Décidément les faucons ont plus d’emprise sur les colombes au sein de l’organisation régionale de l’Afrique de l’Ouest dont les réactions étaient attendues par les populations nigériennes voire africaines lors du dernier sommet tenu à Abuja en vue de faire la situation sur la crise nigérienne. Nombreux sont les observateurs qui sont tombés des nues lorsqu’ils ont appris que la CEDEAO, après examen des derniers développements survenus suite au coup d’État du 26 Juillet dernier a décidé de mettre sa force d’intervention en branle contre les putschistes en vue du rétablissement de l’ordre constitutionnel, ce qui concrètement aboutit à remettre le président déchu Mohamed Bazoum sur son fauteuil, désormais occupé par le général Abdouramane Tiani aujourd’hui homme fort du Niger.
On avait pourtant espéré le triomphe du dialogue, la consécration de la tradition de l’arbre à palabres tant prôné par de nombreux dirigeants africains et même occidentaux ayant recommandé à la CEDEAO de privilégier le dialogue pour une sortie de crise sans heurts majeurs dans un pays déjà éprouvé par l’insécurité.
Mais, c’est le cœur brisé que les populations nigériennes soutenues par de nombreux autres citoyens de l’Afrique dont les voix ont dans la plupart des cas décrié l’option militaire, perçue comme la pire des solutions, ont constaté que la CEDEAO continue de sombrer dans un jusqu’au boutiste sans précédent au point d’apporter l’eau au moulin de ses millions de détracteurs qui croient dure comme fer que ce « syndicat de chefs d’État » est télécommandé depuis l’extérieur et exécute de ce fait un mandat obscure visant à recoloniser l’Afrique.
Une fois encore, la menace d’une intervention militaire conte le Niger, fait le lit à l’émergence d’un patriotisme jamais manifesté dans ce pays marqué depuis belle lurette par la désunion flagrante de ses fils et filles du fait surtout d’une implémentation grotesque de la prétendue démocratie dont l’examen approfondie la fait ressortir de façon éclatante comme un concept creux, une coquille vide.
Les militaires au pouvoir à Niamey n’ont désormais plus besoin de s’arracher les services trop onéreux d’une agence de communication ou de presse à coup de centaines de millions d’autant plus que la CEDEAO a décidé par ses égarements de permette à la junte militaire de mobiliser gracieusement des soutiens inattendus sur tout le continent africain. Cette épreuve que traverse le Niger dévoile aussi l’incohérence de certaines organisations en Afrique dont les actions timides ont été manifestes lors des crises sécuritaires, notamment les attaques terroristes récurrentes au Sahel.
Jamais les dirigeants de la CEDEAO n’ont pu mobiliser une armée, voire une troupe pour renforcer les forces des pays en proie au terrorisme. Et pourtant ces forces sont aujourd’hui prêtes à sévir contre les putschistes pour dit on rétablir l’ordre constitutionnel mais pas pour lutter contre le terrorisme.
On donne raison ainsi à cette génération de déçus qui prennent d’assaut les réseaux sociaux pour décrier un système incohérent malheureusement soutenu par des présidents plus royalistes que le roi, ramenant de ce fait ces Etats dits indépendants à des chasse gardée des empires coloniaux. Réitérer l’option militaire est symptomatique d’une organisation en perte de vitesse, dont les derniers soubresauts annoncent sa disparition inéluctable si les dirigeants ne se débarrassent pas de ces nombreux tarés qui la plombent et finissent par faire d’elle un « machin » à l’instar de l’ONU perçu ainsi à l’époque par le Général de Gaulle.
ABOUBACAR SOUMAÏILA