C’est maintenant dans la gestion du pouvoir d’État et son ivresse que l’opinion nationale sénégalaise
et internationale sauront réellement si les deux hommes Bassirou Diomaye Faye er Ousmane Sonko
sont suffisamment imbus d’intelligence politique ou bien leurs chemins se sont croisés sur la course
derrière l’intérêt personnel de chacun d’entre eux. Ils ont évoqué à plusieurs reprises l’idée de leur
projet et ont toujours clamé haut et fort à qui veulent leur entendre que leur projet politique est plus
important que leurs personnes.
Les patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF) est un parti
politique créé par Ousmane Sonko, le projet entièrement écrit par lui-même et sous la lecture et aux
appréciations de ses amis dont Bassirou Diomaye Faye en fait partie intégrante, sinon corps avec
l’esprit, ainsi que les idéaux. Celui-ci aura ainsi par défaut de la candidature du président Ousmane
Sonko et surtout par la curiosité du destin à porter le dossard PASTEF, le 25 Mars 2024 au scrutin
présidentiel au cours duquel il triomphera et sera élu dès le premier tour, avec un score de plus
enviable de plus de 54%, soit exactement 54, 28%, sans contestation et sans recours ni administratif
devant l’instance électorale ni juridictionnel devant le juge constitutionnel, qui les résultats par un
arrêt N°7 du 39 Mars 2024.
Après l’investiture de Bassirou Diomaye Faye à la tête du Sénégal le 2 Avril 2024, celui-ci nomme
dans la foulée son président de parti Premier ministre, Ousmane Sonko, pour ne pas le préciser. Si la
curiosité du destin aura planifié que Bassirou Diomaye Faye soit le 5 e président du pays de la
Teranga, c’est bien l’auteur principal du projet de PASTEF Ousmane Sonko, qui est mieux placé
l’exécuter via une soigneuse mise en œuvre, une véritable expérimentation voire son
implémentation au Sénégal des mains de celui qui bien inspiré, élaboré et mis à jour sous des nuits
calmes ou agitées, en liberté ou en prison, pour enfin attirer sénégalaises et sénégalais à battre le
pavé pour un idéal commun, défendre énergiquement et conserver la tradition démocratique
sénégalaise pour toujours.
Ousmane Sonko, Premier ministre mais le risque est grand de se marcher sur les pieds !
La difficulté et le danger de partager le pouvoir sont des faits évidents aujourd’hui à l’intérieur des
palais présidentiels et cours royales à travers le monde. En tant que Premier ministre, Ousmane
Sonko aura certes la haute main sur les nominations aux hautes fonctions de l’État et son parti le
Pastef doit être au centre des décisions d’un côté et de l’autre, la coalition « Diomaye-Président »
constituée des leaders politiques et personnalités sénégalaises ayant apporté directement leur
soutien au candidat Bassirou Diomaye Faye va aussi peupler le palais présidentiel Dakarois dans un
office de courtisaneries.
Si le Premier ministre Ousmane Sonko décide de tout surveiller sur le pouvoir, en jetant des coups
d’œil à la fois sur la gestion au sein palais présidentiel qu’au sein des Ministères, il aura rapidement
à faire avec l’entourage du président Bassirou Diomaye Faye. S’il fait office d’un chef de
gouvernement très omnipotent, omniprésent partout à la fois en tant que coordonnateur de l’action
gouvernementale, il se fera également des ennuis auprès des courtisans du président Bassirou
Diomaye Faye.
Si Ousmane Sonko filtre trop les décisions venant de la présidence et émet beaucoup de réserves au
motif d’une quelconque rigueur ou d’une incohérence avec la ligne du Pastef, il se fera encore taper
les doigts au marteau. Il ne faut jamais exclure ou perdre de vue l’idée de la création d’un parti
politique par les proches du président Bassirou Diomaye Faye pour se défaire de la tutelle du Pastef
ou de Sonko !
Nous avons déjà observer plusieurs cas de partage de pouvoir d’État qui ont fini par échouer
inexorablement et lamentablement à travers l’Afrique par défaut de réaliser la « méthode Poutine-
Medvedev » et ce, malgré la proximité des acteurs. On peut citer pèle mêle Thomas Sankara-Blaise
Compaoré au Burkina Faso, Mamadou Tanja-Hama Amadou, Issoufou Mahamadou-Mohamed
Bazoum , ces deux derniers cas restent très illustratifs et emblématiques au Niger.
Malgré que le pouvoir semble facilement été gagné par le président Bassirou Diomaye Faye à cause
de la mobilisation populaire exceptionnelle pour voter en faveur du changement le Mars dernier, il
peut s’effriter tout aussi facilement, si les acteurs ont été déçus par une gouvernance trop clanique
et moins intelligente. Il va donc falloir user d’une bonne dose d’intelligence pour faire la rupture
politique tant prônée, le développement tant vanté et le changement qualitatif tant clamé
également, sans briser les différences, les divergences, qui ne sont que des contingences souvent
émotionnelles passagères face à la réalité du pouvoir d’État.
MOUSSA NAGANOU