7 morts et 30 blessés, c’est le lourd bilan qui découle des manifestations en Guinée Conakry, suite à l’appel des forces vives, un collectif de partis politiques, de syndicats et d’associations de la société civile déterminé à combattre les travers du régime du colonel Mamady Doumbouya. Des heurts ont éclaté entre les forces de l’ordre et les manifestants dans la journée du mercredi, le 10 Mai sur fond de protestations contre la junte militaire qui est aux commandes de la Guinée depuis 2021 et n’a toujours pas rendu le pouvoir aux civils.
Le Front Nationale pour la Défense de la Constitution conteste la junte militaire au pouvoir en Guinée, qui a dissout cette organisation et exige la libération de ses militants en prison. Il faut relever que la libération des trois hommes ainsi que de tous les prisonniers qualifiés de ‘’politiques’’ par l’opposition constitue le socle des revendications des Forces vives de Guinée. En outre, ces forces désormais farouchement opposées à la junte militaire guinéenne exigent surtout un dialogue en vue d’un retour rapide des civils à la tête du pays, ainsi que la levée de l’interdiction de toute manifestation instaurée par la junte en 2022 jugée liberticide par l’opposition guinéenne.
La Guinée Conakry vient ainsi de ressusciter son douloureux passé politique fait de manifestations meurtrières qui ont caractérisé presque tous les régimes depuis le président Sékou Touré et ses successeurs. Le régime du président Sékou Touré était connu pour ses répressions brutales contre l’opposition dont les différents leaders ont été contraints à l’exil, de peur de se voir emprisonnés dans le très tristement célèbre camp Boiro.
La paranoïa des complots s’était vite emparée de Sékou Touré dont l’élimination des opposants était inscrite au fronton de la défense de son régime. On a malheureusement inculqué aux populations guinéennes l’idée que toute manifestation contre le pouvoir devrait être réprimée dans le sang.
Les régimes successifs ont malheureusement retenu la macabre leçon des tueries des manifestants et ce, même sous le régime prétendument démocratique du professeur Alpha Condé. On avait espéré que ces sombres pages de l’histoire de la Guinée Conakry étaient définitivement tournées, avec surtout l’avènement du colonel Mamady Doumbouya, lui qui a marqué les esprits des guinéens et de la communauté internationale par l’ouverture du procès du 28 Septembre en amenant désormais tout pouvoir en Guinée d’éviter de sombrer dans de telles pratiques, quitte à se faire rattraper par l’histoire.
Le capitaine Dadis Camara et ses présumés complices sont aujourd’hui jugés pour des actes exécrables qui, on l’espère mettront définitivement un terme à de telles barbaries en Guinée et dans les autres pays africains. Mais grande est aujourd’hui la désillusion de constater que le régime du colonel Mamady Doumbouya vient de succomber aux mêmes travers qu’il a décriés en instruisant le procès du 28 Septembre.
La junte militaire guinéenne devra développer une vigilance accrue, afin de ne pas reproduire les erreurs des anciens régimes dont elle se sert aujourd’hui pour asseoir sa crédibilité aux yeux des guinéens et de la communauté internationale. C’est pourquoi, accélérer le retour des civils au pouvoir lui permettra de faire l’économie d’éventuels crimes, avec le risque de voir son image écornée par les tueries qui par le passé ont précipité la chute des régimes guinéens dont les mains des leaders sont tachées de sang de leurs propres concitoyens.
ABOUBACAR SOUMAÏLA