La coopération entre le Mali et le Burkina Faso se renforce au grand dam de la France. En témoigne, la visite de travail du Premier ministre du Burkina Faso, Me Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela, du 31 janvier au 1er février 2023 à Bamako. Officiellement, cette visite s’inscrit dans le cadre du renforcement des liens d’amitié, de solidarité et de la coopération entre les deux pays.
Ces deux pays présentent des similitudes au sommet de l’État. Ce sont deux pays gouvernés aujourd’hui par des putschistes, tous propulsés à la faveur de la dégradation de la crise sécuritaire causée par les terroristes.
Assimi Goïta au Mali et le capitaine Ibrahim Traoré se sont hissés au sommet de leurs États respectifs à chacun, en invoquant l’incapacité de leurs prédécesseurs à éradiquer la percée djihadiste devenue un calvaire au quotidien pour leurs populations respectives.
En outre, les deux juntes au pouvoir manifestent un profond rejet vis à vis de la France, même si la rupture d’avec la métropole paraît totale avec Mali et pour le moment partielle avec le Burkina Faso. L’une des conséquences communes à la rupture de la coopération militaire d’avec la France, est le partenariat avec les russes, à travers surtout la nébuleuse entité Wagner.
Le nouveau partenaire désormais privilégié par les deux pays est la Russie et les « rues » des deux pays apportent leur ferme soutien au renforcement de cette coopération. Le nouveau messie russe a de toute évidence évincé l’ennemi juré français au pays de Modibo Keita et de Thomas Sankara.
Certes, contrairement au Mali où le rejet de la France s’est fait avec une singulière brutalité, le Burkina Faso au contraire use de plus de tact pour affirmer sa nouvelle position, vis à vis de la métropole.
Il est notoire que la « contagion » du Mali sur le voisin burkinabè a été une réussite pour les partisans anti-français voire pro-russes qui distillent une propagande virulente à l’endroit de la France, en la faisant endosser l’entière responsabilité des affres subis par les populations, du fait des attaques terroristes.
En somme, le tandem Goïta -Traoré est désormais dans une logique de renforcement mutuel de leurs stratégies contre la présence française et l’élargissement de leur coopération vers le Kremlin, en prétextant une diversification de la coopération.
La France fait face désormais à l’émergence d’un « noyau dur » enclin à favoriser l’effet domino dans la sous région, tant son concurrent avéré la Russie est passée maître dans la manipulation des consciences de nouvelles générations africaines aujourd’hui éprises de justice, qui arpentent les rues de certaines capitaines, détruisant l’image de cette France qui ne cesse de perdre le terrain faute d’avoir anticipé une stratégie adaptée en amont.
Mais aujourd’hui, Paris s’engage de son côté pour changer de logiciel de partenariat en vue notamment d’inclure les aspirations légitimes des citoyens de ses anciennes colonies avec lesquelles plusieurs intérêts sont partagés entre les différentes générations.
ABOUBACAR SOUMAÏLA