C’est la fin du suspense chez beaucoup de Nigériens tenus en haleine par le Général Tiani dont le premier gouvernement incarne certainement l’ancrage des autorités du Conseil National de la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) dans l’Inconscient collectif de ce pays. Les citoyens nigériens épris de justice et d’équité lors des nominations attendaient de pieds fermes Tiani et étaient très exigeants vis à vis de ces « révolutionnaires », du fait des critères des nominations sous les régimes précédents décriées aujourd’hui par les populations.
Le général Abdouramane Tiani n’a pas minimisé, voire méprisé les doléances des citoyens nigériens décidés à soutenir un régime capable de rompre définitivement d’avec certaines pratiques mafieuses établies malheureusement en règles majeures de gouvernance depuis l’avènement de la démocratie ou pour être plus juste du multipartisme. Ainsi avec le CNSP, on est sorti de la liste pléthorique des gouvernements à la quarantaine de ministres dont l’annonce très ridicule choquait les nigériens et les tournaient en dérision auprès des partenaires financiers à qui ces mêmes dirigeants leur tendaient les mains.
Pourtant, le contexte de crise sécuritaire aurait voulu que la frugalité occupe les consciences de nos hommes politiques et soit recommandée à tous les postes de la République afin d’apporter la preuve émouvante aux populations que les élus ne sont pas venus pour se servir mais servir le peuple. Un véritable paradoxe dans un pays en quête pourtant de sa « pitance » au plan international et dont une grande partie de son budget est financé à près de la moitié par l’extérieur.
Cette tare est évitée par le Général Tiani qui s’entoure d’une vingtaine de ministres dont le Premier ministre Lamine Zen cumule le poste de ministre de l’économie et des Finances. Un gouvernement animé par des acteurs qui présentent apparemment aux yeux des nigériens une virginité politique et ne semblent pas pour l’instant trempés aux scandales financiers et de nombreuses malversations et détournement qui ont fini par ôter toute confiance à ces hommes politiques, devenus par ces agissements de véritables bourreaux de leurs propres électeurs.
On reconnaît en effet au Premier ministre Lamine Zen son sens de la responsabilité, son abnégation et surtout sa capacité à ne pas se laisser embrigader par son entourage, en refusant de tomber dans le piège du clientélisme durant le poste de ministre de l’Economie et des Finances qu’il a occupé sous le président Mamadou Tandja. Sa personnalité « Zen » est nécessaire pour faire face aux tensions déjà présentes qui assaillent ce régime, tant rejeté par une certaine communauté internationale.
Des postes ministériels jadis présents sont aujourd’hui abandonnés sauf revirement du CNSP en l’occurrence celui de la culture et du Plan. On reconnaît le maçon au pied du mur dit-on, aussi nous ne pourrons porter un jugement objectif qu’après avoir observé les actions concrètes posées par ce gouvernement, en cohérence avec sa vision de rupture en voulant éviter au nigérien de retomber encore dans le piège de l’éternel recommencement.
Pour ce faire, la pédagogie de l’exemple étant la meilleure, c’est avant tout aux membres du CNSP de montrer l’exemple et de le prouver en envoyant au gouvernement de Zen et par extension à la population nigérienne un signal fort de rupture d’avec le passé. Les nigériens très déçus par le comportement des hommes politiques veilleront surtout au grain, quant à leur train de vie et les dépenses ostentatoires qu’ils auront à engager.
Pour l’heure, le général Tiani ayant bénéficié d’un soutien inédit est tenu de faire la différence, en jetant les bases d’une nouvelle République aux antipodes des attitudes de gouvernance qui faisaient la part belle à la promotion de la médiocrité et toute forme de mauvaises pratiques gangrénant profondément la société nigérienne dont a souffert le peuple nigérien.
ABOUBACAR SOUMAÏLA