Les deux sommets extraordinaires de l’UEMOA et de la CEDEAO tenus, le dimanche 30 Juillet 2023 à Abuja autour du président Bola Ahmed Tinubu ont pris conjointement des sanctions très dures à l’encontre des membres du conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte militaire qui a pris le pouvoir à Niamey le 26 Juillet dernier. Mais ces sanctions vont très durement affecter aussi la vie des Nigériens, déjà fragilisée par les conséquences de la guerre russo-ukrainienne et celles des groupes armés terroristes marquées ayant provoqué des déplacements massifs des populations locales pour aller s’entasser dans les zones urbaines, créant du coup une implosion du pouvoir d’achat des consommateurs. Cela conduira à « une catastrophe économique, financière et sociale au Niger à laquelle le pays ne pourra pas résister, parce qu’il compte beaucoup sur son partenariat international », reconnait le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou, en mission au moment du coup d’Etat.
Ceux, qui veulent le changement rapidement dans les pays africains sont loin de percevoir les conséquences qui y cachent derrière, surtout lorsqu’elles surviennent brutalement et par la voie de la violence pour signer la marque du nouveau business entre la France et la Russie. Lire aussi Géopolitique : Les coups d’Etat et le terrorisme en Afrique, un nouveau business entre Paris et Moscou ?
Des sources concordantes, les militaires nigériens ayant pris le pouvoir ont décidé de s’allier avec la Russie de Vladimir Poutine, d’autant que la semaine d’ultimatum lancé contre eux par la CEDEAO est un temps suffisant pour s’approvisionner en armement lourd pour faire face à toute éventualité avec l’organisation régionale Africaine. Comme la rue niameyenne l’a souhaité en sortant massivement manifester pour marquer son soutien à la junte, les nouveaux locataires du palais présidentiel du Niger ont tendu la main au Kremlin, de toute vraisemblance.
Pendant ce temps, la CEDEAO s’est également adjugée les services du jeune président tchadien, Mahamat Idriss Déby, un général d’armées qui est déjà arrivé à Niamey juste après la clôture du sommet de l’institution certainement notifier et tenter de faire plier ses frères d’armes de Niamey pour au moins libérer le président Mohamed Bazoum et sa famille en séquestration depuis le 26 Juillet. L’organisation communautaire a donné un ultimatum d’une « semaine pour que la junte du Niger libère et réinstalle le président Mohamed Bazoum », sinon « toutes les options sont ouvertes y compris une intervention militaire », à en croire la décision de la CEDEAO. Réunis d’urgence, les chefs d’état-major des armées de la CÉDEAO sont également convoqués pour apprêter le contingent militaire estampillé CEDEAO pour aller déloger la junte militaire de Niamey, si aucun compromis n’est trouvé entre les deux parties.
Il faut dire que la CEDEAO joue son va-tout, à partir du coup d’Etat de Niamey, sinon elle disparait complètement. D’ores et déjà une dizaine de mesures très sévères en termes de sanctions ont été prises pour économiquement et financièrement contraindre et asphyxier la junte militaire du Niger.
Il s’agit entre autres « 1. La fermeture des frontières aériennes et terrestres entre le Niger et les pays de l’UEMOA 2. L’interdiction de survol de l’espace à tout aéronef en provenance ou à destination du Niger 3. La suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les pays de l’UEMOA et le Niger y compris celles portant sur les produits pétroliers, l’électricité, les biens et services. 4. La suspension de toutes les transactions financières entre les pays de l’UEMOA et le Niger 5. Le gel des avoirs financiers et monétaires de l’Etat du Niger à la BCEAO et dans les banques commerciales des pays de l’UEMOA. 6. Le gel des avoirs financiers et monétaires des entreprises publiques et parapubliques du Niger à la BCEAO et dans les banques commerciales des pays de l’UEMOA. 7. La suspension des opérations financières entre les banques du Niger et les banques et les banques installées dans les autres pays de l’UEMOA. 8. La suspension de toute assistance et transaction financière en faveur du Niger par les institutions de financement de l’UEMOA particulièrement la BOAD. 9. L’interdiction de voyage pour les auteurs de cette tentative de coup d’état, le gel de leurs avoirs financiers et la confiscation de leur patrimoine. 10. L’interdiction de voyager, le gel des avoirs ainsi que la confiscation des biens s’applique à toutes les personnes civiles ou militaires qui participeraient à des institutions organes de gouvernement que tenteraient de constituer les militaires dans ce coup de force, elles s’appliqueraient également aux familles des personnes concernées qui seraient en outre interdites de séjour dans les pays de l’espace UEMOA ».
MOUSSA NAGANOU