Une plongée dans l’histoire nous permet de restituer les faits afin que les citoyens nigériens soient imprégnés d’un pan essentiel de son passé historique. C’est malheureusement un fait notoire de constater que l’histoire des pays africains est méconnue des jeunes générations, qui occultent cette réalité fondamentale de la vie de toute nation qui se veut progressiste. Pour savoir où l’on va, il faut nécessairement d’abord connaître, d’où on vient.
Ainsi, le passé est désormais jeté aux oubliettes et pour la jeunesse actuelle, il ne concerne que les générations qui ont vécu réellement les faits. On assiste de nos jours, à l’éclosion d’une mentalité propre aux citoyens « hybrides », selon l’expression de l’intellectuel africain Amadou Hampaté Bâ, qui explique que la mémoire des citoyens « hybrides », n’est plus disposée à accueillir l’histoire de leur propre pays, en engendrant du coup un complexe d’infériorité favorable à d’éventuelles manipulations.
L’histoire nous révèle que tout a été initié par un référendum organisé par le Général de Gaulle, le 28 septembre 1958. Après avoir mis en place sa Vè République, la France décide de mettre un terme à l’ancienne Union française pour créer à la place de celle-ci, une communauté française, c’est à dire une association politique entre elle et les Etats de son empire colonial pour que les nouveaux «Etats jouissent de l’autonomie […], s’administrent eux mêmes et gèrent démocratiquement et librement leurs propres affaires » et ce grâce à la bravoure des africains lors de la première et la seconde guerre mondiale.
Les colonies doivent faire un choix historique entre le « oui » qui leur permettra d’appartenir à la nouvelle Communauté franco-africaine et le « non », qui implique l’indépendance immédiate.
C’est le « oui » qui l’emporte au Niger comme chez la plupart des pays francophones d’Afrique, après de multiples confrontations d’idées faisant désormais du Niger un « État membre de la communauté, qui devient « République du Niger ».
Ambassadeur de cette décision, le président Diori Hamani : « en ce monde moderne, où l’évolution suit l’accélération de l’histoire, l’élan d’émancipation s’est emparé également du Niger. […]. Nous ferons en sorte que le [pays] devienne un État libre et indépendant dans l’amitié avec la France ».
C’est ainsi que 17 pays africains dont le Niger écriront une nouvelle page de leur histoire empreinte de liberté, d’autonomie, ce qui leur permettra de se doter d’une architecture institutionnelle, d’organiser les services de l’État afin de se préparer à l’accession de l’indépendance en 1960.
Cette émancipation institutionnelle est célébrée chaque 18 décembre devenu ainsi jour férié, assorti d’un grand défilé militaire et civil organisé pour célébrer l’événement.
Après plusieurs décennies « d’émancipation institutionnelle », quel regard porter sur la gestion de la République ? Qu’avons nous fait des valeurs cardinales de la République, en l’occurrence la fraternité et le travail ? Un bilan sans complaisance s’impose à tous les nigériens quelle que soit leur appartenance sociale et politique.
Hélas, force est de constater que le bilan actuel n’est pas à la hauteur de l’espoir qu’avait suscité l’avènement de la République en 1958.
C’est fort de la « déliquescence » des repères de la République que le président Mohamed Bazoum a décidé de donner un autre élan à la République en passant par une reforme profonde du système éducatif.
Il l’exprime dans son discours à la nation en des termes clairs, « cette célébration nous donne l’occasion de faire le point sur la vie de notre nation et de nous remobiliser autour des valeurs et principes cardinaux de notre République que sont la fraternité, le travail pour la consolidation du progrès économique et social ainsi que la démocratie et l’Etat de droit ».
En effet, toute les Républiques respectables doivent être incarnées par des dirigeants à la hauteur de leurs idéaux. Elles ne doivent pas devenir une machine à « broyer » leurs citoyens, mais au contraire veiller à leur sécurité et plus précisément à leur bien être.
En réalité, dans un contexte marqué par les attaques terroristes, les priorités de l’État doivent connaître une profonde mutation, voire conduire à une révolution de mentalités citoyennes. Pour remédier à l’insécurité grandissante, le président Mohamed Bazoum a «instruit le gouvernement à tout mettre en œuvre pour combattre les acteurs de cette violence ». Tous les secteurs de la vie sociale doivent connaître des améliorations, grâce aux engagements pris par les autorités nigériennes.
Mais ces changements tant prônés par le président Mohamed Bazoum ne sauraient se réaliser sans la contribution des citoyens acquis à cette noble cause. C’est pourquoi Bazoum lance un appel pressant à l’endroit de ses compatriotes : « je vous exhorte tous, à toujours plus de patriotisme, de sacrifice, et d’engagement dans notre œuvre commune de construction nationale dans la paix, la démocratie et l’Etat de droit. Vive le Niger ! Vive la République ! Je vous remercie ».
ABOUBACAR SOUMAÏLA