8 mois après sa tournée africaine qui l’a conduit successivement au Cameroun, au Bénin et en Guinée Bissau, revoilà le président français Emmanuel Macron de retour sur le Continent. Son nouveau périple africain débutera ce mercredi 1er mars par Libreville (Gabon) où il participera au « One Forest Sumit » consacré à la préservation et à la gestion durable de la biodiversité.
Plusieurs autres chefs d’État et de gouvernement du continent feront le déplacement de la capitale gabonaise. Dans l’agenda politique de ce sommet, une affiche annoncée focalise les esprits. C’est l’éventuelle tête à tête entre le dirigeant français et son homologue centrafricain Faustin Archange Taoudera. Vers un retour à la normale entre Paris et Bangui ?
A l’Élysée, on se prépare certainement pour cette rencontre, tant il est d’un grand intérêt pour la France dont l’image est, en ce moment, très écornée sur le Continent, en raison non seulement d’un passé colonial calamiteux mais aussi et surtout de la Françafrique, c’est-à-dire cette diplomatie de l’ombre manifeste à travers des réseaux mafieux tissés entre dirigeants de l’ancienne métropole et leurs serviteurs africains. Macron réussira-t-il à ramener Taoudera dans le giron français ?
La rencontre entre les deux dirigeants centrafricain et français à Libreville est perçue par de nombreux observateurs comme le coup d’envoi du match retour Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, entre l’Élysée et le Kremlin, Paris et Moscou, entre la France et la Russie.
Qui en sortira vainqueur ? Quelles sont les chances de Paris de retrouver son influence sur Bangui ? Qu’est-ce Taoudera va gagner dans son éventuel revirement ? Commençons par répondre à cette dernière question. D’après le site centrafricain d’informations en ligne Corbeau News, c’est Taoudera qui aurait fait le premier pas en direction de Paris, en envoyant, en début de cette année en cours, un émissaire à Paris pour prospecter les voies d’un réchauffement des relations. Selon cette même source, ça ne va plus bien entre Bangui et Moscou.
Si cette « bonne nouvelle » pour Paris venait à se confirmer, elle confirmerait la mauvaise presse faite autour de la présence du « supplétif russe » en Centrafrique, pour ainsi parler des mercenaires du groupe paramilitaire privée Wagner, qui sèmeraient la terreur à Bangui, sans compter leur emprise sur les mines d’or et les douanes du Pays ; d’où la colère de Faustin Archange Taoudera à se débarrasser d’un partenaire plus boulimique que les français.
Pour autant qu’il s’agisse de son régime et de son pays, le dirigeant centrafricain doit se préparer en conséquence, si bien évidemment son intention est de reprendre ses « anciens amours » avec Paris, car les russes appartiennent à cette race d’accrocheurs. Ils se sont incrustés dans le camp du Pouvoir centrafricain qu’il sera difficile, très difficile de les extraire.
OUMAROU KANE