La proposition faite au Niger d’ouvrir rapidement la médiation avec l’organisation communautaire Ouest Africaine (CEDEAO) par les deux institutions politiques de grande facture que représentent d’un côté les États-Unis d’Amérique et l’Union Africaine de l’autre, est véritablement une opportunité de main tendue au Général Abdourahmane Tiani, l’homme fort du palais de la rive gauche du fleuve Djouba à Niamey. Une aubaine offerte aux généraux nigériens pour vite amorcer enfin le dialogue politique inclusif interne et externe et ce, après le forum sur la sécurité et la paix de Lomé.
Il faut préciser à juste titre que le Niger a été la vedette du forum de Lomé, où le général Toumba Mohamed a fait une des prestations la plus retentissante sur la situation de son pays, qui a noyé tous les autres discours. Le franc parler de ce général de terrain a surpris plus d’un observateur averti de la scène politique africaine et cela a taillé une côte de popularité pour le ministre d’Etat chargé de l’intérieur du Niger, en comblant ainsi tout le vide communicationnel constaté ces derniers temps, après l’Assemblée générale des Nations-Unies de New York.
Malgré les lourdes sanctions infligées au Niger par la CEDEAO et la suspension des financements des pays membres de l’union européenne, l’espoir demeure toujours pour le Niger et son peuple. Bien que le Togo soit membre de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), ce petit État de par son étendue a surpris plus d’un observateur de la scène politique internationale par la flexibilité et l’inspiration de sa diplomatie, qui a fait preuve de hauteur de vue dans le regard de la situation sécuritaire au Sahel.
Le conseil de paix et de sécurité de l’union africaine avait déjà trouvé la diplomatie togolaise sur la voie, en déploiement de tous ses efforts de dialogue avec le Mali, le Burkina Faso ou encore le Niger. Le cas le plus emblématique du succès de la diplomatie togolaise au Sahel est son intervention diplomatique dans l’affaire des 49 soldats ivoiriens atterris et arrêtés à Bamako qui avait failli déchiré les frères Maliens et Ivoiriens par le truchement d’un désaccord entre les deux dirigeants Ouattara et Assimi Goita. Le dénouement pacifique de cette grave crise entre Bamako et Abidjan a signé une page digne d’une diplomatie vigoureuse et adaptée inspirée par le jeune président Faure Essozinma Eyadema face à la décadence des outils de dialogue exprimés par les États dans les multiples crises qui surviennent continuellement.
Toute l’Afrique devrait reconnaître ouvertement aujourd’hui que seul la diplomatie togolaise et aussi Algérienne ont été à la hauteur des enjeux des défis du Sahel par la force de leurs suggestions et propositions du dialogue et avec de cadres stratégiques adaptés pour écouter les pays éprouvés pour pouvoir rechercher des solutions adaptées ensemble. L’Algérie a ainsi été le premier pays à offrir au Niger sa médiation à travers sa diplomatie avec une sérieuse proposition assortie d’une solution globale à la question de sécurité au Sahel qui fera l’objet de la tenue d’une conférence internationale. Même si cette offre n’a pas été acceptée par le pays du Général Abdourahmane Tiani, elle conserve l’avantage de rester sur la table mais aussi de rentrer dans l’histoire comme étant la contribution d’un voisin au profit de la paix et de la sécurité commune.
Le Togo a réussi à offrir à l’Afrique le forum sur la paix et la sécurité, ainsi qu’une solution négociée dans la grave crise diplomatique dans l’affaire des 49 soldats ivoiriens au Mali. Ainsi l’union africaine et les États-Unis d’Amérique visent tout simplement à expérimenter les mécanismes adaptés puisés sous l’arbre à palabres déjà inspirés par le Togo au profit de l’Afrique et du reste du monde.
Dr ABOUBAKARY MOUKIMOU MOURANA
Observateur de la scène politique