Diori Hamani, Seyni Kountché, Ali Chaibou, Mahamane Ousmane, Ibrahim Baré Mainassara, Daouda Mallam Wanké, Mamadou Tanja, Salou Djibo, Issoufou Mahamadou, Mohamed Bazoum ou encore Abdourahmane Tiani, le Général qui vient de s’adjuger le palais présidentiel du Niger, ainsi voici les onze (11) Présidents de la République que le Niger a produits depuis 1960, c’est-à-dire en plus de 60 ans d’indépendance et ils sont les bâtisseurs du pays. Ils représentent forcément les plus grands symboles de fierté pour les citoyens du pays, la galaxie des hommes qui ont perpétué le nom et l’image du Niger à l’échelle mondiale, qu’on le veuille ou pas, tout comme ils peuvent cristalliser la colère des populations, en cas de chute du pouvoir.
Après la chute du président Mohamed Bazoum, plusieurs forces politiques apparaissent bruyamment sur la scène politique et révèlent leurs agendas via les revendications qu’elles posent et la nature de leur responsabilité endossée. La mission révélée de certaines forces politiques se résume à désigner l’ancien président nigérien Issoufou Mahamadou comme étant <<l’ennemi public n°1 à abattre forcément >> et dont la tête est déjà mise à prix !
Alors que <<les grands esprits discutent des idées, les esprits moyens discutent des événements et les petits esprits discutent des gens>>, écrit l’homme politique Américains de renommée Eleanor Roosevelt dans les années 1940. Il paraît tout à fait évident pour tout observateur averti ou non, qu’une société ne disposant pas d’une ressource humaine de haute qualité, en termes de grands esprits pour viser et atteindre les idées les plus inspirées, les plus adaptées pour répondre aux défis de toute société éprouvée, afin d’éviter qu’elle sombre dans l’abîme de l’ignorance.
Et pourtant, Issoufou Mahamadou accablé aujourd’hui est tout de même, le père de la première alternance démocratique au Niger, le Prix Mo Ibrahim, médiateur international de la CEDEAO et des Nations Unies et spécialiste des questions sécuritaires et des financements pour la lutte contre celles-ci.
Le Niger, c’est ainsi un État dont l’idéal a été porté par dix présidents, depuis la proclamation de son indépendance le Mercredi 3 Août 1960. Face à plusieurs défis qui traversent aujourd’hui encore de part en part la région du Sahel, le Niger n’est pas épargné même s’il résiste vigoureusement, courageusement et passe déjà pour être l’un des seuls pays du Sahel, qui contrôle l’intégralité de son territoire national, les défis n’en demeurent pas négligeables de tous les quatre coins du vaste pays.
Chaque homme, qui a dirigé le pays avait apporté et posé sa petite brique dans le long processus de construction de l’édifice public national. Mais cela ne veut guère dire que chaque président a tout réussi et avait transformé le pays en un paradis terrestre.
Ce qui est sûr chaque président a porté et grandement incarné un moment d’espoir pour la jeunesse du pays. C’est ainsi que chaque élection d’un président de la République, chaque homme fort d’un coup d’Etat avait suscité l’espoir et avait écrit en lettres d’or une belle page de l’histoire respirant la gloire du Niger.
L’espoir et la déchéance !
Il y ait un phénomène surprenant tout de même dans les parcours des présidents ou des Chefs d’Etat africains. D’autant plus que l’espoir que suscite leur avènement au pouvoir se termine très souvent par une espèce de douche froide par des coups d’Etat qui viennent porter un coup de Jarnac, en mettant fin au régime des suffrages dits <<universels>>, qui se terminent mal en Afrique.
La fin d’un régime en Afrique ou le renversement de celui-ci se matérialise très souvent par <<une révolution de palais>>. Cette révolution de palais est souvent militaire ou civil et prend appui sur les forces politiques belligérantes et dont chacune tient son agenda propre en cachette.
Ces forces politiques belligérantes organisées se recomposent rapidement et chacune agit en misant sur son sur propre agenda qu’elle marchande, se positionne et repositionne au cœur des forces en présence. Ce sont souvent des contrats de dupes qui ont cours sous les yeux des citoyens innocents, aussi bien en temps normal qu’en période de Transition et tous les coups sont permis, y compris ceux qui s’adjugent d’autres rôles pour condamner avant de juger leurs cibles, en pleine situation d’usurpation de pouvoir.
Les Juges de la rue publique !
Les multiples agendas et leurs oppositions entre eux provoquent des fortes divergences sur la scène politique comme c’est le cas actuellement en pleine Transition militaire au Niger, à tel point que les régimes renversés se traduisent par une déchéance totale des dignitaires du pouvoir déchu voire des règlements de comptes. Aujourd’hui, la chute de Mohamed Bazoum veut s’échelonner, puis entamer selon les agendas de certaines forces politiques sur un réquisitoire sans appel aucun de tout le système de la Renaissance et son démantèlement systématiquement.
Ainsi des <<juges de la rue publique>> apparaissent sur la scène politique, s’autoproclament et s’adjugent des rôles et des pouvoirs énormes ou grossiers visant à se saisir et s’accaparer des dossiers à l’improviste pour en découdre avec leurs cibles. Aujourd’hui, c’est l’ancien président Issoufou Mahamadou, qui est la cible privilégiée des agendas de certaines forces politiques.
Celles-ci en appellent ouvertement à la manière de << la radio mille collines>> du Rwanda à la vindicte populaire contre Issoufou Mahamadou avec une revendication qui s’apparente visiblement à un règlement de comptes, qui ne porte pas son vrai nom. Une organisation sérieuse devrait-elle se donner la mission de s’acharner contre une personnalité ?
Le cas emblématique de l’échec du jugement de l’ancien président ivoirien déchu, Laurent Gbagbo envoyé à la cour pénale internationale (CPI) de La Haye par le régime de Ouattara pour un dossier de 3000 personnes tuées pendant la crise et ce, en vue de justifier un cas de << crime contre l’humanité >>, en vain, devrait servir à ouvrir les yeux sur les tentatives de régler le compte à un ancien président de la République aussi bien par la force politique que par des artifices judiciaires. Les mécanismes juridiques et judiciaires nationaux et internationaux ont prévu et aménagé certes des instruments juridiques propres pour prendre en charge tout justiciable, y compris le cas d’un président de la République, mais il reste très difficile à prouver, au point de confondre celui-ci à un tel crime.
Mais il faut reconnaître la complexité des procédures judiciaires à ce sujet, au regard du procès en cours en Guinée-Conakry de l’ancien président putschiste, le capitaine Moussa Dadis Camara. C’est écrit dans toutes les constitutions des pays du monde, <<la haute trahison>> est le seul chef d’accusation sur la base duquel on devrait poursuivre un Chef d’État et très récemment la notion de <<crimes contre l’humanité >> a été retenue comme un chef d’accusation par lequel un Chef d’État peut être passible de poursuite judiciaire et de manière imprescriptible.
C’est pourquoi il est préférable de mener des grands débats d’idées pouvant inspirer des solutions adaptées aux défis de la gouvernance politique et des modèles appropriés à l’Afrique que de s’insulter inutilement au détriment du leadership national et de l’aggravation des crises sociopolitiques et économiques, ainsi que les rapports humains. Passons plutôt à l’essentiel avec des forces de propositions durables aux applications multiples et aux intérêts divers pour le Niger et revendre au reste du continent déjà embourbé profondément dans les labyrinthes des systèmes politiques et mal pensés par les acteurs nationaux par paresse intellectuelle afin d’en extraire une substance viable et applicable durablement. A suivre. [2/4]
MOUSSA NAGANOU