Depuis l’avènement au pouvoir d’Olusegun Obasanjo en 1999, l’alternance a été la norme portant d’autres présidents à la tête du pays démocratiquement comme Umaru Yar Adua en 2007 suivi de Goodluck Jonathan en 2011 et de Muhammad Buhari en 2O15.
Le nigérians sont appelés à élire leur président de la République, leurs députés et leurs sénateurs ce samedi 25 février 2023 si le million de personnes autour de la commission électorale parvient à faire tourner la machine logistique très lourde des 174. 000 bureaux de votes à travers tout le pays au profit des 94 millions d’électeurs inscrits. Ces élections sont d’une importance capitale et cruciale pour le pays le puissant économiquement et le plus peuplé du continent africain. Un accord de paix a été signé par tous les 18 candidats à l’élection présidentielle autour de l’ancien président Aboubakar Abdoul Salami, à Abuja. Un accord, qui engage les leaders présidentiables à préserver la paix et la cohésion sociale de leur pays en appelant déjà à la non violence, à la veille des scrutins.
Ce géant africain, qui se caractérise par de multiples contrastes tant au plan de sa population, sa société recèle aussi une histoire politique riche et variée en multiples épisodes. En effet, depuis l’indépendance en 1960, la vie politique du Nigeria est perlée des coups d’État, qui ont porté au pouvoir plusieurs généraux ayant dirigé le pays d’une main de fer.
L’on n’oubliera pas de si tôt la gestion du pouvoir du général Badamassi Babanguida, qui a totalement muselé toute forme de liberté d’expression. Cet épisode antidémocratique fut vite relayé par l’avènement de nouveaux dirigeants issus des urnes conformément à la volonté du peuple.
Ce dernier ne se représentera plus après deux mandats consécutifs conformément à la Constitution nigériane. Visiblement, l’ancien logiciel pro-putschiste a fini par être définitivement remplacé par des réflexes profondément démocratiques, qui sont désormais solidement ancrés dans les mœurs des nigérians. Cependant, comme tout changement l’assimilation de la leçon de la démocratie ne se fait pas sans difficultés dans un pays très complexe et frappé aussi durement par la secte terroriste Boko Haram dont les attaques ont continué à créer un sentiment d’hostilité au sein des populations du Nord et du Sud.
C’est l’éradication du terrorisme est au fronton des engagements pris par le président Buhari lors de son premier mandat en 2015. Il avait promis de mettre un terme aux néfastes agissements de Boko Haram au Nigeria dans un délai très court. Mais hélas, grande reste la désillusion des nigérians qui constatent encore la nuisance des terroristes.
Ils ont continué d’endeuiller plusieurs familles, s’attaquant surtout à des symboles clés de cohésion sociale comme les églises, en ravivant de réelles animosités ente les différentes communautés religieuses déjà fragilisées par des amalgames savamment orchestrés par les politiques à des fins électoralistes. Outre, le grand défi sécuritaire dont va sûrement hériter le successeur du président Buhari, c’est aussi la difficile équation de la répartition équitable des ressources économiques dans un pays durement frappé par la crise économique liée à la reforme du NAÏRA et son inflation.
Le géant d’Afrique connait un taux de chômage est très élevé qui frappe la jeunesse à 42,5 %, selon le bureau national des statistiques du pays. Pourtant, nul ne doute de l’importance du vote des jeunes dans ces élections, car ils représentent 27% des électeurs inscrits. Ces derniers sont gagnés malheureusement par une profonde déception vis à vis de la classe politique accusée de les instrumentaliser, tels « des moutons de panurge » et de jeter leurs préoccupations aux oubliettes sitôt au pouvoir.
Les nigérians ont su asseoir l’alternance démocratique dans un pays jadis tristement célèbre pour ses nombreux coups d’État, mais cela n’est pas une fin en soi. Cette attitude est à saluer dans un contexte marqué aujourd’hui dans la sous région par la résurgence des putschs et des velléités de démons du troisième mandat.
Il faudra donc que l’alternance démocratique soit relayée par une alternance de développement donnant ainsi au jeu démocratique sa finalité qui est le bien être des populations. Le nouveau pouvoir devra démontrer sa capacité à implémenter un programme porté sur l’amélioration des conditions de vie des populations nigérianes et non l’enrichissement d’un clan, caractéristique de nombreux régimes en Afrique.
ABOUBACAR SOUMAÏLA