Personnage politique, populaire, tonitruant, bouillant, spectaculaire, pour
ne pas dire actif dans tous les sens du terme, Hama Amadou a marqué
la vie politique nigérienne d’une signature indélébile et encore vivace.
Pendant ses cinquantaine et soixantaine d’années, Hama Amadou
résistait à toutes les comparaisons et battait les records de mobilisation
de partisans autour de lui, en matière politique.
C’est l’idée qui reste présente encore chez l’opinion publique nigérienne.
Capable de faire et de défaire les forces de l’arène politique à sa guise,
Hama Amadou tutoie tous les monstres du lanterneau politique de son
pays, depuis plus d’une vingtaine d’années.
Aujourd’hui vœux et souvent malade, Hama Amadou fait-il toujours peur
aux autres monstres de l’arène politique ?
C’est dans l’affirmative que la majorité des observateurs tendance à
répondre. À 74 ans, peu de gens pensent que ce dinosaure de la
politique nigérienne est incapable de renverser la tendance actuelle à sa
propre faveur.
Être président de la République du Niger reste le seul rêve que Hama
Amadou a en tête, après avoir escaladé l’échelle de l’Etat via le gotha
politique nigérien jusqu’au sommet de l’Assemblée nationale, en passant
par la fonction de Premier ministre après être ministre directeur de
Cabinet du président Seyni Kountché. Sous le poids de l’âge, des soucis
de l’adversité politique et d’une santé qui répond souvent au gré des
circonstances sociopolitiques, Hama Amadou est un vétéran qui sait
aussi s’adapter aux circonstances et aux riches rebondissements de la
vie politique.
Absent ou présent du pays de temps en temps, il est si proche et si loin
des monstres du gotha politique et encore plus lorsqu’il signe son retour
comme c’est le cas actuellement. Prudent ou attentif, il se méfie de là où
il pose le pied, pendant que ses adversaires redoutent déjà sa capacité à
remuer les eaux boueuses et maléfiques de la marre aux crabes de la
politique nigérienne et ce, malgré le calme de cimetière autour de lui.
C’est la sagesse du caméléon, « on ne lâche jamais une branche sans
protéger ses arrières », c’est-à-dire sans s’assurer d’être accroché à une
branche plus forte et à même de tenir le coup.
MOUSSA NAGANOU