Ce sont 16 millions de personnes dans les trois pays du Sahel central, en l’occurrence le Niger, le Burkina Faso et le Mali qui ont besoin d’une assistance alimentaire, selon l’ONG américaine International Rescue Commitee (IRC), dont le récent rapport alarmant fait état d’une dégradation constante de la situation alimentaire de ces pays. C’est un truisme d’affirmer que la crise sécuritaire au Sahel depuis maintenant deux décennies est en grande partie responsable de la détérioration du bien être des populations.
Les populations des régions assiégées par le terrorisme essentiellement situées au Mali et au Burkina Faso sont en pleine déroute et désorganisées du fait du manque de quiétude qui les contraint à une véritable transhumance à travers le pays et les frontières. Cet état de fait a porté un coup dur aux campagnes agricoles dont le rythme habituel connait de fortes perturbations. C’est ainsi que des régions qui incarnent les greniers de ces pays pour la survie de leurs populations et du reste du pays se trouvent prises en étau par les bandits armés, en engendrant des famines inévitables dans un contexte déjà marqué par l’absence des cultures de subsistance dont dépendent ces populations.
La désarticulation des systèmes de production des pays principalement sous domination terroristes comme le Mali et le Burkina Faso ne peut avoir pour conséquence que l’anéantissement de leurs systèmes agricoles. Ces pays n’ayant pas bénéficié de la générosité de la nature à l’instar des pays du Golfe de Guinée ont déjà souffert des effets néfastes de la pandémie du Covid19 et paient un lourd tribut aux dérèglements climatiques.
La crise alimentaire dont les effets commencent à se faire sentir est une réalité partagée par ces pays, elle transcende les frontières et pénètrent sans entraves les régions, imposant aux États la nécessité d’une réponse concertée. C’est aussi une preuve que le phénomène de terrorisme doit être abordé à travers une vision holistique qui intègre toutes les dimensions de la vie en société.
L’insécurité alimentaire grandissante peut alimenter le terrorisme, car privées du minimum vital, les populations et principalement les jeunes pourraient succomber aux sombres propositions de ces vendeurs d’illusions prêts à les transformer en chair à canon. Un véritable cercle vicieux, dans lequel pourrait se retrouver les trois pays, si une réponse appropriée n’est pas apportée à ce fléau qu’est la crise alimentaire.
ABOUBACAR SOUMAÏLA