Pour vaincre le mal du Sahel, des idées et des initiatives inspirantes existent bien au-delà des espoirs de la région. La capacité et les succès réalisés par la force multinationale mixte (FMM) expérimentée pour faire face aux défis sécuritaires dans le bassin du Lac Tchad sont suffisamment illustratifs pour servir aux dirigeants africains de repère à la mutualisation effective des stratégies sécuritaires et politiques.
Les errements qui ont retardé la création institutionnelle ainsi que la formation de la force multinationale mixte au bassin du Lac Tchad ont été vaincus. Une victoire retentissante, d’autant qu’elle a permis de dépasser les velléités « séparatistes » du Cameroun face au Nigéria et même d’intégrer les conditions d’engagement, de participation et de mutualisation des pays membres, tout comme ceux non membres comme le Bénin à la force multinationale mixte, à partir de 2012.
Au regard de la réalité de terrain, telle que décrite par les spécialistes et autres chercheurs en géopolitique et économique, un leadership fort est nécessaire à la création d’un climat de confiance et d’adhésion à la mutualisation effective des stratégies politiques, économiques et sécuritaires en Afrique, au-delà même du Sahel. En 2012, n’eut été l’engagement du président nigérien Issoufou Mahamdou, très imprégné des questions géostratégiques, politiques et économiques, la force multinationale mixte allait être inutilement freinée par le refus du Cameroun à y adhérer.
Ainsi, le leadership est un élément géostratégique nécessaire dans un espace donné pour mieux gérer la géopolitique du moment et pour l’avenir, sans lequel, il n’y aura ni de synergie d’action, ni de renforcement et de mutualisation des moyens existants. Le de la secte islamiste Bako Haram née aux confins du Nigéria sous les falaises du Mandara et dans la forêt de Sambisa a été conjuré, vaincu et mis hors d’état de nuire par l’engagement fort des Etats autour de la force multinationale mixte (FMM) qui a facilité la tache à l’opération Lafiya dolé (OPLD) du gouvernement nigérian.
Dans ce numéro, Dr Mouhamadou Umaté, spécialiste en relations internationales explique le processus de la naissance de la force multinationale mixte (FMM), qui remonte en 1994. En interrogeant les faits aujourd’hui près de trente ans après, l’histoire donne raison aux pères fondateurs et inspirateurs de l’idée d’une telle institution stratégique et militaire devenue vitale pour la région, qui a sauvé le bassin du Lac Tchad de ses ennemis tenant contre et envers tout (coute que coute) à sa dislocation certaine, en vain.
Les expériences et les résultats tangibles de la force multinationale mixte traduisent à suffisance, une fois de plus l’idée tant galvaudée et prônée de l’unité africaine des pères des indépendances africaines des années 1960 comme une solution incontournable de la paix, de la sécurité et du développement du continent. « Toutes les troupes sont sous l’autorité d’un seul Etat-major et opèrent comme une force d’une même nation. Les territoires des Etats membres constituent son champ d’opération ».
C’est exactement un exemple, un modèle de solidité et d’unité en Afrique pour imposer des conditions de paix durable. Aussi, il est beau de remarquer que « c’est la complémentarité des efforts entre la FMM et l’OPLD qui a permis d’enregistrer des résultats substantiels dans la lutte contre le groupe Boko Haram aussi bien sur leur territoire d’origine que dans le bassin du Lac Tchad, en général ».
La mutualisation des stratégies de développement dans toute leur diversité passe pour une nécessité absolue aujourd’hui encore, où le monde est plus que jamais éprouvé chaque jour par des événements imprévus et inédits par leurs envergures dévastatrices et appellent à une plus grande solidarité. L’inefficacité voire l’obsolescence des vieilles organisations internationales malgré leurs encrages et leurs envergures en appellent également à l’inspiration d’autres plus adaptées aux réalités du moment pour contenir les crises multiformes, qui apparaissent et disparaissent du jour au lendemain. Lire plutôt l’analyse bien documentée du spécialiste de Mourya en relations internationales, Dr Mahamadou Umaté pour ne pas le nommer.
MOUSSA NAGANOU