A travers cet exercice, je veux simplement traduire la vérité des faits face aux nombreuses fakes news distillées par les officines des puissances étrangères qui essaient de prendre le contrôle des appareils étatiques de nos pays en vue d’assouvir leur soif de revanche sur d’autres puissances concurrentes et de s’accaparer de nos ressources naturelles et autres pans entiers de nos économies.
Pour cela, ils ont trouvé des terreaux fertiles dans deux pays sahéliens: défaillances ou absence de système de défense capable de tenir les frontières, système de sécurité intérieure en déliquescence ou compromis dans les trafics régionaux divers (otages, drogue, migrants, armes), crise de la foi religieuse avec une cohorte de prédicateurs dont personne ne maîtrise les agendas ni la source de financement et qui sont tantôt politiques, tantôt moralisateurs bien souvent versés dans le populisme ambiant, chocs climatiques et bouleversements des équilibres dans le monde rural et pastoral, pauvreté endémique et absence de l’état dans la promotion des droits économiques, sociaux et culturels, classe politique sans projet politique pour leurs pays, influence nocive de plusieurs puissances voisines qui instrumentalisent la situation politique et sécuritaire à des fins de positionnement géopolitique et une jeunesse laissée à elle-même sans aucune fenêtre d’espoir au vu des systèmes éducatifs en faillite et une absence d’investissement dans la formation professionnelle et technique et cerise sur le gâteau des officiers défaits sur le terrain militaire par les terroristes et accourent précipitamment dans la capitale pour renverser des gouvernements démocratiques accusés à tort d’être responsables de la défaite.
Ces officiers, qui veulent répéter l’histoire en s’inspirant d’un Thomas Sankara fantasmé ou d’un Lumumba idolâtré ne servent en réalité pas leurs pays ni la cause de la sécurité et de la paix dans la sous-région. Ils servent surtout les agendas d’une puissance lointaine qui embourbée dans un conflit hasardeux et dirigé par un homme qui veut lui aussi refaire l’histoire est en train d’utiliser toutes ses réserves de criminels mercenaires issus des pénitenciers de ce pays pour mener la sale guerre dont les seules victimes seront les civils, la paix sur le long terme et l’unité ou l’existence même de ces pays sahéliens.
Au milieu de toute cette situation apocalyptique, trois pays sahéliens semblent conjurer les sorts et se démarquent des autres. Il s’agit du Sénégal, du Niger et de la Côte d’Ivoire.
Les trois pays ont en commun d’être régis par des constitutions démocratiques et dirigés par des civils à l’expérience et à l’expertise indiscutable. Leurs institutions démocratiques tiennent malgré les reproches qu’on peut leur brandir, il est indéniable que la situation sécuritaire, économique et politique dans ces pays est enviée par les citoyens des pays en proie à la mauvaise gestion de la situation sécuritaire, pays dans lesquels l’information est verrouillée et toute critique ou opinion contraire est pourchassée et dénoncée avec véhémence et violence souvent avec arrestation ou intimidation.
Ces trois pays malgré les difficultés sécuritaires, accueillent plusieurs réfugiés régionaux fuyant la barbarie et les exactions tantôt des groupes armés tantôt des forces armées de leurs pays. Le cas le plus palpable est celle des réfugiés maliens accueillis en nombre par le Niger y compris des militaires ayant fui les combats face aux djihadistes et qui trouvent refuge dans ce pays pourtant méprisé et constamment attaqué par les officiels maliens.
Sur le plan politique et économique, les trois pays proches des zones d’insécurité chroniques semblent être à l’abri des errements des deux mauvais élèves du Sahel. On peut citer en exemple un climat politique relativement propice à l’exercice démocratique du pouvoir, des leaders politiques sages, expérimentés et ayant une vision claire de l’avenir de leur pays, des économies qui affichent vert malgré les chocs endogènes et exogènes, des armées républicaines et faisant face avec courage et résilience aux défis liés au terrorisme, une image internationale à la hauteur de la qualité des dirigeants de ces pays, des investissements économiques et sociaux importants afin de prévenir les causes de l’embrigadement des jeunes dans le terrorisme.
Il est très important de rappeler ici que même si le dicton dit que comparaison n’est pas raison, il est évident que la situation du Mali ou du Burkina ne peut pas être comparée à celle du Niger malgré la superficie de ce dernier. Le Niger est l’un des rares pays du Sahel dans lequel un usager de la route peut quitter la bourgade de Labezenga (frontière du Mali) à N’Nguigmi (près de la frontière du Tchad) distante de 1728 KM sans courir le risque de se faire dépouiller par des bandits ou attaquer par des terroristes. Précision importante, ces 1728 KM sont entièrement goudronnés.
La situation sécuritaire globale dans le pays malgré les pressions des groupes djihadistes est bonne et l’on peut sans risque de se tromper avouer que la solution du gouvernement nigérien alliant la pression militaire, le renseignement, le retour des déplacés internes dans leurs villages, la négociation avec certains groupes djihadistes ou leurs chefs, l’investissement dans le monde rural et la reconstruction de l’école publique est l’une des seules issues pour le moment qui permettra un retour à la paix et à la sécurité dans la région.
Dans les deux pays sahéliens avec des prétoriens au pouvoir et où les djihadistes ont mis la main sur la quasi totalité du territoire, il est indéniable qu’en plus des solutions mises en œuvre par le Niger, il faut une réelle volonté d’intégrer les populations jusque là marginalisées à la gestion du pouvoir politique et un investissement franc et durable dans les zones où vivent ces populations qui se sentent abandonnées par l’état postcolonial qui est souvent perçu comme pire que l’état colonial.
Les solutions préconisées par les prétoriens ne feront qu’aggraver la situation au grand dam et au détriment de toute la sous-région. Le tout militaire, le recours à des mercenaires ou les campagnes punitives contre les villages nomades ne feront qu’exacerber les tensions communautaires et ethniques et constituent un vivier de recrutement pour les groupes criminels.
En conclusion, on peut encourager les trois pays sahéliens à poursuivre leur dynamique d’alliance entre la sécurité et le développement tout en continuant à fournir encore plus d’efforts sur la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales et la promotion des droits économiques sociaux et culturels de toutes les communautés nationales. C’est la seule issue aux problèmes qui gangrènent la sous-région. Quant aux pays sahéliens ayant fait le choix de l’autre voie, il n’est pas trop tard pour se racheter et suivre la voie des trois pays qui sont aujourd’hui un exemple et leurs dirigeants écoutés sur ce sujet.
ANGE BAROU CHEKARAOU