Soudan, les espoirs d’une trêve pointent à l’horizon après trois semaines de combats meurtriers, qui continuent malheureusement d’endeuiller les populations désormais coupées de toute source de vie. Les multiples exhortations au cessez-le feu exprimées à travers le monde sont restées lettres mortes, face à la ferme détermination des deux généraux El Burhane et El Hemedti, chacun à vouloir sortir coûte que coûte vainqueur de cette sale guerre qui constitue aujourd’hui une véritable honte pour l’Afrique.
Face au pourrissement avancé des conditions de vie des populations, aujourd’hui prises en étau par les deux généraux, la communauté internationale n’a pas baissé les bras pour autant et multiplie les actions en vue d’aboutir à un cessez-le feu salvateur pour les populations soudanaises aujourd’hui laissées pour compte. C’est à ce titre que des initiatives parallèles ont cours en Arabie Saoudite sous la tutelle des États-Unis d’Amérique et de l’ONU mais aussi à Djouba au Soudan du Sud sous les auspices des pays africains décidés à faire aboutir une trêve par un cessez-le-feu.
Le général El Burhane et son rival El Hemedti ont dépêché leurs représentants à Jeddah, sous le regard de Washington et de Ryad, le tout suivi de près par Antonio Guteres, secrétaire général des Nations-Unies. Le cessez-le-feu à la crise soudanaise est à la croisée des chemins entre une solution exogène, importée et celle à l’africaine issue d’une entente entre frères soudanais par les pays africains qui gagneront à exprimer leur indépendance, voire leur honorabilité grâce à un succès à l’interne.
Quant à la solution émanant des tractations à l’international entre grandes puissances, elle porte sûrement le cachet d’une guerre par procuration suscitée par les intérêts égoïstes des puissances étrangères qui lors des négociations voudront se partager la part du gâteau soudanais représentée par ses ressources minières tant convoitées
En outre, elle aura aussi pour inconvénient d’envoyer un signal fort au reste du monde en confortant l’idée néfaste développée autour de l’incapacité des africains à gérer leurs propres crises. Les exemples de conflits en Afrique qui ont nécessité l’intervention voire l’interventionnisme de la communauté internationale sont malheureusement légion et ont grandement contribué à entretenir ce préjugé contre les africains incapables de gérer leurs propres crises, sans l’assistance étrangère.
Par ailleurs, le continent africain demeure toujours assujetti aux guerres par procuration qui témoignent malheureusement d’un profond manque de maturité de la plupart de ses élites politiques embarquées dans la défense de leurs intérêts, quitte à sacrifier ceux de leurs populations. La crise au Soudan est une opportunité à saisir pour l’Union Africaine qui ne devra pas s’accommoder d’une solution importée qui témoignera à coup sûr d’un manque de leadership des dirigeants africains à l’international.
ABOUBACAR SOUMAÏLA