Le terrorisme au Sahel rime avec les multiples organisations dont les ramifications s’étendent aux quatre coins du monde, tel un cancer qui a fini par se métastaser. Ces organisations terroristes qui ont une envergure internationale ont noué des partenariats avec les groupes locaux afin de s’implanter dans les régions en parfaite complicité avec ces derniers.
C’est le cas de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) qui est une organisation militaire et terroriste née le 15 mai 2015 d’une scission d’Al-Mourabitoune. C’est en 2019 que, l’État islamique intègre l’État islamique en Afrique de l’Ouest. En mars 2022, le groupe obtient sa propre wilayat, revendiquant désormais ses opérations sous l’appellation de wilayat al-Sahel.
L’enracinement de ce mouvement terroristes est fort prononcé au Mali, en témoignent les opérations menées le lundi passé dans le Nord-est de ce pays qui a abouti à l’encerclement de la ville de Ménaka, au même moment où la commune de Tidermene est définitivement entre les mains de l’EIGS.
Pour mémoire, en 2021, les régions de Gao et Ménaka ont été le théâtre d’une vaste offensive de l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS). On avait assisté à d’intenses batailles avec les groupes armés implantés dans ces régions et surtout au massacre de civils.
La capacité de nuisance et l’expansion fulgurante de l’EIGS, dans la région notamment dans la zone des trois Frontières lui a valu d’être considéré comme le groupe terroriste le plus influent qui désormais impose son dictat aux chefs terroristes à la tête de groupuscules armées dont la survie dépend nécessairement de leur allégeance avec ce dernier. C’est un fait que la plupart des attaques terroristes dans les pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont revendiqués par l’EIGS.
L’EIGS règne en maître dans la région et la survie des autres groupes ne peut s’assurer que sous leur bénédiction. Les spécialistes s’interrogent aujourd’hui sur les intentions réelles de l’EIGS dont l’extension dans la région ne saurait uniquement avoir de motif que les attaques terroristes.
C’est pourquoi, les observateurs avertis estiment que cette organisation a des ambitions politiques voire hégémoniques, seuls paramètres susceptibles d’expliquer cette folie meurtrière. Chose curieuse, les groupes terroristes, ennemis des Etats démontrent mieux une intelligence à la coopération contrairement à certains Etats qui sont leurs victimes.
Les États-majors de ces organisations terroristes ont mieux développé et déployé une synergie d’actions qui leur permet d’agir de façon concertée, donnant malheureusement l’impression que l’art de la stratégie militaire est le lot des terroristes, tandis que certains Etats se divisent et se perdent en conjecture dans des promesses mirobolantes à leurs populations. Au Burkina Faso et au Mali surtout, les Etats disputent le contrôle du territoire avec l’EIGS, qui menace les villageois de déguerpissement. Il est temps de prendre conscience !
ABOUBACAR SOUMAÏLA