’essentiel des propositions concernent la baisse du nombre de signatures nécessaires pour le parrainage de la candidature à la présidentielle, qui passe de 1% des inscrits sur le fichier électoral à désormais un nombre compris entre 0,6% et 0,8%, et surtout la modification de l’article L 28-3 du code électoral qui permettra à l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall et Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, tous deux en principe recalés à la présidentielle du fait de leur condamnation par la justice, la possibilité de participer à la prochaine présidentielle de 2024.
Le rapport de dialogue politique contient les bases de la décrispation politique au Sénégal bien que le cas d’Ousmane Sonko n’ait pas été pris en compte du fait de l’évolution judiciaire du dossier qui est en cours. Mais pour l’opposition sénégalaise, les conclusions du dialogue politique ne sauraient à elles seules conduire les négociations entre les acteurs politiques du pays sans que celles issues du dialogue populaire qu’elle a lancé ne soit d’abord divulguées et placée au cœur des discussions.
Le président Macky Sall, recevra aussi les conclusions de ce «dialogue populaire» même si cela ne se fera pas dans les mêmes conditions que les conclusions du dialogue politique que lui même a initié. Il va donc falloir opérer une synthèse très délicate au profit de la réconciliation nationale, en attendant que Macky Sall se prononce officiellement et sans ambages sur l’épineuse question du troisième mandat qui est en réalité la principale pierre d’achoppement entre le pouvoir de Macky Sall et l’opposition sénégalaise.
MOUSSA NAGANOU