Ils sont nombreux les journalistes à pouvoir bénéficier de cette formation sur la lutte contre la désinformation (fake checking). Une formation qui cadre parfaitement avec l’excellente relation de partenariat entre la Maison de la presse et l’observatoire nigérien pour l’éthique et la déontologie (ONIMED) avec l’appui financier de la Délégation de l’Union européenne au Niger, dans le cadre du renforcement de capacités des journalistes et médias nigériens. Cette formation vise à outiller les journalistes afin de combattre la propagation des fausses nouvelles.
Selon M. Harouna Ibrahim PCA /Maison de la presse « minimiser la désinformation du grand public est l’un des avantages principaux de cette nouvelle forme de traitement de l’information. Pour des informations pertinentes et authentiques, le facke-checking est une technique journalistique qui révolutionne le milieu du journalisme à l’heure actuelle ». La propagation des fake news a entrainé l’apparition du fake checking.
Cette pratique est devenue incontournable après chaque débat public et discours politique afin de confirmer les dires d’un tel ou un autre personnage. Avec l’émergence de l’utilisation du web au quotidien, des plateformes dédiées au fake-checking ont été spécialement créées, a-t-il précisé. Selon lui, Il y a principalement 2 leviers à la montée en puissance du Fake-Checking. Le premier repose sur le développement des technologies mobile : la forte pénétration des smart-phones sur le marché accompagné par l’accroissement de la consommation d’informations inhérente à ces technologies. Le second levier repose sur le développement exponentiel du web social : aujourd’hui, chaque minute, 7 millions de Snaps sont postés sur Snapchat, 350.000 tweeters sont postés sur Tweeter et +400h de vidéos sont mises sur You Tube !
Face au raz-de-marée des publications générées par les utilisateurs (UGC : contenu généré par les utilisateurs), comment faire la part des choses entre information, désinformation, fausse information…? Tel est le nouveau défi pour les médias et journalistes dans leur travail quotidien de traitement et publication de l’information».
Face à ce défi, la nécessité de former et renforcer les capacités des journalistes s’avère urgente. C’est donc un appui extrêmement important que nous apporte la Délégation de l’union européenne au Niger pour permettre à nos médias de relever le défi de la désinformation.
Dans son allocution Mamane A Jaharou président de l’Observatoire des Médias pour l’Ethique et la Déontologie (ONIMED) dont la mission est de veiller sur le respect de l’éthique et la déontologie par les journalistes, se réjouit de l’organisation de cet atelier qui vise à renforcer la capacité des journalistes, sur la notion de la désinformation.
Avec l’avènement des médias sociaux, les médias traditionnels n’ont plus le monopole et l’exclusivité de l’information. A cet effet, les journalistes cohabitent avec le journaliste citoyen qui s’invite dans l’activité dans le champ de l’information avec toutes les préoccupations dont entre autres la manipulation, le mensonge, l’intoxication, l’incitation à la haine, l’atteinte à la dignité et à la vie privée, a-t-il poursuivi avant de rappeler que « face au contexte sécuritaire du Niger, les journalistes doivent être à mesure de distinguer le bon grain de l’ivraie».
Pour sa part l’ambassadeur de l’Union européenne en République du Niger, Franca Salvador a tenu à souligner l’importance du secteur de médias dans les relations de partenariat entre l’UE et le Niger. Aussi, a-t-il laissé entendre que « le phénomène de la désinformation menace dangereusement notre époque, ses conséquences sur la société sont potentiellement très graves, en ce qu’elle érode la confiance du public dans les institutions, les médias traditionnels et numériques, et nuit à nos démocraties en empêchant une prise de décision réfléchie et éclairée. La désinformation peut nous diviser, polariser les débats, créer ou approfondir des tensions dans la société.
Au Niger, le taux de pénétration d’internet est estimé à 30%. Selon l’enquête 2018 de l’institut nationale de la statistique du Niger (INS) sur l’accès et l’utilisation des aux TIC au Niger, 79, %des ménages possèdent un téléphone mobile. D’autre part, il a expliqué qu’à Niamey c’est 96,9 %des ménages qui possèdent un téléphone mobile. Mais selon lui, le Niger vit également des crises multiformes : insécurité, insécurité alimentaire et nutritionnelle, crise humanitaire, changement climatique, etc.
A cela s’ajoutent des défis de l’éducation, de l’accès à l’eau, de disponibilité des terres arables. Dans ce contexte, l’usage de l’internet pose des questions relatives à la prise en compte des besoins et des attentes des populations dans leurs aspirations au droit à l’information, à la liberté d’expression et à la garantie du respect de la vie privée.
Enfin, Franca Salvador a fondé l’espoir que les journalistes qui vont bénéficier de cette formation veillent apprendre davantage sur le phénomène des fausses nouvelles, à identifier les techniques de vérification des faits, ainsi que les techniques de collecte et d’investigation journalistique.
RAMATOU OUMAR LABARAN