Les préparatifs des élections en République démocratique du Congo viennent de franchir une étape cruciale, grâce au rapport d’audit du fichier électoral délivré par les experts électoraux conviés à cette fin. La crédibilité et la fiabilité du fichier électoral était au centre d’une polémique entre le camp présidentiel et les partis politiques d’opposition dont plusieurs craignent une manipulation, voire une mascarade électorale visant à reconduire de façon frauduleuse le président Félix Tshisekedi.
Dans ce pays, où les échéances électorales se sont toujours caractérisées par des crises politiques majeures, il était nécessaire de tendre vers un compromis par l’acceptation du fichier électoral, base de toute élection crédible. Le rapport d’audit externe vient d’apporter un cachet de fiabilité au fichier électoral de la République démocratique du Congo. Ainsi ce sont plus de 43 millions (43. 955.181) d’électeurs validés, soit 92,93% ; 2.235.798 doublons, soit 4,73% et 3. 344.183 d’élagués, soit 7,07% ainsi que 976 506 mineurs enrôlés, soit 2,06%.
Selon les experts, les différentes irrégularités constatées ne sont pas susceptibles de porter atteinte à la crédibilité du fichier et encore moins d’entamer la fiabilité des résultats qui sortiront des urnes. Aussi, pour le camp du président Félix Tshisekedi, l’opposition devrait surseoir à toute manœuvre déstabilisatrice visant à taxer le pouvoir de vouloir organiser des élections gagnées d’avance ou plus précisément d’organiser une fraude en faveur du candidat au pouvoir.
Déjà, l’annonce d’un audit par des experts acceptés, sous réserve par toute la classe politique congolaise assortie d’un délai de 6 jours de travail a contribué à exacerber les inquiétudes des opposants qui voient à travers cette expertise expéditive, l’aboutissement à coup sûr d’un travail bâclé dont le manque de sérieux et de profondeur témoignent d’une volonté du pouvoir à masquer les insuffisances notoires d’un fichier électoral contesté par beaucoup de congolais.
La machine électorale à la solde de Félix Tshisekedi vient donc de se mettre en marche en faveur d’une parodie de démocratie, toujours soumise aux ambitions égoïstes d’un clan présidentiel toujours victorieux face aux opposants qui devront accepter d’avaler la pilule amère. C’est selon l’opposition congolaise, un fichier électoral taillé à la mesure de la vaste mascarade que préparerait Félix Tshisekedi, dont paradoxalement le parti a été toujours à l’avant garde de la lutte pour une véritable démocratie en République démocratique du Congo.
Avant la fameuse opération d’audit du fichier électoral par les experts, l’ancien président de la Céni, Corneille Nangaa, a porté un jugement au vitriol en rapport avec le fameux délai de 6 jours en ces termes « Prétendre auditer un fichier en 6 jours est une chimère, le comble de la farce, du mensonge ». Mais pour le pouvoir de Kinshasa, « le vin est tiré, il faut donc le boire ». La République démocratique du Congo connait déjà des contestations préélectorales, depuis l’avènement de l’ère dite démocratique.
Après l’effondrement du règne de Mobutu Sessé Seko en 1987, les premières élections dites démocratiques ont porté au pouvoir Joseph Kabila au second tour, le 29 octobre 2006, avec près de 58% des voix. Cette victoire à la Pyrrhus de Joseph Kabila fut sévèrement critiquée et même contestée en son temps, du fait selon l’opposition d’une absence de transparence sur le recensement des électeurs qui aurait abouti à l’émergence d’un fichier électoral tronqué à la solde de Kabila.
C’est donc devenu une coutume dans beaucoup de pays africains où désormais l’inconscient collectif même des électeurs finit par accepter ce slogan malheureux qui dit « qu’on n’organise pas les élections pour les perdre ». On n’offre donc aucun choix aux détracteurs du fichier électoral qui devront s’en contenter au risque de faire face à la très puissante force publique qui viendra sûrement leur faire entendre raison.
ABOUBACAR SOUMAÏLA