La région d’Agadez est la grande porte du Niger, qui s’ouvre sur l’immense désert du Sahara et se projette vers l’Europe. Le reste du pays n’en est pas plus nanti par la nature que cela.
D’autant qu’au Sud agricole, jusqu’à Maradi et à l’Ouest dont Niamey et Tillabéry font face à la zone tampon d’exaction des terroristes, une zone dite des trois frontières entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Dans cette zone, les incursions meurtrières de l’Etat islamique au grand Sahara ont causé plusieurs centaines de morts et plus de deux millions de populations déplacées des trois pays.
A l’Est du Niger, à Diffa notamment, les forces de défense et de sécurité nigériennes se battent résolument contre ce qui reste de l’hydre de la secte terroriste Boko Haram dont les membres se livrent aujourd’hui à des attaques des pêcheurs, des commerçants sur les routes des marchés, du vol de bétail et des enlèvements souvent des populations civiles. La secte terroriste est réduite à sa simple expression, parce qu’en plus de la domination de l’armée qui lui a coupé toutes les sources de ravitaillement, elle est également traversée par une division interne entre ses membres, dont certains veulent s’allier à l’EIGS et d’autres à Al-Qaïda au Maghreb islamique.
Agadez pour ne pas désigner cette région est devenue sensible ces derniers temps, à cause de la multiplication des attaques des bandits armés, de la fréquence des vols à main armée, du trafic de drogue, du rapt des orpailleurs, des attaques des convois d’orpailleurs du site de Tabarkat. Cette région fait déjà frontière avec trois pays, où la question de sécurité est en première ligne de la politique nationale.
La région d’Agadez s’ouvre en effet aux pays comme l’Algérie, la Libye et le Tchad dont les frontières sont aussi ouvertes et poreuses à la fois. Mais la question de l’insécurité domine beaucoup au Tchad, en Algérie, qui refoule des migrants avec une violence remarquable au regard du nombre impressionnant, ou encore en Libye, où l’Etat lui-même est menacée jusque dans son existence. De la Libye, des combattants armés font des incursions jusqu’aux confins d’Arlit, la ville minière et s’attaquent surtout aux orpailleurs pour retirer les pépites d’or ou des fonds obtenus des travaux d’orpaillage.
Des sources concordantes précisent que plusieurs migrants et candidats à la traversée du désert passent par Agadez d’abord, avant de se jeter dans les eaux libyennes dans leurs quêtes de grimper les côtes européennes par l’Italie. Des crimes de tout genre s’opèrent sur les routes sablonneuses de cette vaste région désertique.
Le dimanche dernier 9 Avril 2023, « un convoi militaire ayant quitté le site aurifère de Tabarkat à destination d’Arlit est tombé dans une embuscade tendue par des bandits armés de nationalités étrangères et le bilan provisoire fait état de 5 morts et de 5 blessés », explique le procureur de la République du parquet d’instance d’Arlit.
Le tribunal d’Arlit recherche activement par la même circonstance de cet évènement « un individu malintentionné » qui a diffusé un élément sonore (audio) ayant été relayé à travers les réseaux sociaux et contenant des « propos mensongers de nature à troubler l’ordre public et surtout à porter atteinte à l’honneur d’une institution de la République», indique le procureur d’Arlit dans un communiqué.
Le procureur de la République qui dément formellement les propos affirmés dans l’élément sonore incriminé qui selon lui vise à « déplacer les responsabilités ». Selon la même source, l’individu recherché sera poursuivi conformément à la loi sur la cybercriminalité.
C’est le communiqué du chef d’Etat-major des armées du Niger, le général de division Abdou Sidikou Issa qui viendra donner davantage de précisions sur les circonstances de l’embuscade tendue par des bandits armés de Tabarkat. « Le dimanche 9 Avril 2023, aux environs de 7 heures l’escorte publique de Tabarkat composée de quatre Toyota montées de mitrailleuses 12,7 est tombée dans une embuscade à 170 km de Tabarkat, sur l’axe menant à Arlit. Les assaillants armés d’AK47 et de RPG7 étaient à bord de neuf Toyota montées de mitrailleuses 12,7. Le bilan côté ami est le suivant : 5 décédés, 5 blessés dont 3 évacués le même jour sur Niamey. Sur instruction du président de la République, le chef d’Etat-major des armées et les principaux responsables des forces armées nigériennes se sont immédiatement rendus sur place pour étudier avec le chef de l’Etat-major de l’opération Tchibarkaten et les responsables militaires de la zone, les mesures nécessaires à prendre », écrit le chef d’Etat-major des armées. Il a par ailleurs présenté au nom du président de la République ses condoléances les plus attristées aux familles des décédés et souhaité un prompt rétablissement aux blessés. Il a vivement encouragé les forces de défense et de sécurité, qui n’ont jamais cessé de prouver leur engagement ainsi que leur détermination dans leur mission de défense de l’intégrité du territoire national.
Le 2 Juillet 2022 déjà, en vue de prévenir de tels évènements, les populations d’Agadez ainsi que toutes les forces politiques s’étaient réunies dans un forum pour la paix et la sécurité de la région, sous la houlette du président Mohamed Bazoum. Plusieurs recommandations et engagements avaient été pris dont la mise en œuvre pourrait substantiellement créer un climat de paix et de sécurité.
Récemment encore, une mission de haut niveau composée du ministre de la défense nationale, Alkassoum Indatou, du ministre de l’Intérieur, Hamadou Adamou Souley ainsi que de l’ancien chef d’Etat-major des armées, le général des corps d’armées Salifou Mody pour aller s’enquérir de l’Etat d’avancement de la question sécuritaire dans la région. Il faut dire que sous c’est sous l’instruction du président Mohamed Bazoum. La question sécuritaire de la région d’Agadez doit être désormais totalement prise en charge avec un dispositif adéquat à l’instar de Diffa et de Tillabéry, qui ont bénéficié d’une attention particulière des plus hautes autorités politiques et militaires.
MOUSSA NAGANOU