C’est encore avec la réunion du comité des chefs d’état-major des armées de la Cédéao du 17 au18 Août 2023 à Accra au Ghana que la Cédéao brandit encore et toujours la menace peu plausible de l’intervention militaire au Niger pour espérer déloger le Général Tiani et ses camarades et rétablir l’ordre constitutionnel. Le comité des chefs major des armées de la Cedeao sont convoqués à Accra, au Ghana, pour dit-on poursuivre l’activation de la force conjointe en attente, en vue de davantage brandir la menace d’intervention militaire contre la junte nigérienne, quoique inefficace. La Cedeao est bien consciente qu’elle sera incapable de gérer les conséquences fâcheuses de la frappe de sa force en attente, tout comme elle a du mal à convaincre d’abord les populations des États membres comme ses partenaires Occidentaux.
L’option militaire contre la junte nigérienne pour rétablir de force le président Mohamed Bazoum dans son fauteuil présidentiel divise fortement la communauté internationale. Unanime au départ pour une intervention militaire au Niger, la cohésion s’effrite peu à peu, à cause de la mobilisation des populations et la détermination de la junte à tourner le dos à la Cedeao et la coalition des pays qui accorde ses violons à l’organisation régionale Ouest africaine.
Les manifestations des populations nigériennes et leurs revendications visant le départ des bases militaires occidentales du pays du Général Tiani ont fini par convaincre certains partenaires comme les Américains à assouplir leur position, afin de négocier une place dans la géopolitique du Sahel qui se dessine rapidement avec l’installation de la Russie et ses forces paramilitaires sur le continent africain.
La France, le partenaire le plus contesté au Sahel et plus largement en Afrique francophone, mais qui ne veut pas quitter par la petite au Niger encore comme ce fut le cas au Burkina Faso et au Mali, a entamé également un revirement spectaculaire de sa diplomatie, en mettant de l’eau dans son vin et ce, en faveur de la médiation politique, donc le dialogue, alors même que le président Macron avait laissé sa cheffe de la diplomatie, Catherine Colona agiter l’arme de la fermeté dans le soutien total à la Cedeao pour une frappe contre la junte nigérienne, en vain.
La Cedeao, qui semble aujourd’hui avoir épuisé toutes ses cartes maitresses, en menaçant la junte nigérienne d’une imminente intervention militaire pour la dissuader à rendre le pouvoir à Mohamed Bazoum, en vain doit tirer d’abord les leçons de son comportement vis-à-vis des populations Ouest-africaines, qui ne se retrouvent dans ses décisions. D’autant qu’au Nigéria, le président en exercice de la Cedeao, Bola Ahmed Tinubu s’est déjà vu être désavoué par son propre Sénat et les populations qui partagent les mêmes réalités socioculturelles et économiques que leur voisin du Niger.
La 2ème rencontre à la va vite du comité des chefs d’état-major de la Cedeao encore prévue aujourd’hui 17 et demain 18 Août à Accra doit savoir s’harmoniser avec le Niger pour pouvoir reprendre sa place dans l’espace communautaire, en vue de contribuer à la recherche des solutions au mal prégnant. Mais si la Cedeao ne comprend pas son propre sort face aux nouvelles réalités géopolitiques, qui guettent les États de la région, elle risquera alors de passer une fois de plus à côté de la plaque et tomber dans l’obsolescence et l’incapacité à apporter des solutions adaptées au mal actuel de ses Etats membres.
D’ores et déjà, la France, les États-Unis et la Russie ont demandé de privilégier la voie du dialogue et la diplomatie. La commission paix et sécurité (CPS) de l’union africaine a été incapable de son coté de trouver une décision commune pour entériner les décisions d’intervention militaire au Niger contre la junte, ainsi que les sanctions dont les effets néfastes tiennent déjà les Nigériens. En cause, l’Afrique australe conduite par l’Afrique du Sud de Cyril Ramaphosa a bloqué aussi bien les ardeurs de sa propre dynamique d’exister que celle de la Cedeao à vouloir imposer une hégémonie à peine construite au sein de l’organisation régionale Ouest africaine. MOUSSA NAGANO