Le Premier ministre burkinabè aurait laissé entendre ces mots devant le Président de la Commission de l’Union Africaine (UA). « Que fait l’Union africaine pour soutenir le Burkina Faso ? Pendant que notre pays connait une période difficile, on nous parle de chronogramme pour un retour à l’ordre constitutionnel.
On nous parle d’élection. Les élections, c’est à quelle fin et pour qui ? Notre priorité, c’est d’abord lutter contre le terrorisme et sécuriser notre territoire. On ne parle de développement que lorsqu’il y a un territoire à développer et des populations à mettre sur les sentiers du développement», se défend-il.
Sûrement, qu’il avait raté ici l’occasion de faire profil bas. Me Apollinaire aurait plutôt dû faire l’économie de ses propos à l’endroit de son hôte de l’UA. Disons qu’il milite juste pour une formule qui leur permettra de rester au pouvoir le plus longtemps possible, même s’ils ne pourront pas changer la situation au Burkina Faso.
Et pourtant, peu après la prise du pouvoir par le Capitaine Traoré, il disait vouloir aller très vite pour restituer aux burkinabè leur fierté, en reconquérant les parties occupées du territoire. Si aujourd’hui encore c’est au sommet de l’État burkinabè que l’on reconnaît qu’il n’y a pas de territoire où organiser des élections, ils exposent eux-mêmes les raisons de leur faiblesse.
Évidemment, quand le Capitaine Traoré disait vouloir aller très vite, nous avions compris qu’il était loin de baser sa stratégie sur une mitigation des causes structurelles de la violence au Sahel, en particulier dans son pays, le Burkina Faso. L’approche figée, le seul bras armé était à la base de la déliquescence de l’État malien et cela devait servir de leçon au Burkina Faso.
Le tout n’est pas d’avoir un officier à la tête de l’État. La violence au Sahel est due en partie à des problèmes structurels longtemps ancrés dans nos communautés et sans la prise en compte desquels, même un dragon ne saurait en venir à bout par le seul usage de la force. Et c’est là que les régimes civils plus enclins à l’écoute, aux propositions de personnes ressources et des spécialistes de cette question sécuritaire deviennent plus susceptibles de s’en sortir la tête haute et le cas du Niger est largement édifiant.
Le Niger qui est aujourd’hui devenu le tampon sécuritaire incontesté du Sahel n’a pas été aidé de façon particulière ou privilégiée par l’UA, aux dépends de ses voisins. Il a juste à sa tête une équipe qui rentabilise mieux les contributions des spécialistes militaires et civils à l’édification de la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme.
Il est dirigé par une équipe dont l’approche plutôt différenciée sied de loin mieux que les approches mécaniques encore en vogue ailleurs. Car, les liaisons des combattants terroristes à la cause proprement dite sont à géométrie tellement variable qu’il est toujours nécessaire d’actionner d’autres mécanismes de type soft, pour les détacher de cette cause et affaiblir progressivement les mouvements et tendre à long terme vers une paix durable.
ASMANE SAADOU