Initié en 2002, Georges Serignac a été élu Grand Maître du Grand Orient de France en 2021.
Actu : Combien y-a t-il de Francs-maçons en Occitanie, et quel est le profil type ?
Georges SERIGNAC : En Occitanie, nous comptons environ 4 000 frères et sœurs dont 2 300 au Grand Orient de France. Chaque loge compte environ 40 membres. Au Grand Orient, le profil est plutôt la classe moyenne. Nous avons par exemple des professeurs, des professions libérales et des élus. On a souvent l’image d’une élite mais cela n’est pas vrai. La franc maçonnerie n’est ni élitiste, ni élitaire. D’autant que dans les loges, les classes sociales n’existent plus; il n’y a donc pas de différenciation entre membres.
L’image élitiste vient de l’origine de la franc-maçonnerie. En effet, lorsqu’elle a été fondée en Angleterre elle rassemblait alors l’élite scientifique.
Ces dernières années le Grand Orient perdait des adhérents. S’agit-il d’une baisse structurelle et comment l’expliquez-vous?
GS : Nos derniers chiffres sont très encourageants. Ils montrent que nous avons retrouvé tous nos effectifs d’avant Covid. C’était donc une baisse conjoncturelle due à la réduction de l’activité de nos loges en raison du contexte sanitaire. Aujourd’hui, nous comptons 53 000 membres et nous avons un très grand nombre de personnes qui veulent nous rejoindre, de manière plus importante qu’avant covid. Nous verrons si c’est un effet de rattrapage. En tout cas, c’est très réjouissant.
L’âge moyen d’entrée en maçonnerie est de 45 ans. Ces derniers mois, nous observons un rajeunissement des candidats, ce qui est un signal positif dans le contexte de vieillissement que nous observions jusqu’alors.
Quelle est la spécificité de votre obédience ?
GS : C’est d’abord la première historiquement. Elle a trois siècles d’existence. Elle prend le nom de « Grand Orient de France » en 1773, il y a 250 ans. C’est l’obédience la plus importante en nombre d’adhérents. Nous avons abrogé l’obligation de croyance en 1877, ce qui était révolutionnaire à l’époque. Nous pouvons parler de politique et de sujets de société en loge, ce qui n’est pas le cas des obédiences traditionnelles. Nous avons à ce titre accompagné la République dans les grands débats sociétaux, y compris sur la laïcité. Outre le fait de rester un ordre initiatique, nous attachons une grande importance à la liberté de conscience et à l’engagement dans la cité.
Pourquoi s’engager aujourd’hui en franc-maçonnerie ?
GS : Je pense qu’à notre époque il y a peu de points d’ancrage républicains. Des lieux dans lesquels les principes républicains sont défendus, respectés sans la moindre ambiguïté. Outre cela, la méthode que nous pratiquons en franc-maçonnerie n’a pas d’équivalent ailleurs. Nous nous écoutons; nous ne nous interrompons pas; nous avons un respect mutuel les uns envers les autres. Il y a aussi le travail sur soi. Enfin, c’est un lieu de convivialité et nous tissons des liens forts avec entre adhérents. Aujourd’hui, nos valeurs et notre méthode sont de précieux atouts dans le tumulte de l’époque.
Tout le monde peut-il rentrer dans une loge ? Le processus de sélection semble très ardu.
G. S. : Tout le monde peut candidater y compris par internet via notre site. Vous êtes ensuite redirigé vers une loge à proximité de votre domicile. Le président de la loge vous rencontrera et il pourra ensuite lancer la procédure d’admission qui comprend trois entretiens avec des membres de la loge. Suivra le mythique « passage sous le bandeau »: l’impétrant sera alors interrogé sur ses motivations sans pouvoir voir les membres autour de lui, car il faut garantir le secret des membres en cas d’un échec éventuel du candidat lors du vote de la loge. La très grande majorité des candidats est acceptée à l’issue du processus.
Pour renter au Grand Orient de France, il n’est pas nécessaire d’être un universitaire de haut rang, ni d’avoir fait de grandes études. Il faut juste être en phase avec les grands idéaux républicains. Le Grand Orient de France fête cette année son 250ème anniversaire. Des rendez-vous avec le grand public sont prévus partout en France.
ALAIN GRAVIL
Actu.fr