Le sens réel d’une opinion courageuse, qui fait déjà la polémique !
La mort est l’option choisie par les groupes armés terroristes, comme un moyen d’exister et de s’exprimer pour répandre la terreur, tandis que les armées nationales ont choisi de sauver la vie, pour sécuriser les populations. Dans cette lutte permanente depuis des années que cela dure, la plupart des gouvernements du Sahel se battent courageusement pour sécuriser les populations et réaliser des investissements pour garantir l’existence de l’État protecteur pour ceux qui sont en position de force et les pays déjà envahis par le phénomène terroriste comme le Burkina Faso et le Mali, respectivement à 40% et à 60%, les gouvernements sont réellement dans une posture de tentative de reconquête de leurs pays, qu’ils le veuillent ou pas, qu’ils le reconnaissent ou non.
C’est pourquoi, le président nigérien Mohamed Bazoum a décidé de regarder la réalité du terrorisme au Sahel en face, sans état d’âme, sans émotions et sans émotivité aucune. Il n’a accepté dans sa démarche de verser ni dans la polémique ni dans des conjectures stériles et Bazoum n’est pas dans le déni de la réalité, en effet.
D’autant que le Sahel et la sécurité, ce sont des questions que le président nigérien Mohamed Bazoum connait déjà très bien et assume entièrement son opinion, ses arguments, sa position, tout comme ses stratégies là dessus. Mohamed Bazoum est l’un des rares Chefs d’État du Sahel à comprendre réellement le fond du terrorisme qu’il assume courageusement, en expliquant les liens qu’il y a entre la vie des populations rurales (points d’eau, pasteurs, agriculteurs, pauvreté) avec le changement climatique, ainsi que l’absence des gouvernements sur des pans entiers des territoires de leurs pays pendant longtemps et privilégie malgré tout, une solution éthique, basée sur une stratégie antiterroriste d’une approche globale, autrement dit holistique.
Il a vite compris également les limites d’une stratégie consistant à armer des civils pour éviter d’en faire « des chairs à canon », en attirant l’attention des terroristes sur ces civils armés, sur leurs villages et leurs populations peuvent être considérées comme des complices des gouvernements. Ce qui revient proprement à exposer et mettre en danger les villages, sans oublier que le contrôle de moralité de ces civils recrutés à la va-vite et formés rapidement voire maladroitement peut aussi échapper aux autorités militaires.
En affirmant clairement que « les terroristes sont plus forts et plus aguerris que les armées» nationales, le président Mohamed Bazoum traduit courageusement une réalité bien évidente chez tous les gouvernements africains, même les moins honnêtes du Sahel. D’autant qu’aujourd’hui au Sahel ou dans le reste du continent africain, il n’y a aucun pays, aucun gouvernement qui n’ait modifié la structure de son budget national au profit de la sécurité et particulièrement de la lutte antiterroriste.
Dans tous les États africains et du Sahel plus précisément, les budgets ont connu une modification et une augmentation exponentielle au profit de la sécurité et même très souvent au détriment des secteurs tout aussi vitaux comme ceux de l’éducation, de la santé, l’agriculture, de l’hydraulique, des infrastructures, de l’élevage ou de l’emploi et de l’économie. Mais le président nigérien est également celui qui a compris que le secteur de la sécurité tout comme celui de l’éducation doivent être priorisés quoiqu’il en soit, pour pouvoir renverser la tendance actuelle, où l’incursion des groupes armés terroristes constitue une véritable préoccupation de tous les dirigeants.
Pourquoi l’affirmation courageuse de Mohamed Bazoum continue à faire des vagues
La force de l’opinion du président Mohamed Bazoum, son franc parler et sa lucidité à propos du terrorisme au Sahel provoque des vagues jusqu’au delà des frontières du Niger. Parce que des gens et des institutions se sentent déjà concernés alors même qu’il n’a indexé personne, dans son commentaire de la réalité au plan sécuritaire. A l’exception de la Mauritanie et le Niger, il n’y a aucun autre pays au Sahel qui n’abrite pas des foyers ou des cellules vivantes du terrorisme avec des chefs djihadistes bien connus et leurs Catibats ou organisations également bien identifiées.
Au Centre du Mali par exemple, le Catibat-Macina du prédicateur armé Amadou Koufa occupe ce très vaste pan du pays du colonel Assimi Goïta, pendant que le terroriste Iyad Aghali, dit l’immortel, le patron du mouvement de soutien à l’islam et au musulman (JNIM) occupe le Nord du pays et organise des rapts et la terreur. Aussi les groupes armés touaregs bénéficiaires de l’Accord d’Alger de 2015 occupent la région de Kidal et ses environs, en revendiquant l’autonomie de « l’État Azawadien » dans leur projet purement politique.
C’est dans cette même région que l’organisation terroriste la plus violente dite l’état islamique au grand Sahara (EIGS) sévit avec ses différentes branches jusqu’au Burkina Faso voisin. Ce qui fait qu’au pays du colonel Goïta, tout le Centre, le grand Nord et donc la majeur partie du territoire malien est occupée par les groupes armés terroristes à plus de 60% et s’affrontent mutuellement pour exprimer leurs différences mais partagent un ennemi N°1 commun du gouvernement malien, logé à la montagne de Koulouba et au palais garnison de Kati, son armée et ses supplétifs mercenaires de Wagner.
Au Burkina Faso, le voisin du Mali et du Niger subissait depuis longtemps des incursions des groupes armés terroristes en provenance du Mali par une métastase gravement contagieuse, avant de s’installer aujourd’hui, s’enraciner avec le très violent prédicateur Jafar Dicko dit Yéro et successeur de Malam Djibril Tidjane Dicko du groupe Ansarul islam à Djibo, au Nord du pays du capitaine Ibrahim Traoré. Les hommes armés du prédicateur violent Jafar Dicko dit Yéro pullulent du Nord jusqu’à l’Est du Burkina Faso, sur plus de 40% du territoire qu’ils contrôlent avec leurs groupes alliés et adversaires, en commettant terreur chez les populations civiles et camps militaires, organisent des rapts et des enlèvements des personnes et du bétail, en semant la désolation et en provoquant des déguerpissements forcés des populations.
L’opinion libre du président nigérien Mohamed Bazoum dérange, parce qu’elle dit de façon crue la réalité du phénomène terroriste qui occupe le Mali à 60% du territoire et au Burkina Faso à 40%. Les juntes militaires burkinabè et malienne sont bien évidemment dans une lutte aveuglée de reconquête de leurs pays déjà occupés par le terrorisme et dont ses métastases violentes atteignent le Niger via la fameuse zone des trois frontières pour menacer les populations de la région de Tillabéry.
Par ailleurs, le président Mohamed Bazoum n’a jamais dit que les forces armées nationales ne sont pas courageuses, résistantes et résilientes face au phénomène terroriste. Si les groupes terroristes ne sont pas plus forts et plus aguerris que les armées nationales, alors comment expliquer que malgré des mois voire des années passés au sommet de l’État par les juntes militaires du Mali et du Burkina Faso n’ont pas permis jusqu’à présent la reconquête du territoire occupé, telle que proclamée pour justifier les coups d’États ?
MOUSSA NAGANOU