Le Sahel est l’une des régions de l’Afrique de l’Ouest la plus éprouvée aujourd’hui, du fait des défis sécuritaires multiples résultant surtout de la compétition féroce, voire des conflits d’intérêts autour des ressources vitales. Cela a fini par créer des vulnérabilités diverses affaiblissant ainsi les populations et accentuant, voire aggravant en même temps les conflits entre les communautés vivant jadis en parfaite symbiose avec un partage équitable des biens moraux et socioéconomiques du terroir.
Les groupes armés terroristes (GAT) en justifiant leur violence par le besoin de se faire justice par eux-mêmes et ce du fait d’un sentiment de frustration, d’exclusion sur les biens économiques dont le règlement n’appelle forcément pas une réponse 100% militaire. Mais la plupart des Etats de la région du Sahel ont opposé à ce problème une réponse systématiquement militaire et le refus catégorique d’écouter les concernés lorsqu’il s’agissait des rebellions, tout comme aujourd’hui avec sa forme nouvelle se traduisant par le terrorisme pour espérer ainsi venir à bout du mal par la volonté de vaincre ou d’éradiquer avec une violence plus grande.
Le Niger passe ainsi aujourd’hui pour être l’un des rares pays du Sahel à capitaliser son expérience dans la gestion des crises sociopolitiques majeures. La création de la haute autorité à la consolidation de la paix (HACP) est le fruit d’une telle capitalisation d’expériences, qui permet de matérialiser concrètement sur le terrain aujourd’hui la réponse globale aux défis sécuritaires par une approche inclusive et communautaire inspirée des éléments, des réalités endogènes.
La haute autorité à la consolidation de la paix est une institution déjà semi-militaire et semi-civile permettant d’accompagner l’expérimentation de l’approche globale. Elle contribue en accompagnant l’application de la réponse politique et celle économique, en appliquant ainsi les réponses non militaires à la crise sécuritaire, notamment à la rébellion ou au terrorisme.
Cette institution a pour rôle fondamental d’accompagner les forces de défense et de sécurité dans la recherche et la consolidation d’un dialogue politique avec les populations impactées par le terrorisme. Elle participe également à développer des projets à caractère économiques pouvant contribuer à solutionner les causes profondes des conflits au profit des populations déjà éprouvées par le terrorisme.
Sur le plan national, la haute autorité à la consolidation de la paix a développé une réelle expertise dans la gestion des crises sociales et politiques, à tel point que le Niger est devenu un véritable laboratoire dans le domaine. Une des rares institutions la mieux documentée, qui a permis au pays de mettre en place un réseau puissant de renseignements, des relations et des mécanismes de règlements des conflits.
Sur le plan régional et international, le Niger est devenu un grand symbole de succès en matière de règlement de conflit et les autorités en place en ont insufflé une dynamique réelle.
MOUSSA NAGANOU