Il faut bien remarquer l’évolution des systèmes de gouvernance politique, qu’il s’agisse des militaires
ou des civils, plusieurs arts se croisent et s’interfèrent aujourd’hui au cœur du pouvoir d’État à
Niamey plus haut sommet. On a l’impression trois mois après le coup d’Etat du 26 Juillet, que les
autorités militaires au pouvoir, ses amis, ses adversaires de l’ombre et les partisans du président
renversé Mohamed Bazoum se rivalisent d’art.
Ce qui sera qualifié de << plan d’évasion et d’exfiltration >> du président renversé Mohamed
Bazoum et sa famille a été d’abord curieusement révélé très tôt dans la matinée par les officines
d’informations proches de Bazoum, avec des données exclusives de terrain à l’appui. C’est tard dans
la soirée que le porte-parole du CNSP, le Colonel Abdourahmane Amadou dévoilera le plan
d’exfiltration en trois étapes.
Un plan d’évasion et d’exfiltration du président renversé Mohamed Bazoum en trois étapes menant
jusqu’à bord de deux hélicoptères mis à disposition par une puissance étrangère dont l’identité n’a
pas été dévoilée à l’opinion publique nigérienne. Selon le CNSP, le président déchu Mohamed
Bazoum et sa famille étaient sur le point d’être discrètement sorti de la présidence de la République
par le soin de sa garde jusqu’à une voiture banalisée, qui les conduirait aux deux hélicoptères en
passant par le quartier Tchangarey de Niamey pour s’envoler via Birnin-Kebbi au Nigéria voisin.
C’est justement les images de ratissage de la garde présidentielle du quartier Tchangarey que les
officines d’informations proches du président Bazoum ont révélées à l’opinion nationale avant les
autorités militaires de Niamey. Le CNSP a annoncé plusieurs arrestations dont celle de
Abdourahmane Ben Hamey, un civil, le directeur technique de la DGSE, un démissionnaire., selon ses
proches.
Les avocats et les proches du président renversé Mohamed Bazoum ont rejeté toute idée d’évasion
et d’exfiltration et réclament une preuve de vie de celui-ci. Il faut dire que la Transition nigérienne a
pris un coup de muscles dans sa marche vers la sortie de crise politique, d’autant que le mystère, qui
la caractérise depuis le 26 Juillet laisse une éclaircie dans le ciel politique nigérien.
La médiation prendra bientôt forme !
Les nouvelles autorités militaires nigériennes ont affiché de la prudence et de la méfiance à l’égard
acteurs de la communauté internationale et ce, depuis les lourdes sanctions infligées commerciales
et financières au pays du Général Abdourahmane Tiani à la suite du coup d’Etat. Trois mois après ces
lourdes sanctions aggravées par la fermeture des frontières terrestres, ainsi qu’une menace
d’intervention militaire pour rétablir le président renversé Mohamed Bazoum dans ses fonctions.
Quand le forum de Lomé offre une chance à la sortie de crise des putschs !
Le tout petit État du Togo, du fait de sa superficie, le président Faure Essozinma Gnassingbé se
démarque du lot des Chefs d’Etat africains dépassés et aveuglés par les putschs militaires qui
décident les yeux fermés contre les populations de leurs homologues, juste pour plaire à la France,
comme c’est le cas au Niger depuis le sommet extraordinaire du 30 Juillet à Abuja de la CEDEAO et de
l’UEMOA. Le forum de la paix et de la sécurité de Lomé porte la diplomatie togolaise au firmament
de l’histoire, dans un contexte de la montée de l’insécurité au Sahel et de la répétition des coups
d’État.
Le Togo démontre avec brio la force de sa diplomatie depuis l’avènement des trois coups d’Etat au
Burkina Faso, au Mali et en Guinée-Conakry. C’est surtout l’affaire des 49 soldats ivoiriens atterris à
Bamako qui a révélé un Togo plus pragmatique à aborder les défis de l’Afrique et aujourd’hui encore
avec le forum de Lomé, c’est encore le petit Togo, de plus en plus grand face à l’obsolescence de la
CEDEAO et de l’union africaine qui émerge face à des grands pays en offrant une tribune officielle
taillée sur mesure pour les nouvelles autorités militaires du Sahel pour venir exposer la réalité
profonde de leurs défis politiques et sécuritaires, en vue de les pallier.
Le Général Mahamadou Toumba qui a représenté le Niger, en tant que ministre de l’intérieur a
déroulé les défis sécuritaires au Niger. Profitant pour analyser l’attitude de la CEDEAO et de
l’UEMOA, le Général Toumba explique que lui et ses camarades justifient aujourd’hui plus de 10 ans
d’expérience de lutte anti-terroriste même sans avoir vaincu celui-ci, la CEDEAO a failli à sa
disparition dans une guerre classique si jamais l’intervention militaire brandie contre le Niger se
réalise.
Pour le Général Nigérien << le pouvoir n’est pas une affaire d’amitié entre des Chefs d’Etat >>, il est
donc question de gérer le destin des populations. Et celui-ci ne saurait se réduire au point de se
confondre à une banalité de <<copains-copains>>, comme c’est le cas des dirigeants de la CEDEAO et
de l’UEMOA face au Niger.
MOUSSA NAGANOU