Au Sénégal, l’opposant Ousmane Sonko est sorti de son mutisme juste au lendemain de son procès dans l’affaire qui l’oppose à Adji Sarr, la masseuse de Dakar dont le verdict est prévu pour le 1er Juin. C’est en effet, à une véritable démonstration de force que se prépare Ousmane Sonko, en bloc uni avec ses partisans, suite à ce que le leader du Pastef considère toujours comme « une injustice flagrante contre tous les démocrates sénégalais qui devront serrer les rangs pour barrer la route aux sombres desseins politiques du président Macky Sall ».
Ce n’est pas étonnant pour qui connait la force de mobilisation de l’opposant Ousmane Sonko dont les mots d’ordre ont réussi à mobiliser la rue sénégalaise et durement secoué le pouvoir de Macky Sall. La bataille de Dakar vient d’être ainsi annoncée et le président Macky Sall est désormais averti, sur le plan politique.
Face au risque réel de se voir éliminé de la course à la présidentielle de 2024, Ousmane Sonko veut jeter toutes ses forces dans la bataille, tel un lion de la Teranga blessé mais malheureusement les derniers rugissements apparaissent lorsque les dés semblent déjà jetés !
Comment expliquer ce refus de se rendre à son procès alors qu’une telle attitude adoptée face à la justice lui sera à coup sûr préjudiciable ? La thèse de la corruption des juges à la solde du régime sénégalais ne doit pas être brandie pour se mettre en porte-à-faux avec la procédure judiciaire dont les conséquences de sa violation sont bien connues des avocats d’Ousmane Sonko.
L’opposant dit ne pas avoir reçu de citation, alors que sa posture aujourd’hui sur l’arène politique sénégalaise devait l’interdire d’exiger ce genre de détails, en prenant son courage à deux mains pour affronter l’institution judiciaire, une démonstration qui lui aurait valu l’admiration des Sénégalais et même de tous les démocrates du reste du monde.
C’est pourquoi, il n’est pas étonnant qu’Ousmane Sonko décide aujourd’hui encore d’une véritable insurrection en demandant à ses partisans et tous les démocrates sénégalais de se rendre à Dakar par voie terrestre, en espérant recruter dans chaque village des jeunes pour rallier à sa cause, en vue de rendre gorge à Macky Sall. Cette fois-ci, il faut faire le focus sur la volonté de Macky Sall à briguer un troisième mandat, au moment où déjà des nombreux sénégalais épris d’alternance démocratique ont manifesté leur résistance à ce projet anti-démocratique.
Ce serait pour le jeune opposant, l’occasion de faire diversion afin d’emmener les démocrates sénégalais à mettre au second plan l’affaire très gênante de la masseuse de Dakar, en faveur de l’épineuse question du troisième mandat qui brasserait large dans l’espoir de bénéficier de grands renforts en faveur de sa lutte ultime. Renverser tout le système l’arrangerait à coup sûr, puisqu’une condamnation pourrait l’éjecter de la course à la présidentielle tant que la galaxie Macky Sall tient encore les rênes du pouvoir.
A ce titre, le leader du Pasef a dévoilé ses intentions à travers les propos tenus devant ses militants au lendemain de son procès « on a marqué un point important. On a gagné une bataille importante. Si j’étais resté à Dakar, on n’aurait pas cette victoire. On a déjoué leurs plans, maintenant, nous allons à Dakar pour l’ultime combat. Nous n’allons plus donner le choix à Macky Sall.
Soit, il recule de ses manigances, soit, on le déloge du palais. J’appelle toute la jeunesse qui croit en notre projet de tout laisser pour faire face à Macky Sall et en finir avec lui et son régime. Je vous le dis ici, Macky Sall va reculer ou nous allons le déloger. Je vous parle pour vous dire que je ne vais plus rester ici sans sortir. Avec votre bénédiction, je vais quitter Ziguinchor pour aller terminer le combat à Dakar. Je veux que la plupart des jeunes viennent avec moi mais que certains restent pour se battre sur le terrain. Mais, en tout cas, sachez que nous allons vers le combat final. S’il y’a une personne de qui je n’ai pas peur, c’est Macky Sall. Je lui ferais face pour qu’il recule ou qu’il quitte le palais ».
C’est donc un tournant décisif dans l’histoire politique du Sénégal, ici marquée par un appel à l’insurrection contre les autorités publiques. Un véritable face à face est ainsi annoncé et seul le principe du rapport de force inhérent à tout équilibre du pouvoir départagera à coup sûr ces nouveaux « belligérants politiques ». Le président Macky Sall, joue aussi son avenir politique face à ce bras de fer qui sera décisif pour les deux camps.
En outre, les détracteurs d’Ousmane Sonko pourraient aussi saisir cette opportunité pour l’accuser de porter atteinte aux institutions de la République et aussi pour incitation à la violence. Il aura dans ce cas offert gracieusement à Macky Sall, une nouvelle opportunité sur un plateau d’argent d’ouvrir contre lui un troisième procès, ce qui l’accablera certainemment, à moins que la révolution Ousmane Sonko devienne une réalité en chassant du pouvoir Macky Sall.
La foule surexcitée sous le révolutionnaire Ousmane Sonko parviendra-t-elle à réussir cette prise de la « Bastille à la dakaroise » mettant ainsi fin au pouvoir de Macky dont on considérera désormais comme un « Ancien Régime ».
ABOUBACAR SOUMAÏLA