Une confortable opposition politique de 33 députés nationaux !
19 partis politiques seulement des 168 formations siègent actuellement à l’Assemblée nationale du Niger pour porter haut le flambeau du débat politique institutionnel, d’autant que c’est autour de ces 19 formations politiques que la vie politique est organisée et rythmée en majorité au pouvoir, qui gouverne et en opposition, qui critique et contrôle l’action gouvernementale démocratiquement, en pratique. La majorité au pouvoir forte de 138 députés contre une opposition politique de 33 (députés) depuis leur installation au Parlement nigérien.
Par «opposition politique», il faut déjà entendre la minorité représentée institutionnellement au Parlement par la voie des élections, dont l’Assemblée nationale, puisque le Parlement nigérien est monocaméral (une seule chambre). Si la majorité politique est acquise auprès du peuple pour gouverner le pays en appliquant intelligemment le projet politique du parti dont le candidat a été élu président de la République (le PNDS TARAYYA, en l’occurrence depuis 2011), l’opposition organisée autour du chef de File par contre devrait logiquement gouverner la rue par le débat politique, autour d’un débat institutionnel par l’interpellation des ministres sur la gouvernance à l’Assemblée nationale et en participant à l’enrichissement du débat politique médiatique, et ce, en vue d’améliorer la gouvernance institutionnelle.
33 députés emmurés et tapis dans l’ombre !
Au lieu d’occuper la place et jouer le rôle qui est le leur politiquement et institutionnellement, les 31 députés de l’opposition politique ont choisi depuis deux ans maintenant de siéger en silence à l’Assemblée nationale, d’occuper ainsi leurs sièges et s’accaparer de leurs privilèges et autres avantages de droit, mais s’emmurés tout de même dans une posture confortable dans l’ombre ! A la suite des élections législatives de la diaspora, l’opposition s’est renforcée de 2 députés nationaux, malgré le choix de l’imposture, au lieu de participer ouvertement au débat politique et institutionnel en gouvernant la rue.
Depuis l’installation de l’Assemblée nationale, l’opposition politique nigérienne manifeste son existence par un silence quasi-total, à tel point qu’un leader syndical, Mounkaïla Halidou, secrétaire général de la CNT pour ne pas le citer avait affirmé que « l’opposition politique n’existe pas ». La nature ayant horreur du vide, c’est plutôt une certaine société civile, qui tente dans l’amertume de supplanter l’opposition politique sur son propre terrain, en vue de la suppléer.
Une opposition politique confortable dans sa posture
Les députés de l’opposition occupent de droit, les postes de vice-président, de questeur, de secrétaire parlementaire et des militants de l’opposition aux postes de conseillers à l’Assemblée nationale et que sais-je encore ? Et c’est dans l’ombre que tous ces avantages et privilèges se partagent en silence, au grand dam des électeurs qui ont porté leur confiance totale en leurs prétendus représentants.
Récemment, le principal parti d’opposition politique, le Moden Lumana-Africa s’est réuni, soit le 3 Janvier 2023 pour partager 63 postes de conseillers à l’Assemblée nationale, quelque chose qui a davantage nourri le clivage entre les différentes tendances au sein de Lumana-Africa. Toutes les autres formations politiques représentées à l’Assemblée nationale ont ainsi acquis des conseillers.
Depuis 2 ans, l’opposition s’est emmurée et tapie dans l’ombre !
C’est dans l’ombre et dans un silence radio que le Chef de File l’opposition a négocié et obtenu son statut pour servir en principe la démocratie et le peuple nigérien. Silence, il est encore en installation.
Une posture confortable mais démissionnaire de l’opposition politique nigérienne aux yeux des citoyens !
A observer de près le comportement de l’opposition nigérienne, elle est structurellement bien organisée et installée confortablement avec ses privilèges et ses avantages en main, officiellement. Mais dans la pratique de terrain, l’opinion publique n’aperçoit même pas une poussière des traces de celle-ci se déployant avec ses 33 députés aujourd’hui pour animer, assainir et relever le niveau du débat politique.
En réalité, l’opposition politique, tout comme la majorité au pouvoir, ce sont des institutions publiques au service de la démocratie et de la nation nigérienne et devraient être comprises comme telles. Mais en pratique, si la majorité gouverne, l’opposition politique quant à elle a choisi pour le moment de se mettre en hibernation, en abandonnant le débat politique, en abandonnant la rue et en s’agrippant à ses avantages et privilèges uniquement, gracieusement offerts par le citoyen via ses impôts et les taxes, en se mettant ainsi dans une logique de ne « touche pas à mes intérêts, à mes subsides» !
Alors même qu’elle est nantie de tous les moyens pour impulser un débat politique digne de ce nom dans un contexte d’insécurité au Sahel, du vécu des conséquences du changement climatique, de l’avènement des réseaux sociaux. Officiellement, jamais depuis deux ans l’opposition ne donne sa version, son regard de la vie politique et les épreuves que vivent les populations du Sahel, depuis le Mali jusqu’en Libye, en passant par le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, le Soudan etc.
Paradoxe
Par contre, certains acteurs importants de l’opposition à l’image du député national Himidou Tchiana dit Ladan ou encore Kané Kadaouré agissent dans les réseaux sociaux en mettant un point d’honneur sur leur combat et leur posture politique. Ils revendiquent d’une certaine manière de porter le flambeau de l’opposition politique, en vain.
Au contraire, en privé la plupart d’acteurs politiques de l’opposition continuent à se plaindre du choix porté sur leur candidat à l’élection présidentielle de 2020-2021. Ils ne pardonnent pas encore et n’arrivent pas surtout à avaler l’attitude légaliste du président du RDR Tchandji, Mahamane Ousmane, qui avait revendiqué la victoire et n’avait pas appelé à mettre du feu et du sang au Niger pour prendre « la victoire de président de la République », à l’issue du scrutin présidentiel du 2è tour.
Pour beaucoup de militants de cette même opposition politique, Hama Amadou avait misé sur un mauvais cheval, incapable de poursuivre la course jusqu’à la victoire finale. Pour d’autres en revanche, il a plutôt misé sur un « cheval» incontrôlable et peu docile à la manipulation des faucons prêts à mettre le pays à feu et à sang.
MOUSSA NAGANOU