L’actuel procès contre les auteurs présumés de la tentative de coup d’Etat de la nuit du 30 au 31 mars 2021 nous rappelle à quel point des velléités putschistes existent de manière régulière au sein de l’armée nigérienne, comme c’est le cas dans les autres pays de la sous-région. Une situation qui appelle à la vigilance des forces qui ont pour mission de préserver les institutions républicaines.
La tentative du 30 au 31 mars fait suite à plusieurs projets de déstabilisation des institutions de la République menés par des militaires visiblement aventuriers. Les prétextes de périls que courrait la République, ne sont souvent que des cache-sexes destinés à masquer des ambitions pouvoiristes de leurs auteurs, ou leurs commanditaires tapis dans les arcanes de la politique.
A titre de rappel, plusieurs tentatives de putsch ont été déjouées pendant les deux mandats du Président Issoufou Mahamadou, grâce à la vigilance des services de renseignements, mais également à la puissance de feu dissuasive de la garde présidentielle, sans oublier la loyauté à toute épreuve de la majeure partie des hauts gradés de l’armée.
Après les deux mandats d’Issoufou Mahamadou sous alerte permanente (c’est le moins que l’on puisse dire), l’on pouvait penser que l’époque des coups d’Etat était révolue au Niger. Mais, adopter cette posture revient à ignorer l’histoire de la République du Niger postindépendance. Une histoire jalonnée de coups d’Etat réussis (4 à savoir ceux de Kountché, Baré, Wanké et Salou) et d’innombrables tentatives échouées, grâce à la loyauté des éléments de l’armée restés républicains, et à la vigilance des services de renseignement notamment la Direction Générale de la Documentation et de la Sécurité extérieure (DGDSE).
Aujourd’hui encore, alors que le président de la République s’achemine vers sa deuxième année à la tête de l’Etat, la vigilance est de mise. En effet, les forces centrifuges sont toujours aux aguets pour se lancer dans l’aventure de remise en cause de la démocratie. Surtout dans ce contexte de montée en puissance de nouvelles forces impérialistes notamment la Russie, qui a déjà réussi à s’imposer dans plusieurs pays africains à travers des militaires acquis à la cause de Poutine. Même si l’on peut toujours compter sur la loyauté de l’écrasante majorité des officiers de l’armée nigérienne (les hommes de rangs étant souvent des exécutants) qui restent des ardents partisans d’une armée républicaine, le travail de veille et de vigilance doit être permanent afin de pallier toute éventualité de tentative.
Ce d’autant plus que la démocratie nigérienne est assez fragile à cause des dissensions politiques, qui sont exacerbées par certains hommes politiques qui ont décidé de ne pas se fixer des limites dans le cadre de leur lutte pour accéder au pouvoir. Ce sont ces crises politiques qui sont souvent mises en avant par des militaires visiblement toujours aux aguets, pour jouer le rôle trompeur de rempart qui ne vise qu’à faire aboutir des ambitions de pouvoir que la démocratie ne permet pas.
Tout se passe comme si une minorité d’éléments de la hiérarchie militaire a décidé de ne pas regarder vers la brousse ou s’activent les groupes terroristes, pour pointer le regard vers le palais présidentiel, en s’éloignant ainsi du sacerdoce pour lequel ils ont porté le treillis à savoir la défense de l’intégrité du territoire national.
Pour empêcher des militaires de tenter de porter des coups aux édifices démocratiques, il y’a du travail à faire. D’abord mener des campagnes de sensibilisation au sein de la grande muette sur la constitution nigérienne et sur la primauté de celle-ci sur le règlement militaire, faire comprendre à l’armée qu’elle n’est absolument pas un rempart face à des situations de crise (la démocratie ayant enfanté des mécanismes de résolutions de conflits), et conscientiser la classe politique sur le nécessité d’avoir un sens de responsabilité et une éthique républicaine indispensable à l’encrage et à la vitalité de la démocratie.
Mais qu’on se le dise : ces trois objectifs sont loin d’être des solutions miracles. Il existera en effet toujours des militaires pour entreprendre des aventures même sous des prétextes fallacieux. Vigilance, vigilance, vigilance.
GARE AMADOU