L’Afrique a du mal à exprimer son intelligence politique, économique et culturelle depuis l’accession à l’indépendance de ses pays membres. Accrochée toujours à son passé souvent de défaites pour accuser les autres d’être la cause de son malheur.
Même lorsque des leaders de certains pays africains s’accrochent au passé glorieux du continent, ils n’en font pas mieux ou une quelconque preuve d’intelligence par des actions adéquates que d’amuser les populations par des décisions visant à montrer qu’ils ont le courage de défier les autres.
Or, la preuve d’intelligence vaut mieux que toute tentative d’instrumentalisation pour des intérêts politiques limités qui ne visent qu’à asseoir son égoïsme politique, sans poser les véritables actions pouvant servir à transformer la donne utilement ou à faire prospérer la réalité des données géostratégiques et politiques du monde, en constante évolution. L’Afrique n’a jamais été en dehors des grandes transformations, qui interviennent dans le monde ou même, au cœur de celles-ci.
Depuis les années 2010, des parties importantes du monde traversent de turbulences voire des transformations, qui impactent forcément le reste du monde dont le Sahel, sans que les dirigeants africains prennent la mesure d’une telle géopolitique, à l’exception de quelques uns que les autres considéraient déjà comme les valets de l’Occident pour s’y être intéressés.
Aujourd’hui que les défis sont apparus au grand jour, les dirigeants du Sahel tournent en rond pour n’avoir pas développé de capacités d’anticipation comme au Mali et au Burkina Faso. En revanche, au Niger, en Mauritanie ou en Algérie, où les dirigeants ont vite perçu les dangers de l’insécurité venir de loin depuis l’Iraq ou l’Afghanistan.
D’autant que ce sont les mêmes combattants qui s’y étaient rendus en Afghanistan ou en Iraq pour se former dans les Medersas ou dans les camps d’enrôlement et de radicalisation que l’on a aperçus dès les premières heures de la guerre en Libye en 2011. Dans les pays ci haut cités, les dirigeants ont su insuffler une dynamique réelle de renforcement de la gouvernance inclusive pour intégrer déjà la question de sécurité.
Pendant ce temps, au Burkina Faso et au Mali les dirigeants ont considéré que c’est une affaire des religieux sans prendre des mesures de renforcement de leurs institutions démocratiques et de la gouvernance politique. La situation sécuritaire ayant usé de la religion pour se nourrir de la pauvreté ambiante de la jeunesse, de l’amenuisement des champs de cultures et de pâturages, qui a également accentué les conflits locaux entre agriculteurs et éleveurs en préparant le lit à la violence de toute nature.
Aujourd’hui encore, si l’on croit régler ces types de violence avec une solution du « tout militaire », il faut dire que c’est un combat perdu d’avance. Parce que l’on a beau étouffer ou écraser les déjà désignés coupables, le problème n’est jamais réglé tant qu’on n’inspire pas la solution globale consistant à investir dans le mécanisme du développement.
Les juntes militaires du Burkina Faso et du Mali peinent toujours et entrainent leurs pays dans le chaos, sans tirer les leçons de leurs errements liés aux limites de la gouvernance. Les juntes militaires Goïta et Traoré vivent de populisme et s’entretiennent mutuellement un déni de réalité.
Il est temps qu’elles se réveillent et se ressaisissent enfin en cessant de multiplier les fronts avec d’autres pays et d’autres forces. Parce qu’avant tout, le terrorisme n’est pas une guerre de prestige mais au contraire une est une guerre de l’intérieur du territoire qu’on détruit lentement et à petit feu.
MOUSSA NAGANOU