La mort de l’opposant congolais Chérubin Okendé fait l’objet d’une véritable exploitation opportuniste sur le plan politique pour de nombreux acteurs qui animent l’arène politique du Congo, à quelques mois des élections présidentielles. Encore une autre épine dans les pieds du président congolais Félix Tshisekedi et non des moindres avec l’assassinat de l’opposant et député congolais Chérubin Okendé, ce jeudi 13 Juillet 2023 alors que ce dernier s’était rendu à la cour constitutionnelle.
La classe politique congolaise se déchaîne pour que le crime odieux ne soit pas impuni et crie dans l’ensemble à un assassinat politique. Un assassinat apparu dans un contexte de crise politique, du fait du rejet de la liste électorale par une partie des acteurs politiques congolais qui y voit les possibilités de fraudes massives, en faveur du régime de Félix Tshisekedi.
Aussi, le crime perpétré contre Chérubin Okendé, un proche de Moïse Katumbi dont les relations connues pour être tendues avec le système Tshisekedi ne peut amener les observateurs avertis de la scène politique congolaise de se pencher plus vers la piste de l’assassinat politique malheureusement de mise dans ce pays depuis le cas emblématique du très célèbre Premier ministre Patrice Lumumba juste après l’accession à l’indépendance. La thèse de l’assassinat politique bât déjà son plein et ne souffre d’aucun doute, à en croire l’opposant congolais Moise Katumbi, président du parti politique Ensemble pour la République, dont Chérubin Okende était le porte-parole, qui a immédiatement qualifié ce meurtre d’un « assassinat politique ».
« Je suis très en colère, je suis très triste. C’est un assassinat politique pour Chérubin qui était la voix du parti. Quand on ne contrôle plus rien dans le pays, on arrête mes conseillers et mes partenaires, on tue, et on veut nous réduire au silence. Nous n’allons jamais accepter ».
Et de réclamer une enquête indépendante pour, selon lui, « savoir la vérité ». Mais cette enquête devra se faire en dehors des institutions congolaises, d’autant plus que le président « d’Ensemble pour la République », affirme ne plus avoir confiance à ces institutions sous commande désormais de Félix Tshisekedi.
Du côté des autorités, les investigations sont en cours pour débusquer les criminels « les investigations ont commencé. La police scientifique a été requise, étant donné que la mort a été donnée par balle, tirée d’une arme trouvée à côté du défunt. Les premiers éléments révèlent que la mort est survenue par balle. Je voudrais également vous informer que les témoignages recueillis ne nous permettent pas à l’instant de dire qui serait le criminel et d’où il est venu. Mais les indices sérieux sont entre les mains des enquêteurs, en ce sens que plusieurs personnes concourent pour que ce criminel soit déniché », a détaillé le procureur général près la Cour de cassation.
La piste des enquêtes se précise sous des contestations de l’opposition en réaction à la décision du président Félix Tshisekedi de mener une enquête sous la houlette d’enquêteurs belges associés à leurs homologues Sud-africains dont l’expertise pourrait être associée à celle des Belges. L’opposition congolaise n’accorde aucun crédit à toute commission d’enquête qui pourrait émaner de Félix Tshisekedi et ses proches. Tout rapport issu d’une telle investigation serait entaché d’irrégularités et ne reflètera pas la manifestation de la vérité tant recherchée par le camp de la victime.
Pour l’opposition congolaise sous l’emprise de Moïse Katumbi et de la famille de la victime, seule une enquête internationale impliquant les Etats-Unis, l’Angleterre, les Nations-Unies et l’Union européenne constitue un gage de sincérité à l’opposé d’une enquête de façade concoctée avec les amis belges et Sud-africains de Félix Tshisekedi dont les conclusions sont déjà taillées sur mesure. Pour l’heure, un embrassement de la situation politique au Congo est à craindre, en plus déjà de la situation sécuritaire intenable pour le pays, au Nord Kivu qui continue à perdurer encore, notamment depuis l’éviction du président Mobutu Sessesseko autour des années 1996.
Loin donc de susciter un véritable recueillement digne d’un homme de son rang, la dépouille de l’opposant Chérubin Okendé fait l’objet d’une réelle manipulation politique, un outil de marketing politique pour une opposition congolaise dépourvue de stratégie face au rouleau compresseur du pouvoir de Félix Tshisekedi, à l’approche des élections présidentielles juste pour faire diversion.
ABOUBACAR SOUMAÏLA