Sylvain Itté, l’ambassadeur de France à Niamey était le diplomate le plus écouté du Sahel et plus largement de la région francophone africaine du continent à l’Elysée. Emmanuel Macron était permanemment à l’écoute de Sylvain Itté, qui passait pour « l’ambassadeur des ambassadeurs » de France en Afrique, tant Sylvain Itté connaît bien l’Afrique où il est né comme par curiosité au Mali la veille des indépendances, dans les années 1959 et il a un sens aiguisé des Affaires et donc du business de la diplomatie, sans pour autant bien comprendre le aspirations irrépressible des populations africaines à la liberté, à l’affirmation de la souveraineté ou de l’indépendance.
Le Général Tiani et ses camarades ont engagé un programme de rectification des rapports de coopération franco-nigérienne depuis le début du coup d’Etat, dont la dénonciation des accords de défense et de coopération en est un acte symptomatique.
C’est pour avoir refusé d’honorer de sa présence à une invitation des nouvelles autorités que Sylvain Itté, l’ambassadeur de France à Niamey, a été déclaré persona non grata, le vendredi 25 Août 2023 et il lui a été accordé 48 heures uniquement pour quitter le territoire nigérien. Les militaires nigériens au pouvoir depuis le 26 Juillet ne comprennent pas qu’un diplomate ne daigne surtout pas répondre à une invitation quoiqu’aux allures de convocation d’un gouvernement déjà établi, quelle que soit sa nature.
Aussi, Niamey dénonce-t-il << des agissements du gouvernement français>> jugés <<contraires aux intérêts des Nigériens >> et pour lesquels le Niger a décidé de retirer l’agrément de résidence à Sylvain Itté à Niamey.
Malgré tout, comme au Burkina Faso ou comme au Mali, la dénonciation des accords de défense et de coopération militaire au Niger, ainsi que l’expulsion de l’ambassadeur en poste à Niamey par le Général Tiani et ses camarades du CNSP continuent étrangement de faire l’objet d’un déni de la réalité à Paris ! Puisque Paris déjà aveuglé ou dépassé par l’événement affirme que les putschistes n’ont pas « autorité » ni à dénoncer des Accords de défense ni à expulser un ambassadeur !
Depuis la fin de l’ère des Hubert Vidrine, Roland Dumas et de Jean Yves Le Drian, la diplomatie française n’a cessé sa dégringolade jusqu’à sa Berezina au Sahel.
La France, de la Berezina à la Djoliba !
Depuis 2020, i faut remarquer la dégringolade voire la chute de la diplomatie française en Afrique. Jadis classée comme la 3ème diplomatie mondiale après pour les États-Unis et la Chine pour son influence et son efficacité à gérer les difficiles conflits dans le monde, la France a perdu de son influence, de sa confiance vis-à-vis de ses amis et même de ses alliés Américains.
Niamey s’est aligné directement sur la voie déjà indiquée par les nouvelles autorités malienne et burkinabè. Le Sahel malgré les multiples souffrances des populations expriment en même temps des signaux d’affranchissement en dénonçant les rapports toujours coloniaux ou presque, après plus de 60 ans d’indépendance proclamé sur papier.
Le Sahel est entrain inexorablement d’échapper à la France, sous les yeux impuissants de sa diplomatie en décadence. De Conakry à Niamey, en passant par Bamako et Ouagadougou, les capitales le long du grand fleuve Djoliba bouillonnent et vibrent de toute leur fibre militante pour s’arracher à la domination française, en criant haut et fort pour dénoncer le système néocolonial français. Les populations des pays du Djoliba depuis la Guinée où le fleuve du même nom, expriment le sentiment fort de libération avec le retour des militaires au pouvoir.
MOUSSA NAGANOU