La menace d’intervention militaire, un bel instrument de sursaut national au Niger !
Jamais et au grand jamais, les Nigériens n’ont obtenu une chance en or de faire acte d’unité nationale, de cohésion sociale et ce, de façon unanime, si ce n’est la menace de l’intervention militaire de la Cédéao contre la junte militaire, qui a réalisé le putsch du 26 Juillet contre le régime démocratique du président Mohamed Bazoum. Même les conséquences du terrorisme et ses corollaires de drame, de déplacés et de pertes des biens inestimables, encore moins la Covid19, cette autre épreuve terrible pour les populations nigériennes n’avaient pas réussi à faire parler les Nigériens de tous les bords politiques d’une même voix ou presque.
La politique a toujours servi à diviser les citoyens pour mieux régner sur eux, durant plus de six (6) décennies. Mais depuis que les chefs d’état-major des armées des pays membres de la Cédéao ont affirmé avoir fini de tracer les contours techniques de l’intervention militaire au Niger pour ainsi dire déloger les putschistes de Niamey et réinstaller le président Mohamed Bazoum dans son fauteuil présidentiel, le Niger vibre d’une main voix.
Les leaders politiques sont sortis de leur mutisme, de leur hibernation suicidaire pour eux et pour la nation pour enfin, lancer à la fois un message de paix profonde puisé de leur ultime conviction et d’en appeler au dépassement de soi, en indiquant l’intérêt supérieur de la nation, pour une fois dans l’histoire du pays des dix (10) sinon onze (11) présidents et chefs d’Etat que le Niger a engrangés en 63 ans d’indépendance sur papier.
Les Nigériens doivent remercier l’organisation communautaire pour leur avoir donné l’occasion de s’unir et s’harmoniser plus fortement à la notion de l’unité nationale. Même le PNDS Tarayya, principal parti au pouvoir renversé par le CNSP a relativisé sa position en expliquant que la Cédéao n’est pas contre les Nigériens mais que ses sanctions et sa menace d’intervention militaire visent à rétablir la démocratie.
Depuis la France, le Premier ministre de Mohamed Bazoum, Mahamadou Ouhoumoudou espère que l’organisation régionale n’en arrivera pas à la violence militaire. Il croit et privilégie tout de même aux vertus du dialogue inclusif et à la solution diplomatique, malgré la gravité de la situation sociopolitique liée aux inédites sanctions de la Cédéao et de l’Uémoa, dont les conséquences malheureuses sont déjà perceptibles chez le quotidien du Nigérien.
Des brigades de veille citoyenne ont été vite improvisées par des acteurs de la société civile pour veiller au grain toute la nuit du Vendredi et Samedi dans les rues de Niamey, dans une perspective de prévenir les frappes des armées de la région et de servir de canon de chair, s’il le faut, selon Moudi Moussa. Ces groupes de jeunes ont occupé les points névralgiques de la ville de Niamey pour attendre les bombes de la Cédéao des pieds fermes.
Maïkol Zodi, un autre acteur de la société civile très hostile aux armées françaises a réuni quelques jeunes autour de lui au rond-point Escadrille de Niamey. Il tient le même discours de fermeté, de mobilisation et de résistance farouche contre l’impérialisme.
Ce Dimanche 6 Août 2023, à quelques heures de la fin de l’ultimatum d’une semaine donnée à la junte militaire de Niamey pour libérer le président Mohamed Bazoum et lui rendre le pouvoir, le stade Général Seïni Kounché était plein à craquer du monde pour ainsi exprimer à la Cédéao à la fois le rejet de ses sanctions et menaces mais aussi dire le que le peuple Nigérien est uni et s’est mis débout pour fustiger, récuser et prêt à accueillir ses bombes pour les lui renvoyer aussitôt. Des membres du conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) sont venus saluer la foule avec ferveur et détermination.
D’autant que la junte a promis « une riposte immédiate » à toute attaque contre le Niger venant d’un pays membre de cette institution. « Toute attaque contre le Niger est assimilée à une déclaration de guerre contre les juntes Burkinabè, Malienne et Guinéenne », a déjà martelé un communiqué conjoint du Burkina Faso et du Mali, avec un soutien de la Guinée qui s’en était suivi et l’Algérie et le Tchad, deux autres pays frontaliers du Niger expriment leur opposition à toute intervention militaire au pays du Général Adourahmane Tiani.
MOUSSA NAGANOU