« La situation est tragique. Pendant la période de soudure de cette année, des millions de familles n’auront pas suffisamment de réserves alimentaires pour les soutenir jusqu’aux prochaines récoltes en Septembre et beaucoup recevront une aide limitée, voire aucune, pour les aider pendant les mois difficiles à venir. Nous devons agir immédiatement pour éviter une plongée massive dans une faim catastrophique », a déclaré Margot Vandervelden, Directrice régionale par intérim pour l’Afrique de l’Ouest dans le communiqué ainsi publié.
La situation de l’insécurité alimentaire a atteint un niveau sans précédent depuis 10 ans en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, touchant 47,2 millions de personnes pendant la période de soudure de Juin à Août. Parmi elles, 45 000 personnes au Burkina Faso et au Mali font face à une faim catastrophique, selon l’analyse réalisée en Mars par le Cadre Harmonisé. Les taux de malnutrition ont également connu une augmentation alarmante, avec 16,5 millions d’enfants de moins de 5 ans risquant de souffrir de malnutrition aiguë cette année, soit une augmentation de 83 % par rapport à la moyenne de la période 2015-2022.
Le conflit demeure un facteur clé de la faim dans la région, entraînant des déplacements forcés de population qui ont conduit à l’abandon de villages entiers et qui limitent l’accès des communautés aux terres cultivables. Le conflit se propage également dans la région et atteint les pays côtiers, créant ainsi le risque de propagation de l’instabilité dans des zones jusqu’alors épargnées. En seulement six mois, le nombre de personnes fuyant la violence dans le Sahel central et cherchant refuge dans quatre pays du golfe de Guinée a presque quadruplé, passant de 30 000 en janvier à 110 000 personnes en juin.
La réponse du PAM pendant la période de soudure vise à apporter une aide alimentaire et nutritionnelle vitale aux familles confrontées à une grave famine lorsque les stocks de nourriture diminuent. Cependant, des investissements préventifs et des solutions intelligentes à plus long terme peuvent considérablement réduire la dépendance à de telles mesures d’urgence. Parmi ces solutions, on trouve des activités de renforcement de la résilience, des programmes de protection sociale et des mesures anticipées telles que les indemnisations d’assurance climatique.
Pour répondre de manière adéquate aux besoins d’urgence dans les cinq pays du Sahel au cours des six prochains mois (juillet-décembre 2023), le PAM a besoin de 794 millions de dollars. Ainsi donc cette situation doit interpeller nos états a prendre leur responsabilité face aux défis.
SOULEYMANE OUSMANE