Le vendredi 3 Mars 2023, l’ancien président Issoufou Mahamadou, champion de la zone de libre échange continentale africaine (ZLECAf) a reçu le porteur du projet de l’organisation des experts et consultants africains est en chantier, Dr Moukimou Mourana à Niamey. Nous vous offrons son commentaire à sa sortie d’audience.
« Merci de l’occasion que vous m’offrez de parler de nos projets de regroupement des compétences africaines et de mise en place de l’Ordre des Experts et Consultants pour le Développement de l’Afrique (ODECA). Avant d’en venir, je m’en voudrais de ne pas évoquer l’audience que nous a accordée l’ancien président Issoufou Mahamadou, le vendredi dernier.
Effectivement, cette sollicitation de notre part à le rencontrer est en lien avec la ZLECAf dont il est champion. Notre projet d’ODECA entre justement dans le schéma en vue de la réussite de la ZLECAf. Comment parvenir à la facilitation des échanges commerciaux à l’intérieur du Continent sans la participation des compétences africaines ? Qui dit échanges commerciaux dit échanges de biens et services. Vous voyez donc tout l’intérêt et toute l’importance du réseautage des compétences africaines afin qu’elles mettent leur génie au service du développement du Continent.
C’est donc de la contribution de ces compétences pour la concrétisation de la ZLECAfdont il a été question lors de notre rencontre avec l’ancien président Issoufou Mahamadou. Nous lui avons présenté nos projets qui vont dans le même sens que la mission continentale qui lui a été confiée. Il a été très réceptif. Il nous encourage et nous soutient dans nos exaltantes entreprises.
Je vous fais savoir que l’initiative de regroupement et du réseautage des compétences africaines est partie de notre schéma national de l’Association Nigérienne des Experts Agréés (ANEXA) dans lequel l’ancien président Issoufou alors aux commandes de l’Etat a joué un rôle très important ».
Où en êtes-vous avec la mise en place de l’ODECA ?
L’ODECA est en train de prendre forme ou disons même que nous sommes pratiquement au dernier tournant de sa mise en place. D’ores et déjà, nous avons mis en place les différents bureaux de zones : zone Afrique de l’Ouest avec comme siège de secrétariat permanent Dakar.
La présidence de cette zone est assurée par notre compatriote M. Souleymane Sarkin Rafi Elhaj Amadou, ancien ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ; zone Afrique Centrale avec comme siège de secrétariat permanent Yaoundé au Cameroun ; zone Afrique du Nord avec siège de secrétariat permanent Nouakchott ; zone Afrique de l’Est avec comme siège de secrétariat permanent Addis Abeba ; Zone Afrique Australe avec comme siège de secrétariat permanent Johannesburg ; enfin zone Diaspora avec comme siège de secrétariat permanent Genève. Dans toutes ces zones, des bureaux sont installés.
Il ne reste plus qu’à mettre en place le bureau continental dont le siège sera basé à Niamey au Niger. Vous voyez donc que notre capitale projette de devenir la capitale de la facilitation des échanges intra-africains. Pour la ZLECAf, c’est l’ancien président Issoufou Mahamadou qui est le champion.
Pour l’Industrialisation, c’est l’actuel président Mohamed Bazoum qui a été adoubé par ses pairs pour conduire cette mission. Et pour l’ODECA continental, ce sera toujours Niamey. De cette ambition de faire le siège continental de l’ODECA au Niger, nous en avons parlé avec l’ancien président Issoufou Mahamadou, tout comme de l’Union des Compétences Africaines (UCA).
L’ODECA et l’UCA, pour quelle différence ?
Très belle question. Je vais commencer d’abord par l’Union des Compétences Africaines (UCA). Ici, il s’agit d’une association qui va réunir toutes les compétences africaines de tous les domaines et dans tous les secteurs. Nous envisageons pour cela l’élaboration d’un répertoire de toutes les compétences africaines, y compris celles de la Diaspora.
Il s’agit d’avoir une base de données de ces compétences. Pour le développement du continent africain, nous devrions faire appel avant tout à nos compétences africaines. Bien étendu, la porte n’est pas fermée à d’autres compétences. Le monde étant aujourd’hui multipolaire, aucun continent ne peut se suffire à lui-même.
Pour l’ODECA, on ira dans le même sens que l’UCA, c’est-à-dire le réseautage des tous les experts et consultants du Continent et de la Diaspora. Mais toujours est-il qu’il s’agit ici d’aller à la création des plusieurs ordres, par exemple l’ordre des experts judiciairesafricains qui sera une composante de l’ODECA, étant entendu que les ordres sont plus réglementés et encadrés.
L’ordre des experts judiciaires est-il à l’ordre du jour ?
On est toujours ici dans le rôle de l’expert d’une façon générale et celui de l’expert judiciaire en particulier. Au Niger, comme ailleurs, vous avez des experts judiciaires. Comme leur nom l’indique, ces experts dans leurs domaines de compétences travaillent avec la justice.
Et ce travail consiste à faire des ADD (Avant Dire Droit) sur des contentieux judiciaires, c’est-à-dire à livrer leurs expertises sur des affaires qui nécessitent que la justice elle-même soit éclairée davantage. Par exemple, un contentieux judiciaire peut opposer deux parties au sujet d’un incendie.
Il revient donc à l’expert de déterminer la cause de cet incendie et d’en donner le résultat de son expertise au juge qui aura à trancher d’un tel contentieux. Au Niger, nous avons constitué une base de données des experts judiciaires que nous mettons régulièrement à jour. Moi, je suis expert judiciaire. A ce sujet, nous comptons même mettre en place très bientôt un ordre des experts judiciaires.
Le projet est très avancé et a trouvé un écho favorable auprès des autorités judiciaires dont l’actuel ministre de la Justice, Garde des Sceaux Ikta Mohamed Abdoulaye que je remercie au passage pour son sens élevé d’écoute et tout l’intérêt qu’il porte en vue de l’avènement d’une justice qui réponde aux attentes des citoyens.
ANEXA, ODECA et UCA, n’est-ce pas trop sur vos épaules ?
Tous ces projets d’ODECA et de l’UCA dont vous parlez sont partis de l’ANEXA. Il y a une décennie de cela, avec certains de nos compatriotes, nous mettions en place cette ANEXA-là afin de regrouper tous les experts du Niger dans une base de données. C’est ce que nous avions fait. Et, le résultat est là ; et nous venons de l’évoquer avec tous ces experts judiciaires qui facilitent le travail de la justice.
Chemin faisant, nous avons vu la pertinence du réseautage des compétences africaines. Et, cela est venu à point nommé dans le contexte de la ZLECAf. Cette ingénieuse initiative a eu un écho favorable partout sur le Continent. Cela est attesté par la mobilisation conséquente lors de la mise en place des bureaux ODECA des zones que j’ai personnellement supervisés. D’ailleurs, avant les projets ODECA et UCA, nous avions déjà muri une réflexion à quatre pays qui sont le Niger, la Tunisie, le Maroc et l’Algérie.
Ce qui avait abouti à la création de l’UNAPEA (Union Africaine Pluridisciplinaire des Experts Agréés) à Hammamet en Tunisie en février 2020 dont le Niger occupe le poste de vice-président chargé de la promotion de l’expert africain, de sa qualité et de son intégrité. Avec le COVID-19, ce projet n’a pas pu prendre son envolée. Ensuite, nous nous sommes dit que ce projet est réducteur, puisqu’il n’a rassemblé que 4 sur 55 pays reconnus par l’Union Africaine.
C’est alors que nous avons évolué pour aller le réseautage du Continent. Aujourd’hui, nous avons une base de données de compétences africaines de 37 pays. Et nous envisageons très bientôt couvrir l’ensemble du Continent et de la Diaspora et à l’officialisation à travers une reconnaissance internationale de ces projets d’envergure continentale.
Qui finance ODECA?
A cœur vaillant, rien d’impossible, dit-on. J’ai supervisé la mise en place des bureaux ODECA des zones sur fonds propre. Des bonnes volontés n’ont pas manqué. Je profite de cette occasion pour remercier le Professeur Ragard Belkajem président de l’ODECA Diaspora pour tout ce qui a été son accompagnement. Je ne manquerai pas aussi de remercier toutes les personnes qui de près ou loin ont contribué à mes séjours durant la phase de la mise en place des bureaux ODECA des zones, Afrique de l’Ouest à Dakar, Afrique du Nord à Nouakchott, Afrique du Centre à Yaoundé, Afrique de l’Est à Addis Abeba, Afrique Australe à Johannesburg et Diaspora à Genève. Enfin, je remercie toutes les compétences, experts et consultants du Continent et de la Diaspora qui continuent de se mobiliser car convaincus qu’ils sont que le développement de l’Afrique ne peut se faire avant tout que par ses filles et fils.
Dr ABOUBAKARY MOUKIMOU MOURANA
Expert judiciaire, président de l’ANEXA,
président du comité d’organisation de la mise en place de l’ODECA Continental