Traoré rassure, Doumbouya ruse, Goïta s’entête !
Le dimanche prochain (4 décembre 2022), les dirigeants de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) vont se réunir à Abuja. Au menu de leur rencontre, entre autres, le retour à une vie constitutionnelle normale dans les 3 pays de l’espace communautaire dirigé par des transitions militaires. Les dirigeants de l’organisation communautaire Ouest africaine feront le point de la situation politique au Burkina Faso, en Guinée-Conakry et au Mali, où les officiers en armes au lieu de s’occuper de la sécurité de leurs pays, se battent pour le pouvoir à Ouagadougou, à Conakry et à Bamako !
Le capitaine Ibrahim Traoré rassure
Point d’inquiétudes soulevées par Issoufou Mahamadou, le Médiateur de la CEDEAO pour le Burkina Faso. Samedi dernier (26 novembre 2022), au sortir d’un entretien avec le Chef de l’Etat burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, l’ancien président du Niger a laissé entendre qu’il a une convergence de vue avec ce dernier sur la conduite de la transition. Autrement dit, pas de remise en cause du calendrier électoral, notamment de la durée de la transition fixée à 24 mois, ni de doute sur le caractère inclusif du processus politique. Preuve de la sérénité qui a prévalu au cours de ce tête-à-tête, cette fois, contrairement à sa première visite le 2 octobre, soit 48 heures après le coup d’Etat dit de rectification qui a fait partir le lieutenant colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba du pouvoir. Le capitaine Ibrahim Traoré a accueilli le Médiateur de la CEDEAO sans son masque, avec un sourire rassurant. Côté acteurs politiques, pour l’heure, on n’enregistre aucune voix discordante, les esprits, à ce niveau, restant focalisés sur la situation sécuritaire du pays très inquiétante nécessitant une grande mobilisation nationale.
« Le Burkina Faso ira à sa manière, sans se fâcher avec qui que ce soit, et sans tricher sur aucune ardoise », a confié un ressortissant burkinabè à Niamey qui suit bien l’actualité politique dans son pays.
Le Colonel Mamady Doumbouya ruse
A Conakry, le colonel Doumbouya a trouvé la bonne formule pour calmer la rue. Les guinéens sont en ce moment branchés sur le procès ‘’historique’’ des événements tragiques du 28 Septembre 2009. Depuis lors, le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) piloté par la société civile n’a plus fait parler de lui.
En tout cas, depuis belle lurette, pas une seule manifestation dans les artères de la capitale guinéenne. Tout de même, les acteurs politiques eux demeurent sur le qui-vive. Les partis les plus en vue ont catégoriquement décliné l’invitation de participer à des assises nationales.
Il y a des préalables à régler, disent-ils, notamment l’arrêt des poursuites contre certains leaders en lien avec des supposés crimes économiques qui leur sont imputables, la garantie d’une bonne représentativité politique à ce prochain dialogue national dont les conclusions ne doivent être nullement orientées. Comme quoi, en Guinée Conakry, la situation politique n’a pas avancé d’un millimètre, en dehors de l’acceptation par le colonel Doumbouya de la durée de 24 mois pour la transition. Les dirigeants Ouest africains vont probablement tirer les oreilles de Doumbouya, en faisant pression sur Conakry, afin de faire bouger les lignes et demander au Médiateur de la CEDEAO pour la Guinée, l’ancien président béninois Thomas Yayi Boni de mouiller davantage son boubou.
Le colonel Assimi Goïta s’entête
Au Mali, le texte de la nouvelle constitution à venir est loin de faire l’unanimité. Il est même contesté par une frange importante de la société civile et de l’opposition qui demande carrément de le mettre dans le placard et de proposer un autre plus consensuel.
Or, sans une convergence de vue à ce niveau, difficile de faire évoluer le dossier politique. Cependant, cette levée de boucliers suscitée par le projet de constitution semble tombée dans les oreilles de sourds. Imperturbables, les autorités de la transition poursuivent le processus de la transformation politique comme elles l’entendent. Ce qui laisse craindre, aux yeux de nombreux acteurs maliens, une confiscation totale du processus ‘’démocratique’’ par les colonels de Kati.
L’entêtement du colonel et de ses compagnons d’armes n’est pas qu’à ce niveau. Le dossier des militaires ivoiriens embastillés depuis le mois de juillet n’a également pas évolué. Il viendra sûrement s’ajouter à l’examen de la situation politique au Mali par les Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO à Abuja, le dimanche prochain. Il y a là de quoi réactiver la mission de l’ancien président du Nigeria Goodluck Jonathan (Médiateur de l’organisation Ouest africaine pour le Mali) qui n’a plus fait signe de vie à Bamako, depuis plusieurs mois.
OUMAROU KANE